3 - Vindicte

1.4K 75 59
                                    

Nanaka sortit de l'ascenseur et elle alla jeter son sac sur son bureau, dans l'open space réservé aux inspecteurs de la police criminelle de Tokyo. Elle s'assit et posa sa main sur ses yeux.

– Rude journée ?

Elle souleva ses doigts.

– Tachibana, vit-elle.

Naoto posa une tasse de café sur un coin libre de son bureau et Nanaka se redressa.

– Merci, dit-elle.

Elle rassembla ses papiers pour les écarter de la tasse puis elle la porta à ses lèvres avec un soupir.

– Ça avance ? Lui demanda-t-il.

– Doucement, dit-elle.

Cela faisait maintenant six mois que tous les deux faisaient équipe au sein du département criminel de la police de Tokyo. Leur mission consistait à traquer les organisations qui avaient la mainmise sur la pègre et, plus précisément dans le cas de Nanaka, sur la plus secrète et sans doute la plus influente d'entre elles, le Bonten.

Elle reposa la tasse et sortit son bloc-notes de son sac.

– Les noms donnés par le dealer sont tous faux, dit-elle en consultant le compte-rendu d'interrogatoire. Tous sauf le dernier.

Naoto se pencha, sa tasse à la main, pour examiner l'écriture serrée qui recouvrait la page.

– Comment tu le sais ? Lui demanda-t-il.

– Je le sais, dit-elle. Il nous l'a sans doute donné pour essayer de nous piéger.

Elle se mordilla nerveusement le poing.

Ce qui veut dire que le Bonten est au courant de notre enquête. Pourtant je suis restée prudente.

Naoto intervint.

– Rien ne nous empêche d'aller interroger ce type malgré tout, dit-il. On peut prétexter une autre enquête en cours. Peut-être qu'il lâchera une info qui nous permettra de remonter vers les cadres de l'organisation.

Non, il ne le fera pas.

– C'est une mauvaise idée, lui dit-elle. On va juste attirer l'attention sur nous et à ce stade ce serait signer notre arrêt de mort. Mieux vaut rester discret et n'abattre nos cartes que quand nous serons sûrs de notre coup.

– Ça risque d'être long, objecta Naoto.

– Ce sera plus long, reconnut-elle, mais ce sera plus sûr. Le Bonten n'est pas le genre d'organisation que l'on peut prendre à la légère.

Les doigts de Nanaka se crispèrent sur sa tasse.

Peu m'importe combien de temps ça prendra, je les aurai... Je les aurai jusqu'aux derniers et je leur ferai payer !

Le rapport d'enquête sur la mort de Riko avait conclu à une overdose accidentelle. La perquisition effectuée dans son appartement, comme les recherches menées sur le passé de sa sœur par Naoto Tachibana, alors chargé de l'affaire, avaient confirmé la conclusion du rapport. C'était ainsi que Nanaka avait appris que Riko était l'une des strip-teaseuses les plus en vogue de Tokyo. Sous le nom de Angel, elle travaillait principalement au Yoru No Kuchi, un bar semi-clandestin de la capitale dont tout laissait à croire qu'il appartenait au Bonten.

Ce sont eux ! C'est de leur faute si ma sœur a sombré dans ce milieu, ce sont eux qui l'ont tuée ! Ils vont me le payer !

Naoto regarda sa montre.

– Ça va être l'heure, dit-il.

Nanaka vida sa tasse et elle se leva.

– Tu continues à vouloir y aller ? Dit-elle en lui emboîtant le pas en direction de l'ascenseur. Je t'ai dit que c'était une perte de temps.

– Si tu le penses, rien ne te force à venir avec moi, répliqua-t-il.

– Hmm, dit-elle simplement.

Tandis que la cabine d'ascenseur descendait en direction du parking, Nanaka lui prit des mains les clés de la voiture de service que Naoto venait de sortir.

– Hé ! Dit-il. Tu fais quoi ?

– Je préfère qu'on prenne la mienne ce soir.

– C'est quoi cette histoire ? En service on utilise une voiture de service, c'est la règle.

– La règle, la règle... Répéta-t-elle. Une petite entorse à la règle ne va pas te faire de mal.

Parvenus au niveau du parking souterrain, Nanaka remarqua deux de leurs collègues qui venaient en sens inverse.

– Vous venez chercher une voiture de service ? Leur dit-elle.

Les deux hommes se regardèrent.

– C'est ça, comment tu le sais, Tadano ? Lui demanda l'un d'eux.

Nanaka se contenta de lui lancer les clés qu'elle avait prises à Naoto.

– Cadeau, dit-elle. Ça vous évitera d'avoir à monter.

Elle n'attendit pas de réponse et se dirigea vers la partie du parking réservée aux voitures du personnel. Naoto la rejoignit en courant.

– Tu n'as pas le droit de faire ça ! Dit-il. Tu es au courant ?

– Inquiète-toi plutôt de ce gars que tu veux interroger, comment il s'appelle déjà ?

L'attitude de Naoto changea du tout au tout. C'était lui qui avait déniché ce soi-disant témoin clé qui était prêt à leur faire des révélations sur le Bonten. Naoto ne tenait plus en place depuis qu'il lui avait donné rendez-vous dans ce bar de Harajuku.

– Je n'ai pas son nom, dit-il, juste le pseudonyme qu'il utilise, Kuroi Uma.

Nanaka se tourna vers lui.

Kuroi Uma ? C'est quoi ce pseudonyme débile ? Il se croit dans une sitcom ?

(NDA : Kuroi Uma, 黒い馬, Cheval Noir)

Naoto fronça les sourcils.

– On s'en moque de comment il s'appelle, dit-il, ce qui compte c'est ce qu'il va nous apprendre.

Rien du tout.

Nanaka garda ses réflexions pour elle et elle lui ouvrit la portière passager de sa voiture.




Dix minutes plus tard, tous les deux filaient sur l'autoroute qui traversait Tokyo de part en part.

– Et si on allait manger un morceau après ? Demanda Nanaka. Tu connais un bon restaurant dans le coin ? Tu es de Shibuya je crois ?

Naoto leva les yeux vers elle.

– Tu crois vraiment que c'est le moment ? Dit-il. On s'apprête à aller interroger un homme qui pourrait devenir un témoin clé dans notre enquête et toi...

Nanaka prit la bretelle d'autoroute qui partait sur la gauche et Azabujūban et Naoto cria.

– Mais où est-ce que tu vas ? Dit-il. Shibuya c'est dans l'autre direction !

Nanaka jeta un œil dans son rétroviseur.

– Mince, désolée. On sera en retard du coup.

 On sera en retard du coup

Oups ! Cette image n'est pas conforme à nos directives de contenu. Afin de continuer la publication, veuillez la retirer ou mettre en ligne une autre image.
Bonten's Crimes [Mikey x OC]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant