Bonten's Crimes [Mikey x OC]

5 - Desseins

Nanaka retourna s'asseoir à son bureau. Face à elle, le plateau était recouvert d'un capharnaüm ressemblant en miniature à celui de l'appartement. Partout ce n'était que des photographies, des schémas griffonnés, des bouts de rapports d'enquête, le tout constellé de post-its sur lesquels elle avait noté des idées ou parfois juste un point d'interrogation souligné plusieurs fois. À hauteur de ses yeux, la photo de Hajime Kokonoi semblait la narguer.

D'après ce qu'elle avait appris, Kokonoi – qui se faisait le plus souvent appelé Koko – n'avait aucune attache. Sa seule fidélité allait à l'argent et sa loyauté allait au plus offrant. Rares étaient ceux qui pouvaient se vanter de le connaître et parmi ceux-là, personne ne savait où le trouver. Ce type était un fantôme dont l'existence toute entière était dédiée à l'argent.

Et c'était ce qui allait le perdre.

Nanaka décrocha la courte liste punaisée en évidence sur la cloison qui la séparait du bureau de Naoto Tachibana. Le document répertoriait les quatre entreprises dont elle avait mis à jour les liens avec la pègre et plus précisément avec le Bonten.

Faire vivre une organisation de cette taille réclamait des fonds et surtout des fonds légaux. Pour cela, les criminels utilisaient le plus souvent des sociétés écrans qui leur assuraient un revenu régulier et leur permettaient de blanchir l'argent issu de leurs trafics. Si l'on réussissait à faire tomber ces entreprises toutes en même temps, on leur coupait les vivres et on les tenait.

Nanaka se passa nerveusement la main dans les cheveux et elle se gratta le crâne jusqu'au sang.

Oui, se dit-elle, sur le papier c'est simple, mais dans les faits je n'arriverai pas à faire tomber le Bonten avec juste ces quatre-là !

Les sociétés dont elle tenait la liste n'étaient que des petites compagnies. Aucune d'entre elles n'avait l'envergure pour couvrir une structure comme le Bonten.

Il me faut un gros poisson ! J'ai besoin de connaître au moins une de leur plus grosses sociétés écrans pour avoir un point de départ !

C'était là qu'intervenait le nom de Hajime Kokonoi. Nanaka était allée chercher conseil à la division financière de la police de Tokyo quelques mois plus tôt et elle avait passé un accord avec un de leurs enquêteurs. Si jamais le nom de Kokonoi apparaissait dans l'une de leurs enquêtes, elle en serait immédiatement informée.

Ensuite... ensuite je les tiendrai et je pourrais les écraser ! Je pourrais leur faire payer à tous ! Pas un ne m'échappera ! Je détruirai leurs vies comme ils ont détruit celle de ma sœur !

Sa main qui tenait la feuille de papier se mit à trembler, elle la serra de plus en plus fort, froissant le papier sans s'en apercevoir, les dents serrées.

Naoto revint s'asseoir à côté d'elle après avoir déboutonné sa veste.

– Je viens de croiser Tamashi, dit-il. Il m'a dit que les inspecteurs Koyō et Ritsu seraient sûrement chargés de l'enquête sur la mort des deux agents hier soir.

Nanaka releva la tête avec l'impression d'être tirée du sommeil.

– Je vois, dit-elle.

Cela lui importait peu. La seule chose qui occupait son esprit c'était le Bonten, coincer le Bonten, attraper ses membres les plus influents, les tenir dans creux de sa main et puis les broyer comme ils avaient broyé la vie de sa sœur. Et, une fois qu'ils seraient en miettes, piétiner ce qui resterait d'eux.

– Je ne t'ai pas demandé comment allait ton grand-père depuis la dernière fois, reprit Naoto.

L'allusion à son grand-père la dégrisa.