Bonten's Crimes [Mikey x OC]

49 - Et les ténèbres se refermeront sur toi

– Ton angle d'attaque est grand ouvert Haru, dit Nanaka, ta garde est trop basse.

Sanzu grommela et releva son sabre de quelques centimètres.

Nanaka sourit.

– C'est mieux, dit-elle.

– Arrête d'essayer de me brosser dans le sens du poil, dit-il. Ça m'énerve encore plus !

Elle attaqua et il réussit à enchaîner deux parades avant de se prendre un coup de shinai qui lui engourdit le bras jusqu'à l'épaule.

(NDA : Shinai, sabre en bambou utilisé en kendo)

– Bordel de merde ! Jura-t-il en secouant son bras pour y rétablir des sensations.

Assis sur un banc de musculation, dans le fond de la salle de sport, Ran et Rindō s'esclaffèrent bruyamment. Sanzu les rejoignit en deux pas et il les menaça de son sabre.

– Vous voulez que je vous éclate la gueule tous les deux ? S'écria-t-il. Qu'est-ce que vous faites là d'ailleurs ? Vous avez rien d'autre à foutre ?

Les deux frères se regardèrent.

– Non, répondirent-ils ensemble.

Nanaka avait apporté des modifications aux cours tels que les dispensait le vieux Tadano. D'abord, Haru utilisait un véritable sabre, Nanaka ne voyait pas l'intérêt de l'entraîner avec une réplique qu'il n'utiliserait jamais. Ensuite, ni l'un ni l'autre ne portait de protections, après tout, les adversaires de Haru n'attendraient pas qu'il ait fini de s'équiper pour attaquer.

– Le jour où je te demanderai d'utiliser un shinai, lui avait-elle dit, c'est que tu seras devenu assez fort pour m'inquiéter.

– J'ai hâte que ce jour arrive ! Avait-il répondu.

– On recommence ? Dit Nanaka.

Haru se remit en position.

– Je finirai par t'avoir, tu le sais ? Dit-il.

– Je le sais, oui, dit-elle. Quel professeur ne serait pas fier de voir son élève progresser ?

Près de la porte, assis sur une pile de tapis, Mikey les regardait en mangeant un taiyaki. C'était lui qui avait insisté pour que Sanzu suive cet entraînement.

– Apprendre les bases te fera le plus grand bien, lui avait-il dit. Profites-en, tout le monde n'a pas la chance d'avoir un professeur particulier sous la main. Et puis je suis sûr que tu vas adorer ça.

Sanzu devait reconnaître que Mikey avait vu juste. Passé les premiers échanges, où il avait retenu ses coups par peur de blesser Angel, il avait commencé à apprécier ces entraînements où il donnait tout ce qu'il avait pour simplement essayer de la toucher sans se prendre de coups. Pour le moment, il finissait chacune de leur séance couvert de bleus tandis que Nanaka n'avait pas la moindre égratignure. Mais cela allait finir par changer. Sanzu se rendait bien compte qu'il anticipait ses mouvements avec de plus en plus de précision et le jour ne tarderait plus où ce serait à elle de reculer.

– Dis mon petit chat, dit Ran à la fin de l'échange suivant. Tu nous as jamais dit où tu avais appris le kendo.

– Le dojo Tadano à Roppongi, lui dit-elle, c'était mon grand-père. Il ne donne plus de cours maintenant, il est trop vieux, mais c'est lui qui nous a tout appris.

Haru finit sa bouteille d'eau, puis il la jeta sur sa serviette et revint au centre de la pièce.

– On remet ça, dit-il. Amène-toi, cette fois je vais te taillader un peu tu vas voir !

Nanaka sourit.

– Si tu arrives à me toucher, dit-elle, papy va s'échapper de la maison de retraite juste pour venir me mettre une claque.

– Un petit pari, ça te tente ?

– Je t'écoute, lui dit-elle les yeux brillants.

– Le perdant du prochain échange devra faire tout ce que lui ordonne le gagnant pendant une journée entière ! Annonça Sanzu.

– Tu m'intéresses, dit Nanaka avec un sourire féroce.

Sanzu ajouta tout de même une clause.

– Sauf tuer le boss, évidemment, dit-il.

– Évidemment, répéta-t-elle.

Il ne serait de toute façon jamais venu à l'esprit de Nanaka de demander à Haru de s'en prendre à Mikey. Il était la personne la plus importante de sa vie. C'était une chose qu'elle comprenait.

Lorsqu'ils quittèrent la salle de sport vingt minutes plus tard, Nanaka jubilait.

– Je me demande ce que je vais pouvoir faire de mon petit esclave préféré pendant toute une journée, dit-elle. Il va falloir que j'y réfléchisse avec soin. Haru, tu crois que tu pourrais avoir une journée de congé pour moi ?

Ce fut Mikey qui répondit, un sourire en coin.

– Ça devrait pouvoir s'arranger, dit-il.

Sanzu lui jeta un regard de bête blessée qui ne fit qu'accroître l'hilarité des frères Haitani et, lorsqu'ils s'éloignèrent, leurs rires résonnaient toujours dans les couloirs.

Parvenue en haut des escaliers, Nanaka repoussa la porte de sa chambre et elle laissa tomber sa serviette de sport sur son lit. Sanzu parut à la porte qu'elle avait laissé ouverte.

– Angel, dit-il, je vais prendre une douche, on se retrouve après ?

– N'oublie pas qu'on a la réunion avec les représentants de l'Inagawa Kai ce soir, lui rappela Mikey.

– Oui, je n'ai pas oublié, le rassura Sanzu, t'inquiète Mikey.

Nanaka avait saisi son téléphone et elle contemplait l'écran, les sourcils froncés.

– C'est quoi ça ? Murmura-t-elle.

Du bout du doigt, elle fit défiler le journal d'appel. Le même numéro l'avait appelé pas moins d'une dizaine de fois au cours des deux dernières heures. Elle appuya sur le bouton pour consulter sa messagerie et porta le combiné à son oreille.

– Angel ? Tout va bien ? Lui demanda Sanzu.

Le visage de Nanaka parut se vider de toute vie.

– Papy... est mort ? Dit-elle.

Le téléphone lui échappa des mains et il tomba sur le parquet avec un bruit sourd. Durant une seconde, Nanaka contempla ses doigts comme si elle n'arrivait pas à se rappeler ce qu'elle tenait en main un instant plus tôt.

Puis les ténèbres se refermèrent sur son esprit.

Elle ne distinguait plus rien. Il ne restait plus que l'obscurité.

Elle dirigea vers la porte et Sanzu l'arrêta, inquiet.

– Angel, dit-il, ça va ?

Nanaka leva vers lui un regard surpris.

– Haru ? Dit-elle. Oui, bien sûr, pourquoi ?

Puis son regard croisa celui de Mikey.

– Tout va bien, dit-elle d'un air absent. Il faut juste que Mikey meurt. Lorsqu'il sera mort, tout rentrera dans l'ordre. C'est ça, il faut juste qu'il meurt.