L'écran noir se brouilla, de la neige le recouvrit et des images tremblotantes apparurent. Une main passa devant l'objectif puis elle s'écarta, révélant un vaste jardin. Une voix de femme retentit derrière la caméra.
– Venez par là les filles !
Des bruits de pas approchèrent. Deux fillettes d'environ huit ans entrèrent dans le champ. Elles étaient parfaitement identiques jusque dans leurs expressions.
– MAMAN !
– Venez montrer à papy !
– Me montrer quoi ? Dit une voix bourrue.
Les deux fillettes s'approchèrent de la caméra. Elles sourirent et dans un bel ensemble, tirèrent sur le coin de leurs bouches pour dévoiler leurs dents de lait dont une canine, la gauche, manquait à chacune. Le vieil homme rit.
– Elles perdent même leurs dents en même temps maintenant ? Dit-il. Comment je suis censé faire pour les différencier tes gamines, Setsuko ?
La femme rit à son tour et les fillettes s'exclamèrent :
– Moi, je suis Nanaka ! Dit celle de gauche.
– Et moi je suis Riko ! Dit celle de droite.
L'écran se brouilla et la neige laissa la place de nouveau aux deux petites filles. Cette fois elles avaient grandi et elles portaient toutes les deux leurs uniformes du collège.
– Les filles, venez montrer vos nouveaux uniformes à la caméra ! Dit la voix de leur mère.
Nanaka et Riko approchèrent et tournèrent sur elles-mêmes, faisant voler leurs jupes d'écolières. Setsuko reprit.
– Maintenant que vous êtes grandes, dites-moi ce que vous voulez faire plus tard ?
Les fillettes se penchèrent vers la caméra dans un même mouvement.
– Moi, dit Nanaka, je veux être un super-héros !
– Comme dans les films ? Demanda sa mère.
Nanaka hocha la tête.
– Oui ! J'aurais des super pouvoirs et je saurais voler !
– Tu sais que ça n'existe pas ? Intervint la voix de leur grand-père, plus loin.
La caméra vacilla tandis que leur mère se tournait vers lui.
– Papa ! Laisse-les rêver un peu ! S'écria-t-elle.
– Humf... répondit la voix du vieil homme.
– Je m'en fiche ! Dit Nanaka en regardant vers son grand-père. Je serai un super-héros quand même !
– On dit une super-héroïne alors, corrigea le papy dans un grommellement.
– Et toi Rikorin ? Reprit leur mère. Qu'est-ce que tu feras quand tu seras grande ?
– Moi ? Dit-elle. Comme Nana. Je serai toujours comme Nana !
L'écran redevint noir et quelques secondes plus tard, une nouvelle scène apparut. On voyait de nouveau le jardin, mais cette fois les arbustes étaient jaunis par l'hiver.
Une seule des jumelles se tenait devant l'objectif. Elle avait les cheveux lâchés et elle portait une robe noire. La caméra bougea et la scène devint floue un instant avant de redevenir nette. L'autre jumelle apparut dans le champ. Elle rejoignit sa sœur et toutes les deux se prirent la main. Elles échangèrent un regard et Nanaka prit la parole.
– Maman, dit-elle la gorge serrée, avec Rikorin on a décidé de faire cette vidéo pour toi, pour que tu la reçoives au ciel. On voulait te dire qu'on t'aime et qu'on t'aimera pour toute la vie. Ne t'en fais pas pour nous, tout ira bien. On sera sage avec papy et on travaillera bien à l'école, c'est promis.
Elle avait les traits pâles et sa main serrait fort celle de sa sœur. À ses côtés, Riko pleurait et elle essuyait son visage avec la manche de sa robe. La voix de leur grand-père les interpella.
– Les filles, qu'est-ce que vous faites ? Il faut y aller, c'est l'heure.
Un vieil homme en costume noir parut dans le champ. Il regarda la caméra, puis les jumelles.
– Allez, dit-il, il est temps d'aller dire au revoir à votre mère.
Il s'éloigna, le dos brisé par le chagrin. Les filles se regardèrent et Riko le suivit tandis que Nanaka se dirigeait vers la caméra. Elle se pencha juste devant l'objectif et murmura :
– Je prendrai soin de Rikorin maman, je te le promets, je prendrai soin d'elle.
Puis la caméra s'éteignit.
L'image trembla et Nanaka, désormais âgée de vingt ans, se tourna vers l'objectif.
– Eteins cette caméra papy ! Dit-elle en se retenant de rire. Ça n'est pas le moment.
– Et si maintenant ça n'est pas le moment, ça sera quand le moment ? Répliqua le vieil homme.
Le cadre bascula une seconde alors que le vieux monsieur changeait la caméra de main et il balaya la scène, passant sur Riko qui se tenait à l'écart. L'objectif revint sur Nanaka. Elle lissa le devant son uniforme, le dos droit, et se tourna vers la caméra.
– Quelques mots pour la postérité ? Suggéra son grand-père.
– Qu'est-ce que tu veux que je dise ? Demanda-t-elle.
– Par exemple à quel point tu es fière d'avoir été choisie pour ce programme d'échange universitaire entre l'école de police de Tokyo et l'académie militaire de West Point aux States ?
Il avait dit States avec cet accent propre aux japonais qui déformait tant les mots anglais et Nanaka rit. L'image bougea de nouveau et la caméra fit un zoom arrière, révélant le hall de l'aéroport qui les entourait. Le grand-père fit un tour sur lui-même pour filmer la scène avant de revenir aux filles. Riko s'était approchée de sa sœur.
Elle hésita une seconde puis elle lui prit la main.
– Ne pars pas Nana, l'entendit-on souffler à mi-voix. Ne pars pas s'il te plaît...
Elle ne s'était pas rendue compte que la caméra était revenue sur elles. Nanaka serra sa main dans les siennes avec le sourire.
– Ne t'en fais pas Rikorin, dit-elle. Je vais vite revenir. J'ai promis à maman que je prendrai soin de toi. Alors sois patiente, je te promets que ça ne sera pas long !
NDA : Bienvenue lectrice, lecteur sur une de mes fanfictions les plus sombres. Ici vous trouverez de la violence physique et psychologique, attention donc si vous êtes sensibles.J'espère que cette histoire vous plaira malgré tout.
Pour information, les personnages ont tous plus de 18 ans !
Bonne lecture !
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Bonten's Crimes [Mikey x OC]
Fanfiction[Terminée] ➤ En cours de publication sur Ao3 - Pouick_Pouick 𝗥𝗶𝗲𝗻 𝗻'𝗮𝘂𝗿𝗮𝗶𝘁 𝗱û 𝘀é𝗽𝗮𝗿𝗲𝗿 𝗹𝗲𝘀 𝗷𝘂𝗺𝗲𝗹𝗹𝗲𝘀 𝗧𝗮𝗱𝗮𝗻𝗼, 𝗺𝗮𝗶𝘀 𝗰'é𝘁𝗮𝗶𝘁 𝘀𝗮𝗻𝘀 𝗰𝗼𝗺𝗽𝘁𝗲𝗿 𝗹𝗲𝘀 𝗰𝗿𝗶𝗺𝗲𝘀 𝗱𝘂 𝗕𝗼𝗻𝘁𝗲𝗻. Attention présence de...