22 - Lendemain de cuite

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Lorsque Nanaka se réveilla le lendemain matin, courbaturée d'avoir dormi contre la tête de lit à cause des menottes qui lui entravaient les poignets, Kakucho n'était pas là. Sano avait dû estimer qu'ils ne courraient pas le risque qu'elle mette fin à ses jours dans l'immédiat.

Elle se redressa et s'assit tant bien que mal. Son organisme avait évacué la plus grande partie des drogues, mais Nanaka savait que ça ne serait pas suffisant pour mener sa tâche à bien.

Je vais avoir besoin de bouger un peu, de faire de l'exercice. Si je loupe mon coup, il va se dire que je ne lui suis d'aucune utilité et je perdrais toute chance de l'approcher.

Elle était en train d'essayer d'évaluer son état, quand Kaku entra, une enveloppe et une assiette à la main.

– Mikey m'a dit de te donner ça, dit-il en jetant l'enveloppe sur le lit.

Nanaka l'examina tandis que son geôlier ouvrait les menottes après avoir posé l'assiette sur la table de chevet.

– C'est ce que je crois ? Dit-elle.

– Je ne sais pas, tu n'as qu'à regarder.

Une fois libre, elle saisit l'enveloppe et l'ouvrit d'un geste fébrile. Daizō Nakatoshi, lut-elle. La cinquantaine bien tassée, l'homme était chargé de gérer le réseau des revendeurs d'héroïne sur Tokyo et sa région. Il s'était rempli les poches ces derniers mois en coupant la marchandise que lui fournissait le Bonten avec de l'anxiolytique pour en augmenter artificiellement les stocks. Pour tenter de sauver sa peau, Nakatoshi s'était rendu à la police trois semaines plus tôt et, depuis, il était sous protection renforcée.

Nanaka feuilleta les pages du dossier. Elle était impressionnée. Son parcours, sa formation, ses proches, les lieux où il se rendait le plus souvent, des relevés de comptes en banque, des comptes rendus d'écoutes téléphoniques... Il ne manquait rien.

Si la police disposait d'autant d'informations, elle pourrait faire tomber toutes les pourritures de ce pays en quelques mois.

Assise en tailleur sur le lit, elle étudia le dossier sans se préoccuper de Kakucho. Ce dernier s'installa sur la chaise, dans le coin de la pièce, et il la regarda faire.

– Pense à manger, dit-il, un instant plus tard.

Nanaka releva la tête et elle remarqua l'assiette d'okayu sur le chevet.

(NDA : Okayu, bouillie de riz que l'on prépare traditionnellement au Japon pour les personnes malades)

– Merci, dit-elle.

Elle prit l'assiette et la posa sur le lit à côté d'elle. Elle continua à lire tout en mangeant.

– Je peux te poser une question ? Dit-il un quart d'heure plus tard alors qu'elle tournait les dernières pages du rapport.

– Hmm ?

– Tu vas vraiment abattre ce type à distance ?

Nanaka leva les yeux.

– Pourquoi ? Demanda-t-elle. C'est un problème ?

– Ma question c'était plutôt : tu es vraiment capable d'abattre ce type à distance ?

Elle ramena les yeux sur le dossier, le referma et ne garda en main que la photographie de Daizō Nakatoshi.

– J'ai vraiment le choix ? Répondit-elle.

Elle décroisa les jambes et posa les pieds par terre. Elle réussit à se lever plus facilement que la veille.

Je commence à reprendre des forces, c'est toujours ça.

– Je vais me laver, dit-elle en rejoignant la salle de bain, abandonnant la photo sur le lit. Est-ce que je dois laisser la porte ouverte ?

Kakucho la regarda une seconde en silence. Koko lui avait rapporté ce qu'avait dit Mikey et il secoua la tête.

– Pas besoin, dit-il.

Si le boss pensait qu'il n'y avait pas de danger pour le moment, alors il le croyait.

En passant devant lui, Nanaka s'arrêta.

– J'aurais besoin d'un endroit pour faire un peu d'exercice, dit-elle. Je veux me remettre en forme. Est-ce que vous avez ça ? Une salle de sport ou autre chose ? J'ai encore des effets secondaires dont je voudrais me débarrasser.

Elle tendit la main et Kakucho vit que ses doigts tremblaient.

– Il y a une salle de sport à l'étage en dessous, reconnut Kakucho. Je vais voir si on peut t'autoriser à y accéder.

– Très bien.

Elle le laissa pour la salle de bain et ferma la porte derrière elle.

Riko la regarda entrer depuis le miroir, au-dessus du lavabo. Nanaka posa les mains à plat sur le rebord et elle se pencha vers son reflet.

Nous sommes dans le terrier du renard... Dit la fille dans le miroir.

– Oui, répondit Nanaka dans un murmure pour ne pas être entendue de l'extérieur. Il ne reste plus qu'à poser nos pièges et ensuite...

Elle ne finit pas sa phrase. Elle regarda autour d'elle et ses yeux tombèrent sur un nécessaire à ongles au milieu duquel se dressait une lime en métal. Elle la saisit et la retourna entre ses doigts.

– Ensuite, reprit-elle, il n'y aura plus qu'à choisir le bon moment et frapper.

Nanaka n'avait jamais eu l'intention de respecter sa parole de ne pas tenter de tuer Mikey. Si une occasion se présentait, elle comptait bien la saisir.

Les ordures ne méritent aucun égard.




Quand elle sortit de la salle de bain dix minutes plus tard, Kakucho l'attendait, debout dans l'entrée, avec un autre homme.

– Tu as le droit d'aller t'entraîner, lui dit-il. Ibiki t'accompagnera. Il veillera à ce que tu ne t'éloignes pas. Tu es autorisée à aller de cette chambre à la salle de sport, pas ailleurs. Si jamais tu essaies d'aller te balader, Ibiki a le droit de faire usage de la force. Avec les deux jambes cassées tu réfléchiras peut-être à deux fois avant de lui fausser compagnie.

Nanaka regarda son nouveau chien de garde. Le terme chien lui allait parfaitement, sa tête faisait davantage penser à celle d'un bulldog qu'à celle d'un homme.

Elle hocha la tête et Kakucho sortit les menottes de sa poche. Nanaka lui tendit les mains.

Ces restrictions ne lui posaient pas de problème, elle n'avait pas l'intention d'aller se promener de toute façon.

Les mettre en confiance, se dit-elle, c'est la clé.

Kakucho les regarda s'éloigner dans le couloir, puis il partit dans la direction opposée. Il avait quelqu'un à voir.

 Il avait quelqu'un à voir

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Bonten's Crimes [Mikey x OC]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant