Bonten's Crimes [Mikey x OC]

44 - Vérités

Nanaka monta avec Kakucho, tandis que Sanzu et Mikey prenaient la Mercedes de Haru.

– C'était quoi le délire tout à l'heure ? Lui demanda Kaku.

La voiture gagna la rue, juste derrière celle de Sanzu, et Nanaka releva la tête.

– Une blague sur Koko, lui dit-elle.

– Je vois.

Nanaka revint à sa contemplation de la ville. Les bâtiments se mirent à défiler de plus en plus vite et, lorsqu'ils atteignirent l'autoroute, il n'y eut plus que les lueurs fuyantes des réverbères et celles des phares pour percer la pénombre de la nuit.

Ce soir, le Boss du Bonten devait se rendre à une rencontre arrangée par un clan mafieux qui souhaitait trouver un terrain d'entente avec le Bonten. Cette entrevue sentait le piège à plein nez, pourtant Mikey avait décidé de s'y rendre en personne. En plus de Sanzu, Kakucho et Nanaka, il emmenait avec lui plusieurs hommes de Sanzu et Kaku parmi ceux en qui ils avaient le plus confiance. Tous les quatre se trouvaient dans la voiture qui les suivait.

Autant dire qu'il sera encore plus sur ses gardes qu'au QG, se dit Nanaka.

Cette pensée la déprimait. À choisir elle aurait préféré rester en arrière, mais Mikey en avait décidé autrement. Apparemment il avait d'autres projets.

– Toujours contrariée de devoir nous accompagner ? Lui dit Kakucho.

Nanaka vit qu'il souriait.

– Ça se voit tant que ça ? Répondit-elle.

– Un peu.

Elle réfléchit.

– Dis, reprit-elle, pourquoi Mikey veut aller à ce rendez-vous alors que tout laisse à penser que c'est un traquenard ?

À côté d'elle, Kakucho garda le silence.

– C'est un secret ? Reprit-elle.

– Pas vraiment, dit-il enfin. C'est juste un peu compliqué. Tu as déjà entendu parler des Entreprises Mori ?

– Oui, dit-elle. La police pense qu'elles servent de couverture à des trafics en tout genre.

– C'est le cas, lui apprit-il. Mais c'est surtout une tête de pont de la mafia russe au Japon.

Nanaka leva vers lui un regard stupéfait.

– Tu es sérieux ?

Kakucho poursuivit.

– Leurs méthodes, comme leurs projets pour notre pays, font partie des choses qu'on ne peut pas tolérer. Mais le moins qu'on puisse dire, c'est qu'ils sont insaisissables. Ils ont tiré les leçons de la mafia chinoise, lorsqu'elle a tenté de s'introduire dans l'archipel après la seconde guerre mondiale, et jusqu'à présent personne n'a réussi à les arrêter. La preuve, même toi tu ignorais qu'ils se cachaient derrière un conglomérat japonais.

– Et le rendez-vous de ce soir, dit Nanaka, c'est en vue de former une alliance avec un clan yakuza contre eux ?

– En fait, on pense qu'ils se sont déjà fait infiltrer par les russes. La rencontre de ce soir a pour but de s'en assurer, mais aussi d'attirer les gros poissons au grand jour et peut-être de s'en débarrasser si possible. Évidemment il ne fallait pas moins que la présence de Mikey pour les convaincre de se montrer.

Nanaka jura dans un souffle.

– J'aurais aimé savoir ça avant, dit-elle.

– Tu ne fais pas partie de l'organisation, tu te souviens ? Ou bien tu es en train de me dire que tu envisages de changer de carrière ?

Elle préféra l'insulter tout bas plutôt que de répondre.

Les yeux tournés vers la nuit qui s'étendait au dehors, elle reprit.

– Je vous trouve quand même bien présomptueux, murmura-t-elle, de dire que leurs méthodes et leurs projets ne vous conviennent pas. Vous faites la même chose je te signale.

Nanaka crut que Kakucho ne l'avait pas entendu.

– Tu te trompes sur toute la ligne Tadano, dit-il enfin. Le Bonten a pour but de régner sur la pègre, c'est vrai, mais uniquement pour éviter que quelqu'un d'autre ne le fasse à notre place.

Nanaka se tourna vers lui et il poursuivit.

– Pour ma part, dit-il, je préfère savoir où sont les flingues vendus illégalement dans cette ville et qui les possède, plutôt que de faire comme les autorités et prétendre que le problème n'existe pas et que le Japon connaît zéro criminalité. Je préfère savoir quels genres de drogues sont vendues sur le marché et d'où elles viennent, plutôt que de laisser circuler des merdes comme celles qui ont tué ta sœur et je préfère savoir que les putes qu'on fait travailler sont nos employées plutôt que des esclaves.

Il tourna les yeux vers elle et conclut.

– Tu peux penser ce que tu veux, dit-il, mais si tu t'imagines que les autorités sont plus honnêtes en choisissant de fermer les yeux, alors il serait temps de revoir tes convictions.

Nanaka garda le silence. Durant un long moment, seul le grondement du moteur emplit l'habitacle.

– Il s'appelait comment, dit-elle enfin, celui qui t'a transmis ces valeurs ?

– Izana, dit-il dans un souffle. Il s'appelait Izana. C'était en quelque sorte le grand frère de Mikey, même s'ils ne se connaissaient pas vraiment. Lorsqu'il est mort, Mikey a décidé de reprendre son rêve et moi j'ai décidé de le suivre.

– Je comprends, dit-elle.

Après un instant, elle ajouta :

– Mais tu sais, tout le monde n'est pas pourri, il existe des gens bien, des gens qui ne se voilent pas la face.

– Je sais oui, reconnut-il, mais pas parmi ceux qui sont au pouvoir.

Parvenues à Yokohama, les trois voitures quittèrent l'autoroute et Sanzu se dirigea vers la vieille ville et son dédale de ruelles obscures et pittoresques à l'écart du port, Kakucho et la voiture de leurs hommes sur les talons. Arrivés au niveau d'un petit bâtiment de deux étages en briques perdu au fond d'une ruelle, ils se garèrent dans l'arrière-cour et Mikey sortit, Sanzu à ses côtés. Nanaka et Kaku les rejoignirent et les quatre hommes de mains qu'ils avaient emmenés se déployèrent dans les rues voisines.

– Kaku, dit Mikey en montrant Nanaka du menton.

Kakucho fronça les sourcils, mais il ne dit rien. Mikey se dirigea vers le bâtiment et Kakucho se tourna vers Nanaka pour lui tendre un couteau de combat rangé dans son fourreau.

– Évite de tuer le boss avec, lui dit-il.