19 - Désintox

842 63 32
                                    

Quelques jours plus tard, Kakucho était accroupi à côté de Nanaka avachie contre le mur de sa cellule. Il lui souleva la tête, mais son menton retomba aussitôt sur sa poitrine.

– Elle est dans les vapes Mikey, dit-il par-dessus son épaule. Elle n'entendra rien de ce que tu vas lui dire aujourd'hui.

– Je vois.

Le boss du Bonten se retourna vers la porte.

– Alors sors-la d'ici, dit-il, fais-lui prendre un bain et quand elle sera en état de m'écouter, amène-la moi. Tu peux lui parler de ce dont nous avons discuté si tu le juges utile, mais surtout ne la quitte pas des yeux.

Il sortit de la cellule et Kakucho ramena son attention sur la femme étendue à ses pieds. Il soupira. Les prochains jours allaient être pénibles.




Recroquevillée contre le mur des toilettes, Nanaka hurlait en se frottant la peau.

– Ils sont là ! Ils sont sous ma peau ! Ils rampent sous ma peau !

Les yeux exorbités et un filet de bave lui coulant à la commissure des lèvres, elle semblait ne rien voir de ce qui l'entourait. Elle ramena ses genoux contre sa poitrine, ses talons nus dérapant sur le carrelage, et commença à se griffer les bras.

– Il faut qu'ils sortent ! Répéta-t-elle. Faites-les sortir de sous ma peau !

Kakucho était assis sur une chaise, face à la porte. Il la regarda sans faire un geste. Même s'il avait déjà entendu parler des crises que traversaient les junkies en manque, c'était la première fois qu'il y assistait. Nanaka glissa au sol et elle se mit à ramper en direction de l'espace entre le mur et la cuvette des toilettes où elle se ramassa le visage déformé de terreur.

– Ne les laissez pas rentrer sous ma peau ! S'écria-t-elle. NE LES LAISSEZ PAS RENTRER SOUS MA PEAU !

Cela faisait deux jours maintenant que Kakucho l'avait ramenée dans cette chambre du trente-huitième étage du Shiodome City Center, une petite chambre d'angle pas très loin de la sienne pour qu'il puisse prendre une douche et se changer quand elle dormait, et depuis, Nanaka n'avait plus reçu une seule dose. Les effets du sevrage n'avaient pas tardé à se faire sentir. Quelques heures après être arrivée, elle avait commencé à se tordre de douleur avant de se mettre à fuir des créatures imaginaires dont certaines se trouvaient parfois dans son corps, comme aujourd'hui. Kakucho l'avait finalement enfermée dans les toilettes pour éviter qu'elle se blesse et il s'était posté devant la porte pour la surveiller.

Blottie contre le mur, les yeux dépassant à peine de la cuvette, elle avait cessé de hurler et elle le regardait à présent au travers des mèches de cheveux crasseuses qui lui tombaient sur le front. Kakucho connaissait ce regard, il se redressa en soufflant.

Nanaka s'extirpa de son réduit et elle se mit à avancer vers lui à quatre pattes.

– Je veux... Je veux... Bredouillait-elle.

Arrivée à son niveau, elle saisit la jambe de son pantalon en lui montrant son bras.

– S'il te plaît... Continua-t-elle. S'il te plaît, donne-moi... Je serai une bonne fille... Je serai gentille...

Elle tendit la main vers sa braguette et Kakucho chassa ses doigts d'une claque. Il n'avait pas besoin de chercher où elle avait appris ça. Cet enfoiré de Sanzu avait dû bien s'amuser pendant trois semaines.

– S'il te plaît... Marmonna-t-elle encore et encore en essayant de toucher son entrejambe. Je serai gentille... S'il te plaît...

Les premiers temps, Kakucho avait essayé de la raisonner, de lui parler, mais il s'était vite rendu compte que c'était peine perdue, elle ne l'entendait pas. Il n'y avait rien d'autre dans son cerveau en ce moment que le manque de drogue.

– S'il te plaît... S'il te plaît...

Finalement il lui prit les poignets dans une main pour l'immobiliser le temps qu'elle se calme et il se rassit au fond de son siège. Nanaka essaya de se dégager, mais ses mouvements étaient si gauches qu'il n'avait aucun effort à fournir pour la maintenir. Il avait même l'impression que s'il serrait un peu plus, il pourrait lui broyer les os sans peine tellement elle était maigre.

Bordel Sanzu, tu pensais qu'elle allait survivre combien de temps comme ça ?

Lui-même n'avait pas la réponse. Les drogués, ça n'était pas son rayon.

La porte s'ouvrit dans son dos. Kakucho leva la tête et il vit entrer l'aîné des Haitani.

Ran s'approcha.

– Mikey s'impatiente, dit-il, il demande où ça en est.

– Ça risque de prendre encore un moment, lui répondit Kakucho. J'ai l'impression que ces saletés lui ont bousillé le cerveau.

Ran se pencha pour regarder.

– Je vois ça, dit-il.

Nanaka se tortillait toujours au pied de Kakucho. Elle avait pris appui sur ses jambes pour se tirer en arrière, mais ses efforts n'eurent comme résultat que de la faire déraper de nouveau sur le carrelage, son geôlier, lui, ne frémit même pas.

– Tu as l'air de bien t'amuser on dirait, remarqua Ran.

– Tu te fous de ma gueule ? Tu crois que j'ai que ça à faire de jouer la baby sitter ?

Ran rigola et fit demi-tour.

– Bon je vais dire au boss qu'il va falloir attendre, dit-il. J'espère qu'il est de bonne humeur.

Il lui fit un signe de la main et ressortit. Kakucho reporta les yeux sur Nanaka qui se débattait sur le sol.

– Tu veux pas arrêter deux minutes ? Dit-il. Tu nous fatigues l'un comme l'autre.

Sans surprise, Nanaka ne leva même pas les yeux vers lui. Elle continua à tenter d'échapper à sa poigne sans y parvenir, ponctuant ses efforts de petits cris qui rappelaient plus ceux d'un animal que d'un être humain.




Finalement, trente minutes plus tard, elle s'était endormie et Kakucho put enfin souffler. Il se leva, la traîna par le poignet jusqu'aux toilettes pour la menotter au réservoir et sortit à son tour de la chambre non sans avoir verrouillé la porte. Il avait une bonne demi-heure avant qu'elle recommence son cirque. De quoi prendre une douche, se changer et manger un morceau. Ça n'était vraiment pas un cadeau que Mikey lui avait fait là. Sanzu aurait pu s'occuper lui-même de réparer ses conneries, mais ça, c'était sûrement au-dessus de ses capacités.

Kakucho commanda deux plateaux repas au restaurant qui occupait le quarante-troisième étage de la tour et il regagna sa chambre.

Elle va sans doute encore une fois tout dégueuler, mais je peux pas la laisser crever de faim.

Elle va sans doute encore une fois tout dégueuler, mais je peux pas la laisser crever de faim

Oups ! Cette image n'est pas conforme à nos directives de contenu. Afin de continuer la publication, veuillez la retirer ou mettre en ligne une autre image.
Bonten's Crimes [Mikey x OC]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant