Bonten's Crimes [Mikey x OC]

66 - L'avion le plus rapide du monde !

– Moi je préfère le bleu, hein Nana que le bleu c'est plus joli ?

Nanaka rouvrit les yeux. Sur la table, devant elle, se trouvait un dessin d'enfant qui représentait des personnages se tenant par la main.

– Nana ? Répéta Rikorin étonnée de ne pas avoir de réponse.

Nanaka leva les yeux. À côté d'elle, Riko la regardait, elle devait avoir tout au plus huit ou neuf ans. Nana demeura muette de stupéfaction. Ses doigts lâchèrent le crayon qu'elle tenait et elle attrapa sa sœur par le cou, la serrant furieusement contre elle.

Si c'est un rêve je ne veux pas me réveiller ! Se dit-elle.

– Nana ! Tu me fais mal ! Protesta sa cadette en se débattant.

Nanaka finit par la relâcher et son regard rencontra celui de leur mère. Le menton dans la main, Setsuko la regardait, surprise elle aussi.

– Bah alors Nana, dit-elle, qu'est-ce qui t'arrive ?

Maman... Maman...!

Nanaka sourit, un sourire radieux qui dévoila une de ses canines manquantes tandis que son cœur battait à tout volée dans sa poitrine.

– Rien, dit-elle, je suis contente, je vous aime, c'est tout !

Setsuko étouffa un petit rire.

– Nous aussi on t'aime Nana, dit-il. Bon les filles, vous ne m'avez toujours pas dit : qu'est-ce que vous voulez faire cet après-midi ?

Nanaka revint au dessin posé devant elle. Le crayon avait roulé plus loin et elle dût tendre le bras pour le reprendre. Elle se remit à dessiner, encore stupéfaite de voir sa main si minuscule.

– J'en sais rien moi maman, dit Rikorin. On fait comme tu veux.

– Mais non, dit Setsuko, on a dit que c'était vous qui décidiez aujourd'hui ! Et toi Nana, tu as une idée ?

Nanaka regarda autour d'elle. Elle ne se souvenait pas précisément de cette journée, mais elle se rappelait que lorsqu'elles étaient petites, il arrivait à leur mère de rentrer plus tôt du travail pour pouvoir faire des activités avec ses filles.

– Je ne sais pas maman, dit-elle, comme tu veux.

Puis son regard tomba sur le calendrier et ses yeux s'écarquillèrent.

– En fait si, reprit-elle, je sais...

Toutes les trois quittèrent le glacier situé dans les faubourgs de Shibuya dans lequel elles étaient allées chercher un dessert et, son cornet à la main, Nanaka marchait en tête, les yeux furetant autour d'elle.

– Nana ! Cria sa mère derrière elle. Ne va pas si loin ! Attends-nous !

Nanaka ne l'écoutait pas. C'était par ici, elle en était sûre, mais tout semblait tellement plus grand que dans son souvenir.

Soudain, elle trouva ce qu'elle cherchait et elle se mit à courir, ignorant les cris de sa mère dans son dos.

C'est ici ! Je suis certaine que c'est ici !

Elle jeta un œil à la petite montre pour enfant qu'elle portait au poignet. Il était presque quinze heures. Elle accéléra encore l'allure, lâchant sa glace qui s'écrasa sur le sol et dépassa le panneau accroché à l'entrée de la maison.

Dojo Sano, indiquait-il.

En haut des escaliers, Mikey, Haruchiyo, Baji et Senju jouaient avec le modèle réduit de concorde que Mikey avait construit de ses propres mains.

– Non, je ne vous le prête pas ! Dit-il. Il est à moi ! C'est moi qui l'ai construit ! Vous allez le casser !

Il partit en courant dans le couloir pour échapper aux trois autres, l'avion à bout de bras, et cria en imitant le bruit d'un moteur :

– Laissez passer l'avion le plus rapide du monde ! VROUUM !

Parvenus en haut des escaliers, son pied manqua la première marche. Mikey se sentit tomber sans parvenir à se retenir et ses yeux s'ouvrirent en grand. Au moment où il se retrouva suspendu dans les airs, une ombre jaillit de nulle part et le saisit à bras le corps. Elle roula avec lui jusqu'aux pieds des marches et heurta le mur dans un vacarme assourdissant qui fit sortir le grand-père du salon.

– Qu'est-ce qui se passe ? Dit le vieux monsieur. Quelqu'un s'est fait mal ?

Mikey se redressa maladroitement et il s'assit sur le sol en se frottant la tête. Devant lui, la petite fille qui l'avait rattrapé ne bougeait plus.

– Manjirō ? Reprit le grand-père. Qu'est-ce qui s'est passé ? Tu es tombé dans les escaliers ? Qui est-ce ?

En haut des marches, Haruchiyo, Baji et Senju se penchaient pour regarder en bas et même Emma parut au bout du couloir, attirée par le bruit.

– C'était quoi ce boucan ? Demanda-t-elle.

Finalement, la fillette remua. Elle se redressa à son tour et s'attrapa la tête à deux mains, une mimique de douleur sur le visage.

– Aïe ! Aïe !Aïe ! Dit-elle en tapant frénétiquement des pieds par terre. Ça fait mal ! T'es vraiment un abruti Sano ! Tu peux pas faire attention, non ?

Elle releva les yeux et son regard croisa deux prunelles noires familières. Le reste de sa phrase mourut dans sa gorge.

Mikey...

Durant une seconde, elle resta sous le choc. Puis Haruchiyo dévala les escaliers.

– Mikey ! Cria-t-il. ça va ? Tu n'as rien ! Tu aurais pu te faire super mal !

Il vint prendre Mikey par les épaules pour s'assurer qu'il n'était pas blessé et Nanaka les regarda tour à tour. Elle ne pensait plus à sa bosse.

Haru... Mikey...

Elle finit par éclater de rire. Un rire presque hystérique qui la secoua tout entière et fit perler des larmes aux coins de ses yeux sans qu'elle parvienne à les empêcher de rouler sur ses joues. Face à elle, Mikey se renfrogna.

– Pourquoi tu rigoles ? Lui dit-il. Et puis d'abord, tu es qui toi ?

Nanaka essuya ses joues. Elle se leva, épousseta ses vêtements et reprit son souffle mis à mal par la course et son fou rire. Elle lui adressa un gigantesque sourire.

– Moi ? Dit-elle. Je suis l'avion le plus rapide du monde !

Puis elle sortit comme elle était entrée, par la porte du dojo, et étendit les bras avec un bruit de moteur pour s'élancer en courant vers la rue.

– C'EST MOI L'AVION LE PLUS RAPIDE DU MONDE ! Cria-t-elle.

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Et si c'était par la fin que tout commençait... ?

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