𝑪𝒉𝒂𝒑𝒊𝒕𝒓𝒆 𝟑𝟕 : 𝑴𝒂 𝑱𝒖𝒍𝒊𝒆𝒕𝒕𝒆

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(TW : Ce chapitre contient des passages de crise d'angoisse.)



« Les choses qu'on pense que l'on va perdre deviennent excessivement précieuses. On aime ceux que l'on a peur de perde »

— Jean-Louis Fournier

Romy

Woodland River, Maison de Cole
2 août, 14h37

Assise sur le lit, les genoux repliés contre ma poitrine et le menton posé contre eux, je fixe le vide. Cole a quitté la pièce il y a un moment déjà pour faire je ne sais quoi en pianotant frénétiquement sur son portable. Il m'a dit qu'il reviendrait vite, mais je m'en fiche. La même information tourne en boucle dans mon esprit.

« Natasha et moi baisons depuis le premier mois où nous nous sommes mis en couple »

C'est si évident maintenant que je le sais. Et pourtant, je n'en reviens toujours pas.

Ma mère et Jules. Ensemble. Dans le même lit.

Je grimace de dégoût.

L'image d'eux deux ensembles s'imposent subitement sur ma rétine et je clos les paupières pour tenter de refouler la foule d'émotions qui m'assaille. Pile à cet instant, Cole entre dans la chambre en rangeant son téléphone dans sa poche, une trousse de secours à la main. Il referme doucement la porte derrière lui et s'avance dans ma direction d'un pas hésitant.

Il faudrait que je nettoie tes plaies...

Voyant que je ne réagis pas, il pose la boîte à côté de moi et l'ouvre pour sortir le matériel nécessaire. Il saisit ensuite délicatement l'une des mains qui étaient enroulées autour de mes jambes et la prend dans la sienne. Il applique la compresse aseptisée sur ma paume ensanglantée et retire l'excédent d'hémoglobine. Il s'applique ensuite à bien la désinfecter et l'enroule dans une bande de gaz avant de réitérer l'opération avec la seconde.

Je ne sens même pas le désinfectant sur mes plaies. À vrai dire, j'ai l'impression d'être... vide. Est-ce que c'est possible ? Est-ce que je peux être devenue complètement vide ? Est-ce qu'ils m'ont fait souffrir au point qu'il ne reste désormais plus rien ?

Plus rien sauf cette douleur sourde qui m'enserre la poitrine...

Cole se redresse au bout de quelques minutes et range l'équipement de soin en se raclant la gorge.

Voudrais-tu... quelque chose en particulier ?

N'avoir jamais appris leur trahison.

Seulement, je me contente d'hausser légèrement les épaules en rivant mon regard sur la douillette.

Quand Kimberly et Cameron l'auront fait sortir, veux-tu que je te mette Modern Family ? Je pourrais même aller t'acheter ta crème glacée préférée et tes biscuits au chocolat, si tu veux.

J'hausse de nouveau des épaules.

Tu veux ton chien, peut-être ? Je peux aller te la chercher tout de suite, elle est juste-

As-tu des écouteurs ? Je voudrais bien écouter de la musique.

Il ouvre la bouche et j'hausse une nouvelle fois des épaules en lisant la réponse sur son visage.

C'est pas grave. Est-ce que je pourrais juste avoir Pandora alors, s'il te plaît ?

Ton chien. Oui. Une seconde. J-Je vais te le chercher.

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