17 - Psychoses

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Assis dans le bureau vitré qui surplombait le salon, Mikey avait joint les mains à hauteur de son visage et il réfléchissait. Cette fille allait leur poser plus de problèmes qu'il l'avait imaginé. Au départ, il avait cru qu'elle était à la solde d'un clan yakuza. Peut-être que certains de ces types avaient fait pression sur elle, par exemple en menaçant sa famille, pour l'obliger à supprimer le boss du Bonten. Mais à présent, il devait admettre qu'il s'était trompé.

TU AS TUÉ MA PETITE SŒUR ! Lui avait-elle crié.

Ces mots revinrent frapper l'esprit de Mikey. Sur le moment, il avait réussi à cacher sa stupéfaction, mais pendant une seconde il avait revu le visage d'Emma, étendue sous un drap blanc à la morgue. Froide. Jamais il n'avait pu oublier la sensation de son corps se refroidissant sur son dos lorsqu'il l'avait portée jusqu'à l'hôpital après l'attaque de Kisaki. C'était une chose qui resterait gravée dans sa mémoire à tout jamais.

Ça ne change rien, se sermonna-t-il. Je ne peux pas la laisser faire ce qu'elle veut. Je dois l'empêcher d'agir d'une façon ou d'une autre.

C'était cependant plus facile à dire qu'à faire. En l'état actuel, il ne pouvait ni la tuer ni la libérer.

Et on ne va pas la garder ici indéfiniment, ajouta-t-il.

Il soupira et Sanzu apparut en haut des escaliers menant à son bureau.

– C'est fait Mikey, annonça-t-il en se laissant tomber dans un des fauteuils en face de lui. Pour le moment je l'ai laissée attachée, mais dans quelques jours, lorsqu'elle sera complètement stone, on pourra la détacher sans risque. Elle sera même plus capable de penser.

Il semblait fatigué, remarqua Mikey. Cette histoire le touchait lui aussi. Angel avait été plus qu'une prostituée pour lui.

Sanzu laissa sa tête retomber en arrière, les yeux fermés.

– J'arrive pas à croire qu'elle soit morte, dit-il.

Il ramena sa main sur ses yeux et se pinça l'arête du nez.

– Putain, reprit-il, pourquoi elle m'a rien dit si ça n'allait pas et puis pourquoi elle m'a jamais dit qu'elle avait une sœur jumelle ?

– Elle ne voulait sans doute pas qu'elle ait des ennuis dans son travail à cause d'elle, lui dit Mikey. Ça explique le maquillage et les perruques.

– Ouais, tu as sûrement raison, reconnut Sanzu.

Il se redressa.

– On fait quoi Mikey ? On peut pas la garder enfermée éternellement. Tôt ou tard, il va falloir qu'on trouve une solution.

– Je sais bien. Il faut que j'y réfléchisse.

Les frères Haitani et Koko firent leur apparition à la porte du bureau et Sanzu et Mikey mirent fin à leur conversation.

– Alors ? Demanda Ran une fois à l'intérieur. C'est une affaire terminée ?

– On peut pas dire ça, soupira Sanzu.

– Pour le moment elle est en bas, leur expliqua Mikey. Sanzu l'a droguée, elle ne devrait pas nous poser de problème. Mais quoi qu'il arrive, on doit la garder en vie.

– Pourquoi ça ? S'étonna Rindō.

Mikey et Sanzu échangèrent un regard. Ils se demandaient ce qu'ils pouvaient leur révéler de cette histoire.

– Contente-toi de faire ce qu'on te dit Haitani, répondit Sanzu en tournant la tête vers lui.

– Qu'est-ce qu'on va faire d'elle si on ne peut pas la tuer ? Demanda Ran.

– Je vais déjà faire en sorte qu'elle ne nous gêne pas en attendant qu'on trouve une solution, dit Sanzu.

– Est-ce qu'on sait pourquoi elle pense que Mikey a tué sa sœur ? Demanda Rindō. Tu as bien dit que l'autre avait fait une overdose non, Koko ?

– Oui, dit Koko. Mais le Bonten supervise presque toutes les ventes de stupéfiants dans la région du Kanto, elle s'est peut-être dit qu'il était indirectement responsable de sa mort. Ça ne serait pas étonnant, elle ne m'a pas semblé particulièrement équilibrée comme fille.

– Elle est complètement cinglée tu veux dire ! Rigola Rindō.

Sanzu se raidit.

– N'empêche, reprit Ran, on a eu de la chance. Heureusement que Mikey a des bons réflexes, sinon cette pute lui aurait mis une balle dans le crâne.

– LA TRAITE PAS DE PUTE ! S'exclama Sanzu.

Tous les quatre se tournèrent vers lui. Un silence traversa le bureau.

– Sanzu, reprit Koko, c'est pas Angel.

– Je sais ça ! Répondit Sanzu. C'est juste que...

Il se leva, arpenta un instant le bureau, puis il sortit sans finir sa phrase.

– Lui non plus il est pas très équilibré si tu veux mon avis, ricana Rindō.




Sanzu redescendit dans le salon et, une fois là, il se remit à faire les cent pas. Pourquoi la réflexion de Ran l'avait-elle mis en colère ? Il était bien du même avis, non ? Cette salope avait pris la place d'Angel et elle avait essayé de buter Mikey. Elle aurait mérité qu'il la descende tout de suite si ça avait été possible. Alors pourquoi ça le dérangeait tellement qu'ils parlent mal d'elle.

C'est pas Angel, se répéta-t-il. Cette fille, c'est pas Angel. Elles sont jumelles, c'est tout ! T'es con ou quoi ?

Sanzu avait fait la connaissance d'Angel un soir où il était allé se détendre au Yoru No Kuchi après une journée qu'il avait trouvé particulièrement merdique. Son show l'avait hypnotisé à un tel point qu'il était allé l'attendre devant sa loge, comme il l'avait fait ce soir. Lui qui s'était imaginé une fille vulgaire et hautaine ou, au contraire, une de ces traînées prêtes à n'importe quoi pour du fric, il avait découvert une fille gentille qui l'avait écouté raconter ses conneries toute la nuit.

Après ça, Sanzu était retourné régulièrement au bar et il avait été jusqu'à la présenter à Mikey.

Je savais rien d'elle, réalisa-t-il, même pas son nom. Si je l'avais croisée dans la rue sans son maquillage ou sa perruque, je l'aurais jamais reconnue.

Il alla s'appuyer contre la baie vitrée et il contempla la capitale en contrebas sans la voir.

Angel, pourquoi t'es morte ?

Angel, pourquoi t'es morte ?

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Bonten's Crimes [Mikey x OC]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant