Bonten's Crimes [Mikey x OC]

45 - Battle Royale

La rencontre était prévue dans un restaurant discret qui n'abritait que des salons privés. Les entreprises réservaient généralement dans ce genre d'endroits pour leurs repas de travail, mais, plus occasionnellement, on y rencontrait des réunions de pontes de la pègre, comme ce soir.

Mikey remonta l'étroit couloir, Sanzu sur les talons, et Kakucho et Nanaka les suivirent.

– Je fais quoi moi ici ? Souffla Nanaka en direction de Kaku.

Elle avait fixé l'étui du couteau à sa ceinture, dans son dos, et son poids la rassurait.

– Le boss te le dira lui-même le moment venu si besoin, lui répondit-il.

Nanaka grimaça. Tout cela ne lui disait rien qui vaille. Elle avait accepté de rester auprès des membres du Bonten pour avoir la possibilité de tuer Sano et voilà qu'elle se retrouvait mêlée à leurs affaires sans avoir rien à y gagner.

Quand Haru lui avait dit qu'elle les accompagnerait ce soir, au début Nanaka avait imaginé un repas de gros bonnets du crime. Elle avait pensé que, l'alcool aidant, la soirée lui offrirait peut-être l'occasion qu'elle attendait. Mais elle ne s'était pas attendue à finir au beau milieu d'un conflit de mafias internationales.

Sano, espèce de bâtard, tu t'es bien gardé de me le dire !

Devant eux, Mikey et Sanzu gagnèrent l'étage derrière une serveuse en yukata. Parvenus en haut des escaliers, Kakucho la retint par le bras.

– Reste ici, lui dit-il. Je vais inspecter les lieux.

Il s'éloigna sans attendre de réponse et Nanaka s'adossa à la cloison voisine pour continuer à pester.

La raison pour laquelle Mikey avait tenu à ce qu'elle les accompagne l'intriguait néanmoins. Il ne manquait pas d'hommes de valeur, alors pourquoi avoir insisté pour qu'elle vienne ? Il savait pourtant quel genre de risques il prenait en faisant cela.

Nanaka examina le couloir qui s'étendait autour d'elle. Sombre et étroit, il était bordé de portes qui menaient à autant de salons privés et des appliques diffusaient une lumière jaunâtre de loin en loin. Plus loin, un autre escalier menait au second étage, puis le couloir formait un angle droit et disparaissait.

Nanaka se redressa.

Cet endroit est un vrai coupe-gorge, Kaku a raison, se dit-elle, une petite reconnaissance s'impose.

Quelques instants plus tard, un groupe de quatre yakuzas gravit les escaliers à son tour et deux d'entre eux pénétrèrent dans le salon où les attendaient Mikey et Sanzu tandis que les autres demeuraient en faction dans le couloir.

Le bâtiment formait un cube, découvrit Nanaka, et, au premier comme au second étage, le couloir suivait le dessin de la bâtisse et il faisait le tour avant de revenir aux escaliers. Seul le rez-de-chaussée était différent, mais même là, l'animation était modeste.

Si nous sommes leurs seuls clients de la soirée, ça n'a rien d'étonnant.

Il semblait pourtant à Nanaka avoir entendu du bruit dans un des salons du deuxième étage.

Peut-être que les serveuses sont en train de nettoyer.

Elle se trouvait dans le couloir, près de l'entrée, lorsque les lumières s'éteignirent brusquement. Le dos contre la paroi, Nanaka se figea le temps que ses yeux s'habituent à l'obscurité.

Une coupure de courant ?

Deux coups de feu à l'étage au-dessus répondirent à sa question.

Merde...

Sans faire de bruit, elle se glissa jusqu'à la cage d'escalier en tendant la main vers son couteau et elle examina la pénombre au-dessus d'elle. Plus aucun bruit ne venait de l'étage.

Ça c'est bizarre, se dit-elle, tous ces mafieux ne peuvent pas s'empêcher de faire un boucan d'enfer à chacune de leurs opérations.

Nanaka recula vers le couloir de l'entrée, et son pied heurta quelque chose. Elle se baissa et découvrit le corps de la serveuse, avachi contre le mur, les yeux grands ouverts et la gorge tranchée.

Nanaka lui souleva le menton pour voir la plaie. Elle était nette et profonde.

Ce n'est pas un travail de yakuza, ça...

Elle se redressa, le couteau en main et scruta l'obscurité par-dessus son épaule.

C'est du travail de militaire.

Nanaka progressa avec précaution jusqu'à la porte du restaurant en faisant attention de rester dans l'ombre des éclairages de sécurité. Qui disait russe et militaire, disait Spetsnaz.

(NDA : Spetsnaz, forces d'interventions militaires russes)

Avec ma chance, se dit-elle, ça va être un ancien du KGB. C'était donc ça que tu me cachais Sano ? Militaire contre militaire ? C'était ton plan espèce d'enfoiré...?

Depuis la dissolution de la police politique russe, nombre de ses anciens officiers étaient devenus des mercenaires et offraient leurs services au plus offrant.

Tu m'étonnes que des yakuzas n'ont pas fait le poids.

Arrivée à la porte d'entrée, elle actionna la poignée. Sans surprise, elle s'aperçut que c'était verrouillé de l'extérieur.

Évidemment, j'aurais fait pareil à leur place. Pas besoin d'aller vérifier à l'arrière, ça sera la même chose.

Nanaka se tourna en direction de l'obscurité qui baignait le restaurant pour réfléchir, lorsqu'un vacarme d'armes automatiques monta de l'étage, accompagné de bris de verre. Mikey et Sanzu n'avaient que des armes de poings, ça ne pouvait pas être eux.

Nanaka se tapit dans l'ombre et résista à l'envie d'aller voir ce qui se passait en haut. L'un comme l'autre savaient se défendre. Si l'objectif de leurs adversaires était de tuer Sano, elle leur souhaitait bien du courage.

Il a la peau plus dure que vous l'imaginez, vous allez tomber sur un os, surtout avec Haru dans les parages !

De toute façon, si le boss du Bonten venait à mourir durant l'opération, ça n'était pas elle qui allait s'en plaindre.

Je vous remercierais presque de faire mon travail à ma place, si je vous pensais capable de l'éliminer.

Son couteau à la main, elle reprit sa progression dans l'ombre.

Puisque je suis là, il y a un bâtard sur lequel j'aimerais mettre la main : celui qui nous a piégé dans cette baraque digne d'un film d'horreur. Ce putain d'agent russe. Voyons un peu ce que vaut l'entraînement des Spetsnaz.