39 - Phase deux

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Durant tout le trajet jusqu'au bar, Sanzu n'avait pas cessé de la dévisager du coin de l'œil. C'était Angel, il n'y avait pas de doute. Il la reconnaîtrait parmi un millier de filles.

Arrête ! Essaya-t-il de se raisonner. C'est pas elle ! T'es devenu aussi con que les autres ma parole ?

En la voyant cependant, il commençait à se dire que leur plan pouvait fonctionner.

Ils n'y verront que du feu, j'en suis certain.

Parvenus à l'arrière du Yoru No Kuchi, Nanaka s'immobilisa, la main sur la poignée de la portière.

– Je te laisse la suite ? Dit-elle.

– Ouais, ouais, lui dit-il sans la regarder.

Elle sortit et il remit le contact. Nanaka regarda la voiture s'éloigner dans la ruelle, puis elle se tourna vers la porte de service du bar.

– Salut ma belle, dit Toby, le vigile, en la voyant venir vers lui. Ça fait une paie qu'on t'a pas vu dans le coin.

– Oui, dit-elle. Le boulot, tu sais ce que c'est.

Il s'écarta pour la laisser entrer et Nanaka se dirigea vers la loge des danseuses. Elle n'eut pas le temps de l'atteindre, Masaka, le gérant, arriva vers elle, affolé.

– Te voilà ! Dit-il. Dépêche-toi ! Kōkō veut te voir avant que tu y ailles !

Nanaka eut l'impression d'être revenue trois mois en arrière. Elle lui emboîta le pas sans rien dire et Masaka lui jeta des regards par-dessus son épaule.

– Où t'étais passée tout ce temps ? Lui dit-il. Kōkō était furieux, on s'en est tous pris plein la gueule. Sa danseuse phare qui disparaît encore une fois sans un mot...

– Il veut me voir pour quoi ? Le coupa-t-elle.

Quelque chose dans le ton de sa voix fit tourner les yeux au gérant. Il ramena son attention sur le couloir devant lui.

– Je sais pas, moi, ma belle, dit-il. C'est lui le boss, je me contente de faire ce qu'il me dit tu sais.

Arrivé devant le bureau, Masaka lui ouvrit et il la laissa.

Kōichiro Kōji. Si quelqu'un devait obtenir la palme du gros porc, ça serait sans doute lui. Loin devant toutes les ordures du clan Ishii.

Quoi que, ça, ça reste à vérifier.

Comme à son habitude, Kōji était installé dans son fauteuil. Sauf que, cette fois, il suait à grosses gouttes.

C'est Sanzu qui te fait cet effet-là ? Se demanda Nanaka. Ou bien c'est l'idée de te faire découper en tranches par les yakuzas ? Tu voulais jouer dans la cour des grands, non ? C'est fait.

Il lui fit signe d'approcher et Nanaka le rejoignit.

– C'est quoi ton lien avec le Bonten ? Lui demanda-t-il de but en blanc.

Nanaka le répondit pas et Kōji se passa une main nerveuse sur la bouche.

– Ils m'ont dit que tout irait bien, reprit-il, mais je veux plus revoir ce type-là, ce cinglé aux cheveux roses. Arrange-toi pour qu'il refoute plus les pieds dans mon bar. Ils ont qu'à envoyer quelqu'un d'autre. T'as qu'à le sucer pour détourner son attention, je sais pas moi.

Sanzu donc... Comprit-elle.

Elle s'approcha et s'agenouilla, le visage levé vers lui et la main posée sur son genou. Elle se passa la langue sur les lèvres et Kōji ouvrit les yeux, brusquement dégrisé.

– Ouais, dit-il, comme ça, oui...

Il la saisit par les cheveux pendant que son autre main fourrageait au niveau de sa braguette.

– T'as envie, hein ? Dit-il. Ces bâtards du Bonten t'en donnent pas assez ? T'as besoin d'un vrai mec ?

Nanaka ne répondit pas et Kōji se laissa aller dans son fauteuil avec un soupir de satisfaction.

– Oh ouais... Dit-il.

Il n'eut pas le temps de dire un mot de plus, Nanaka le mordit avec force. Le hurlement qui jaillit de la poitrine du patron de bar n'avait rien de viril et Nanaka se redressa une seconde plus tard, le sourire aux lèvres en essuyant le coin de sa bouche.

– Tu fais tes commissions toi-même connard, lui dit-elle. Et puis laisse-moi te rappeler que tu bosses pour le Bonten, faut vraiment être con pour croire que tu peux leur ordonner quoi que ce soit.

Elle se tourna vers la porte et Kōji se laissa glisser au sol, les mains recroquevillées sur ses parties. Un instant, Nanaka crut l'entendre sangloter.

– Une dernière chose, dit-elle, la prochaine fois que tu refais ça avec une de tes filles, je te la fais bouffer. Ou bien alors je peux aussi m'arranger pour qu'une d'entre elles le fasse à ma place, qui sait ?

Puis elle sortit et le laissa là, à se tordre de douleur.

De l'autre côté de la porte, Masaka avait accouru en entendant son patron crier. Il essaya de regarder par-dessus l'épaule de Nanaka tandis qu'elle sortait.

– C'était quoi ce cri ? Dit-il. Kōkō va bien ? Qu'est-ce qui se passe ?

Nanaka referma la porte et sourit.

– Monsieur Kōkō est un peu fatigué aujourd'hui, dit-elle, je crois qu'il va avoir besoin de vacances.

Elle voulut s'éloigner, mais Masaka la rattrapa.

– Il y a une voiture pour toi devant la porte de derrière, lui dit-il. Ce sont tes clients.




Une limousine était arrêtée dans la ruelle. Nanaka l'examina sur toute sa longueur, avant de se porter au niveau de la vitre arrière. La portière s'ouvrit avant qu'elle ait fait un geste et elle monta à bord. Tandis qu'elle s'installait sur les sièges en cuir, la voiture démarra et regagna l'avenue brillamment éclairée. Un homme, assis en face d'elle, la regardait.

– C'est toi la fameuse Angel ? Dit-il.

Nanaka ne répondit pas, mais elle sourit.

– J'ai beaucoup entendu parler de toi, reprit-il. Il paraît que ton show vaut le coup d'œil et pas que ton show d'ailleurs...

Il portait un costume noir à fines rayures et une grosse chevalière à la main droite. Ses manches laissaient deviner l'extrémité d'un tatouage qui devait lui couvrir les bras et, sans doute une partie du corps, et ses yeux étaient cachés par des lunettes à verres teintés.

Le cliché du yakuza, pensa Nanaka.

– Qu'est-ce qui me prouve que tu es la vraie Angel ? Lui demanda-t-il. Monsieur Ishii n'est pas n'importe qui. Je peux pas lui ramener une pute ramassée sur le trottoir...

Porc numéro deux de la soirée, se dit-elle.

Sans dire un mot, Nanaka se laissa tomber sur le sol de la voiture et rampa à quatre pattes jusqu'à lui. Le sourire du yakuza lui apprit qu'elle avait vu juste.

 Le sourire du yakuza  lui apprit qu'elle avait vu juste

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Bonten's Crimes [Mikey x OC]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant