25 - BONTEN

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Adossé au mur, Koko contemplait la scène sans y croire.

Il vient de se passer quoi là ?

Devant lui, Mikey se redressa, abandonnant la femme à ses pieds comme si tout cela était normal. Kakucho de son côté rengaina son arme pour aller voir l'homme qui s'était effondré tandis que Sanzu tenait toujours la fille en joue d'une main tremblante.

– Il s'est passé quoi bordel ? S'écria-t-il, faisant écho aux pensées de Koko.

Kakucho leva les yeux vers eux et il alla retourner l'homme étendu au sol, une mare de sang sous lui.

– Il est mort, dit-il.

Koko s'aperçut qu'il avait la gorge tranchée pratiquement d'une oreille à l'autre et il retint un haut-le-cœur.

– Mais comment... ? Dit-il.

– Mais putain Kaku ! Cria Sanzu. C'était à toi de faire attention qu'elle trouve pas une arme ! Qu'est-ce que t'as foutu le balafré ?

Kakucho ne savait pas quoi lui répondre. Il n'avait pas la moindre idée de ce qu'elle avait utilisé pour faire ça, ni même de la façon dont elle s'y était prise.

Je ne l'ai même pas vu faire... Réalisa-t-il.

Mikey ouvrit la main et un petit outil métallique tomba sur le sol en cliquetant.

Une lime à ongles, virent-ils.




Nanaka reprit ses esprits, la mâchoire douloureuse. Elle tenta de ramener ses bras vers elle, mais elle s'aperçut que ses poignets étaient menottés à la tête de lit au-dessus de sa tête. Elle parcourut la pièce du regard. Elle était de retour dans la chambre du trente-huitième étage. Elle s'était plutôt attendue à se réveiller au sous-sol, en compagnie de Sanzu.

– Tu as de la chance, dit une voix.

Elle leva les yeux et vit Kakucho assis sur la chaise, dans un coin de la chambre.

– Le boss a demandé qu'on te ramène ici, dit-il. Je cite : Elle a un travail à faire.

Nanaka ne répondit pas.

S'il croit que je bosse pour lui, il rêve.

Elle devait quand même admettre qu'elle avait fait une erreur de calcul.

Ça n'était pas un coup de chance la première fois, se dit-elle, ce type a vraiment des réflexes surhumains.

Au moins elle en avait appris un peu plus sur ses capacités.

L'attaquer de front est inutile. Il faut que je réfléchisse. Lui et Nakatoshi... Les autres aussi, mais ces deux-là surtout, j'aurai leurs peaux.

– Ibiki est mort, reprit Kakucho. C'était un type bien. Il ne méritait pas de mourir de cette façon.

Nanaka fut tirée de ses pensées, elle le dévisagea.

Il est sérieux, là ?

– Tu faisais aussi la morale à ton ami chaque fois qu'il tuait quelqu'un pour le compte de votre organisation ? Demanda-t-elle.

– Si c'était nécessaire, oui, répondit-il. Je n'apprécie pas les morts inutiles.

Nanaka le regarda un instant en silence, puis elle éclata de rire.

– Tu es quoi ? Dit-elle des larmes de rire dans les yeux. Une espèce de bon samaritain au pays des crapules ?

Kakucho fronça les sourcils, mais il ne dit pas un mot.




Dans le courant de l'après-midi, tous les cadres du Bonten se réunirent dans le bureau de Mikey. Kakucho arriva le dernier, il avait tenu à s'assurer que Nanaka ne risquait pas de s'échapper. Quand il entra, Sanzu arpentait nerveusement la pièce sous le regard franchement amusé des frères Haitani installés sur le canapé. Derrière son bureau, Mikey paraissait absent comme à son habitude, Koko derrière son épaule. Mochi était resté debout appuyé contre une étagère et Takeomi s'était assis dans un des fauteuils. Il fumait en regardant son petit frère.

– Moi je dis refoutons-la au sous-sol ! S'exclama Sanzu. J'ai de quoi la faire tenir tranquille jusqu'à ce qu'on oublie son existence ! Elle risque pas de mourir – je ferai gaffe – et tu n'en entendras plus jamais parler Mikey !

Kakucho alla prendre place dans le second fauteuil. Pour une fois il prit la parole, il le faisait rarement.

– Je suis d'accord avec Sanzu, dit-il faisant se lever toutes les têtes en dehors de celle du boss. Cette fille est dangereuse, on ne peut pas la garder à cet étage.

Ran Haitani rit ouvertement cette fois.

– Ah ouais quand même, dit-il. On parle bien de la pute là ?

Koko le regarda, mais il ne dit rien. Lui aussi était de l'avis de Sanzu et il l'avait dit à Mikey avant la réunion. La garder à proximité lui semblait bien trop risqué.

Putain je ne l'ai même pas vu bouger, se souvint-il.

Sanzu s'immobilisa devant Ran.

– Tu sais pas de quoi tu parles connard ! Dit-il. Elle a failli buter Mikey encore une fois et tu veux qu'on lui laisse le champ libre ?

– Sanzu ferme-la.

Mikey n'avait pas élevé la voix, pourtant Sanzu s'était aussitôt figé. Le boss leva les yeux, un regard vide, mort, plus effrayant que toutes les menaces.

– Dis-moi, reprit-il, vous me servez à quoi Kaku, Koko et toi ? Trembler devant une femme ? C'est vraiment tout ce dont vous êtes capables ?

Les deux hommes se regardèrent et ne soufflèrent pas un mot.

– J'avoue, dit Ran. Vous allez faire passer le Bonten pour une organisation de flippettes avec vos conneries. Arrêtez de faire vos chochottes comme ça !

Il se redressa dans le canapé et jeta un regard à son frère à côté de lui.

– J'aimerais bien la voir en action, dit-il. Dis Kaku, tu crois qu'elle accepterait de nous faire une démonstration ?

– Je suis pas sûr que ce soit une bonne idée, Ran, murmura Koko.

– Oh allez ! Tu vas pas t'y mettre toi aussi ? S'exclama Ran. Kaku, demande-lui si elle est d'accord. Je me prêterai au jeu si elle préfère tenter sa chance avec un cadre du Bonten !

– C'est une bonne idée, reconnut Mikey.

Koko baissa les yeux vers lui, ce fut à ce moment-là qu'il comprit. Il avait vu juste, Mikey s'amusait. Un jeu du chat et de la souris macabre dans lequel le chat et la souris n'étaient pas ceux que l'on croyait.

 Un jeu du chat et de la souris macabre dans lequel le chat et la souris n'étaient pas ceux que l'on croyait

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Bonten's Crimes [Mikey x OC]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant