2 - Esprits Brisés

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Debout au-dessus de la table métallique de la morgue dans la salle nue et froide, Nanaka regardait le corps de Riko étendu sous un drap blanc comme si elle ne parvenait pas à y croire.

Comment... ? Comment c'est possible ?

Ses yeux s'écarquillèrent et elle porta sa main à sa bouche avec l'impression qu'elle allait vomir. Le jeune inspecteur de police se pencha vers elle.

– Agent Tadano ? Dit-il. Est-ce que ça va ? Vous voulez sortir une minute ?

Nanaka secoua la tête, la main toujours pressée contre ses lèvres.

Pourquoi... Pourquoi est-ce que je suis allongée sur cette table ? Non... Pas moi, Rikorin.

Son souffle devint irrégulier et elle dut se retenir au bord de la table.

Pourquoi... ?

Sa vue se brouilla et Nanaka se redressa brusquement. Elle courut dans le couloir à la recherche des toilettes et l'inspecteur la suivit.

– Après l'angle du couloir, lui dit-il, sur la droite.

Nanaka se rua en avant et, une fois dans les toilettes des femmes, elle se pencha au-dessus d'une cuvette pour vomir. Des spasmes lui tordirent l'estomac durant plusieurs minutes, la laissant à genoux sur le carrelage.

Lorsqu'elle put se redresser, Nanaka gagna les lavabos et ouvrit en grand le robinet d'eau froide. Ses mains tremblaient vit-elle. Elle s'arrosa plusieurs fois le visage jusqu'à sentir la peau de ses joues s'engourdir, puis releva les yeux.

Riko la contemplait dans le miroir.

Nanaka eut un mouvement de recul et son dos alla frapper la porte des toilettes qui cogna contre le mur. Elle leva les mains et se frotta vigoureusement le visage avant de ressortir sans jeter un regard dans le miroir.




Sur le parvis de l'hôpital, Nanaka s'efforçait de reprendre le contrôle d'elle-même. Pour la première fois de sa vie, elle avait envie de fumer, elle qui n'avait jamais tenu une cigarette entre les mains.

– Qu'est-ce qui s'est passé ? Demanda-t-elle au jeune inspecteur qui la rejoignait.

Sa voix tremblait, même elle s'en aperçut.

Comment est-ce qu'il s'appelle ? Se demanda-t-elle en regardant le jeune homme. Il m'a donné son nom, mais je l'ai oublié.

– Le rapport du médecin légiste a conclu à une overdose, dit le policier. On a retrouvé de l'héroïne et de la méthamphétamine dans son appartement. Les analyses montrent que l'héroïne n'était pas pure. Elle a sans doute été coupée avec un anxiolytique pour en diminuer le coût de production. Ça coïncide avec ses symptômes selon le médecin.

Nanaka tourna le visage vers la rue, les poings serrés.

C'est des conneries, se dit-elle, Rikorin n'aurait jamais fait ça.

Vraiment ? Ajouta une petite voix amusée. Tu es bien sûre de ça ? Elle est sûre de ça la grande soeur qui a abandonné sa petite soeur pendant deux ans ?

Je ne l'ai pas abandonnée ! J'étais à l'étranger pour mes études !

L'inspecteur poursuivit.

– Votre grand-père a fait un malaise en apprenant la nouvelle. Il est resté à l'hôpital quelques jours, mais il a pu rentrer chez lui ce matin. Le médecin semblait rassuré par son état, mais je crois que vous devriez aller le voir.

Nanaka commença à tourner les talons.

– Inspecteur... Dit-elle.

Elle n'arrivait vraiment pas à se rappeler son nom.

– Tachibana, lui dit-il, Tachibana Naoto.

– Inspecteur Tachibana, dit-elle, dès que nous aurons le temps, j'aimerai que vous me disiez tout ce que vous savez sur la mort de ma sœur




Nanaka franchit le portail de l'entrée et elle s'immobilisa. Rien n'avait changé ici en deux ans, ni la cour de terre battue, ni la maison traditionnelle avec ses bardeaux polis par le temps. Même le grand pin qui s'élevait dans le jardin, à l'arrière, et surplombait le toit, était resté le même. Seule la porte du dojo était fermée désormais, son grand-père n'enseignait plus depuis longtemps.

– C'est moi, dit-elle en entrant.

Elle retira ses chaussures et rejoignit le salon. Les portes qui donnaient sur le jardin étaient grandes ouvertes malgré la fraîcheur et son grand-père était assis à la table basse, une tasse de thé posée devant lui. Il avait les mains croisées sur le plateau et le regard perdu au dehors.

– Papy, dit-elle, c'est moi, je suis rentrée.

Elle s'assit près de lui et il tourna la tête, comme au ralenti.

– Oh, Riko, dit-il, ça y est ? Tu es rentrée du travail ?

Nanaka ouvrit la bouche, mais elle la referma sans rien dire et l'attention de son grand-père revint dans le jardin.

– Je devrais tailler le houx, dit-il, il a beaucoup poussé cette année.

Nanaka resta silencieuse. Ses yeux se portèrent sur la tasse, devant son grand-père, et elle s'aperçut qu'elle était froide, elle était sûrement là depuis longtemps.

Le vieil homme reprit.

– Je me demande quand est-ce que Nanaka rentrera à la maison ? Ça fait déjà deux ans. Setsuko me dit tout le temps qu'elle n'aime pas ça quand l'une de ses filles reste loin trop longtemps. On devrait lui dire de rentrer maintenant.

– Papy je...

Nanaka commença, mais elle ne put aller plus loin. Finalement elle se tut à nouveau et le silence retomba entre eux.

Le grand-père le rompit.

– Oh, Riko, dit-il, ça y est ? Dit-il. Tu es rentrée du travail ?

Ses yeux s'égarèrent vers le jardin et il ajouta :

– Je devrais tailler le houx, il a beaucoup poussé cette année.

– Je devrais tailler le houx, il a beaucoup poussé cette année

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Bonten's Crimes [Mikey x OC]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant