𝑪𝒉𝒂𝒑𝒊𝒕𝒓𝒆 𝟏𝟐 : 𝑷𝒍𝒂𝒏 𝒊𝒎𝒑𝒓𝒐𝒗𝒊𝒔𝒆́

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« Il arrive quelquefois qu'on ait tellement besoin de croire en ses propres certitudes qu'on est dans le déni de ce qui est sous nos yeux... »

— Anonyme

Romy

Woodland River, Maison de Cole
11 juin, 14h13

Ça fait maintenant une semaine que je squatte le divan de Cole. Autrement dit, ça fait une semaine que je vie dans un profond ennui mortel. Les seuls échanges que j'ai eus avec lui étaient bien souvent brefs et glacials.

Que dis-je... Ils l'étaient toujours.

J'ai toutefois eu de nombreuses visites de la part de Cameron et de Kimberly, à mon plus grand étonnement. À chaque fois qu'ils passaient, Cameron me cuisinait un petit quelque chose pendant que Kimberly tentait de me divertir. Seulement, cela n'a pas empêché mon appétit de drastiquement chuté ces derniers jours, au même titre que mes heures de sommeil. Et que dire de mon moral... il doit bien être descendu à zéro, celui-là.

À toutes les fois où le petit couple venait me tenir compagnie, je leur réclamais Pandora. Et à toutes les fois, ils rejetaient ma demande. Il ne m'en fallait pas plus pour que je me referme sur moi-même et devienne taciturne. Parce que c'est simple, sans elle, ma vie ne fait plus de sens. C'est probablement nocif d'être aussi dépendante d'un animal, mais je préfère que ça le soit à retourner à mon existence d'avant son arrivée. Car ça, c'était tout simplement insupportable.

Les jambes et les bras croisés, j'observe d'un œil dédaigneux une annonce absolument ridicule passer à la télévision sur les brûlements d'estomac. Je ne me retiens pas de lâcher un lourd soupir d'exaspération en rejetant ma tête contre le dossier du canapé et clos les paupières.

Quand il n'y a personne, je ne fais que ça de mon temps. Regarder la télé. Et ce, depuis presqu'une semaine.

Une putain de semaine.

Je n'en reviens pas d'être ici depuis aussi longtemps. C'est complètement surréalité. Jamais en mille ans je n'aurais cru vivre pareille situation. Mais comment aurais-je seulement pu ? Tout ça est si loin de mon petit quotidien ennuyeux...

Un bruit de moteur retentit à l'extérieur et un instant s'écoule avant que je ne voie Cole passer devant l'une des fenêtres de la maison. La porte s'ouvre soudainement une seconde plus tard, le laissant entrer dans l'exigu vestibule. Il ne m'adresse pas un regard, comme à son accoutumé, et je n'y porte pas attention non plus. Ou du moins, c'est ce que je faisais avant de sentir une odeur tout à fait délicieuse se déployer dans l'air.

Cela suffit pour que je tourne vivement ma tête dans sa direction et réveiller mon estomac que je conserve presque vide. Mes yeux se posent aussitôt sur le gros sac brun qu'il tient dans l'une de ses mains pendant que je me redresse sur le sofa.

Je l'observe poser son casque de moto sur la table avant d'en faire de même avec la nourriture, mon ventre gargouillant au même moment. J'enroule par instinct mes bras autour de moi en me figeant, mes pommettes rougissant de gêne tandis que je prie pour qu'il ne m'ait pas entendu. Seulement, sa voix qui m'adresse finalement la parole suffit pour détruire tous mes espoirs.

Tu devrais manger. Tu vas finir par crever de faim à force de ne pas te nourrir.

Je ne peux m'empêcher d'être surprise face à l'absence de froideur dans son ton. Pour une fois, je dirais qu'il est presque... neutre ?

Je ne réponds rien, me contentant uniquement d'alterner mon regard entre lui et le sac de papier en silence. D'après ce que je sens, il a ramené de la poutine.

𝑩𝒓𝒊𝒔𝒆́𝒔Où les histoires vivent. Découvrez maintenant