Naoto Tachibana prit le volant tandis que Nanaka, à côté de lui, vérifiait le chargement de son arme de service. Rien ne disait que cela n'était pas un piège, mieux valait rester prudents, elle n'était pas restée en vie tout ce temps sans réfléchir. Naoto la regarda faire.
– C'est bien nécessaire ? Lui demanda-t-il.
– Je dois te rappeler ce qui est arrivé à deux de nos hommes hier soir ?
Naoto ne répondit pas.
Tachibana était compétent, Nanaka le reconnaissait, mais parfois il était naïf.
– La Minato Oil Company, reprit-il. Si la division financière a bien trouvé un lien entre cette société et le Bonten, on les tient.
– Oui, mais il va falloir redoubler de prudence. Si Mori a vu juste, le Bonten ne se laissera pas faire sans rien dire.
Elle jeta un œil à l'adresse qu'elle avait notée sur un bout de papier.
– Hamamatsuchō... Dit-elle. Ça te semble un bon endroit pour cacher des documents ?
Tachibana connaissait mieux la ville qu'elle.
– Tout à fait, répondit Naoto. La zone portuaire regorge d'entrepôts dans lesquels on peut louer des locaux de stockage pour une bouchée de pain. Si ton contact à la division financière a entrepris une perquisition au siège de la compagnie, rien d'étonnant à ce que les coupables aient voulu cacher les documents compromettants ailleurs.
– Je vois.
– Pourquoi tu ne m'as pas dit que tu avais passé un accord avec un inspecteur de la financière ? S'interrogea Naoto.
– Pour tout te dire, à l'origine je suis allée les trouver pour avoir des renseignements sur les moyens de procéder pour mettre à jour les magouilles financières. Ça n'est pas un domaine dans lequel je suis spécialisée. C'est Yuishi Mori qui s'est proposé de me prévenir s'il tombait sur le nom de Hajime Kokonoi lors de l'une de ses enquêtes. Honnêtement, je ne pensais pas que ça arriverait si vite.
C'était surtout ça qui la mettait mal à l'aise. Ça avait été trop rapide, ça cachait forcément quelque chose. À moins que la chance soit réellement de leur côté. Après tout, même les génies peuvent faire des erreurs. Al Capone, le mafieux américain, était bien tombé pour fraude fiscale en son temps.
(NDA : Fait véridique ! Jamais personne n'avait pu arrêter Al Capone en dépit des nombreux crimes qu'il a commis ou commandités, c'est le fisc américain qui a fini par le coincer et le mettre en prison !)
Quoi qu'il en soit, ils devraient avancer avec plus de précautions que jamais. Le Bonten ne se laisserait pas démanteler sans réagir.
L'adresse indiquée par Mori apparut et Naoto se gara. C'était un quartier industriel où se dressaient presque uniquement des entrepôts et quelques bureaux. La rue était déserte, mais trois voitures de police étaient stationnées devant la porte la plus proche.
Nanaka et Naoto descendirent de voiture et ils se dirigèrent vers le hangar en passant entre les voitures de leurs collègues. Leur présence rassura Nanaka, le Bonten ne tenterait sûrement rien ici. Par contre sur le chemin du retour ils devraient se tenir sur leur garde.
Ils franchirent la porte d'entrée et trouvèrent un agent en uniforme à l'intérieur du bureau qui faisait office de hall. Nanaka sortit son insigne.
– Où se trouve l'inspecteur Mori ? Demanda-t-elle.
L'agent lui désigna le couloir derrière lui d'un signe de tête.
– Le dernier box, dit-il. Vous ne pouvez pas le manquer.
Elle passa devant lui et Naoto la suivit. Le policier les salua.
Nanaka s'engouffra dans le couloir, Naoto sur les talons. Le bâtiment de béton brut abritait quantité de box loués à des entreprises ou des particuliers. La plupart des gens s'en servait pour entreposer des archives, mais on pouvait y remiser à peu près n'importe quoi à partir du moment où on réglait la facture.
Le bruit de leurs pas emplit le couloir silencieux et Nanaka sentit son appréhension croître sans réussir à s'expliquer pourquoi. Ils étaient entourés de policiers de la brigade financière. Pour le moment, l'endroit était sûr, sans compter que le Bonten n'était sans doute pas encore au courant de la perquisition. Alors pourquoi avait-elle l'impression qu'il y avait quelque chose qui n'allait pas ici. Elle tourna les yeux vers Naoto et réalisa alors qu'elle ne l'avait pas vu sortir sa plaque quand ils étaient entrés.
Bonne journée inspecteur Tadano, inspecteur Tachibana, avait dit le policier de l'entrée.
Tachibana n'avait pas sorti son insigne en arrivant.
Nanaka freina brusquement.
– Tachibana il faut sortir d'ici ! S'écria-t-elle. C'est un piège !
Elle fit demi-tour tout en sortant son arme de son holster et Naoto l'imita.
– Comment tu le sais ? Lui demanda-t-il en remontant le couloir au pas de course.
Ils arrivèrent en vue du bureau et Nanaka n'eut pas le temps de répondre. Le faux policier sortit son arme de service en les voyant revenir et il fit feu à deux reprises. Le corps de Naoto fut projeté en arrière et il retomba contre le mur, un trou sur le côté du front.
Nanaka recula dans l'anfractuosité formée par une porte et ouvrit le feu à son tour sans réussir à toucher l'homme qui avait tiré.
Merde ! MERDE ! Pensa-t-elle.
Elle jeta un œil du côté de Naoto, mais elle comprit rapidement qu'il était mort.
Tu ne peux plus rien pour lui, se sermonna-t-elle. Trouve plutôt un moyen de sortir d'ici !
Le dos collé à la porte, dans un renfoncement du couloir, elle guettait le policier qui s'était réfugié dans le bureau et n'entendit pas arriver le deuxième homme depuis l'autre extrémité du couloir. Quand elle perçut un mouvement du coin de l'œil, il était trop tard. Il la frappa à la tête de la crosse de son arme et Nanaka tomba.
– Putain, je t'avais dit de les garder en vie connard ! Furent les derniers mots qu'elle entendit avant de perdre connaissance.
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