Bonten's Crimes [Mikey x OC]

27 - Krav Maga

Ran tenta de se redresser, mais le canon froid du révolver se colla sur son front et Nanaka tira à plusieurs reprises. Dans la salle on n'entendit que le cliquetis de la détente. Le chargeur était vide.

Nanaka leva l'arme à hauteur de ses yeux et elle la regarda d'un air déçu.

– Je me disais aussi qu'il était trop léger... Souffla-t-elle pour elle-même.

Elle jeta le révolver sur le côté et ramena les yeux sur Ran Haitani qu'elle n'avait pas lâché. Autour d'eux régnait le silence.

Kakucho fronça les sourcils.

Je comprends mieux... Se dit-il. Je me disais aussi que j'avais déjà vu ces mouvements quelque part.

Ran était toujours immobilisé au sol. Il regarda un instant Nanaka d'un air surpris, puis il finit par éclater de rire.

– Putain de merde ! Dit-il. Faut que tu m'apprennes à faire ça Riko-chan ! C'est trop cool !

Nanaka ne s'était pas attendu à cette réaction. Elle écarquilla les yeux tandis que, contre le mur, les bras croisés sur la poitrine, Rindō rigolait lui aussi.

– Tu as failli te faire descendre frangin ! Dit-il. Si tu avais laissé les balles, elle t'aurait vidé le chargeur dans le crâne !

Ran souleva maladroitement la tête vers son frère.

– T'as vu ça ? Dit-il.

Kakucho vint attraper Nanaka par le coude et elle se redressa, libérant Ran.

– Tu l'as quand même échappé belle, lui dit Kaku.

– Ouais, dit Ran. Mais c'était cool, t'es pas d'accord ?

Kakucho se contenta de s'écarter avec Nanaka pour lui remettre les menottes. Une fois debout, Ran se tourna vers eux en se massant l'épaule.

– Où est-ce que tu as appris à faire ça Riko-chan ? Demanda-t-il. Ça envoie du lourd !

Koko soupira.

– Ça t'arrive de lire les rapports que je te donne ? Lui dit-il. Elle a passé deux ans dans une école militaire aux États-Unis. Et puis c'est pas Riko, mais Nanaka. Riko, c'était sa sœur.

–Ce que tu viens de voir, lui apprit Kakucho, ça s'appelle du Krav Maga. C'est une technique de combat de l'armée israélienne utilisée aussi par les marines.

– D'où tu connais ça toi ? Dit Rindō en s'approchant.

– Je m'étais renseigné il y a quelques années, quand j'étais aux côtés d'Izana, lui dit Kakucho. Mais c'est la première fois que je vois quelqu'un l'utiliser en situation réelle.

(NDA : Le Krav Maga est une méthode de corps à corps inspirée des combats de rue. Il combine de la boxe, du judo, du ju-jitsu et de la lutte. Il est connu pour la rapidité et l'efficacité de ses attaques. Dans le Krav Maga, tous les coups sont permis, y compris sous la ceinture, tout ce qui compte c'est de gagner.)

– Dis Nana-chan, reprit Ran en venant la prendre par le cou. Tu nous montreras encore ce truc, le Krav Maga ? J'ai envie d'apprendre moi aussi, t'en penses quoi Sanzu, ça te plairait pas ?

Il se tourna vers le coin de la salle où se tenait Sanzu un instant plus tôt, mais ce dernier n'était plus là. Tous se rendirent alors seulement compte de son absence.

– Il lui arrive quoi à lui ? Murmura Koko.

Sanzu s'éloigna à grands pas, le poing pressé contre les lèvres.

C'est pas Angel, se répéta-t-il. Cette fille c'est pas Angel, c'est une putain copie, elle n'a rien à voir avec l'originale !

Pourtant une partie de lui ne cessait de voir Riko chaque fois qu'il la croisait.

Depuis que Mikey avait demandé à ce qu'elle sorte de cellule avec son plan dément en tête, Sanzu faisait tout pour l'éviter.

J'aurais préféré que tu crèves Angel ! Tout plutôt que ça !

Puis il se rappela qu'elle était déjà morte et il pressa encore l'allure.

J'ai besoin d'un verre, se dit-il. Non, en fait j'ai besoin de quelque chose de plus fort.

Il regagna sa chambre et il s'y enferma, le dos appuyé contre le battant. Les mains posées sur les yeux, il s'efforça de chasser les images qui se pressaient dans son esprit et surtout la première de toute, celle de la réponse de Nanaka lorsque Ran lui avait demandé son nom quelques minutes plus tôt.

– Riko. Riko Tadano, avait-elle dit.

Elle se fout de ma gueule ou quoi ? Non... non, elle le pensait réellement. À ce moment-là, elle était persuadée d'être sa sœur.

– Putain de merde ! Cria-t-il.

Son poing s'abattit contre le battant de la porte et il cogna encore et encore. Finalement, il s'en décolla pour aller chercher les cachets qu'il gardait toujours pour des cas comme celui-ci. Il se servit un verre de cognac et avala le tout ensemble.

Faut que j'oublie, se dit-il, je veux plus y penser. Je veux oublier.

Nanaka remonta le couloir en silence, Kakucho à ses côtés.

– Tu vas vraiment leur montrer comment tu te bats ? Lui demanda-t-il arrivés à mi-chemin.

– Hmm ?

Il fallut une seconde à Nanaka pour comprendre de quoi il parlait. De son côté, elle était occupée à essayer de trouver un moyen d'identifier les deux hommes qui lui étaient inconnus.

Et trouver comment tuer Sano... Tuer Sano... Tuer Sano...

L'idée tournait en boucle dans sa tête.

– Je ne sais pas, répondit-elle enfin. Pourquoi ?

– Pour rien...

Les Haitani s'étaient bien amusés un peu plus tôt dans la salle de sport, ils n'étaient vraiment pas fait comme tout le monde ces deux-là.

Pour Kakucho, il ne faisait aucun doute que Ran, et sans doute son frère aussi, avait déjà repéré quelques-uns des mouvements de Nanaka et qu'ils cherchaient comment lui faire mordre la poussière la prochaine fois.

Toi aussi, lui fit remarquer sa conscience, toi aussi tu n'en as pas perdu une miette, ne te raconte pas d'histoire.

Oui, il devait le reconnaître. Ce combat l'avait fasciné et il aimerait en voir plus.

Et peut-être même essayer de me frotter à elle, ajouta-t-il pour lui-même. ça ne doit pas être loin de se frotter à Mikey.

L'excitation de l'affrontement, le goût du risque, tout cela lui faisait battre le cœur à toute allure.

En fait, tu es aussi cinglé que les frangins, réalisa-t-il.

Ils arrivèrent en vue de sa chambre et Kakucho lui ouvrit la porte.

– C'est demain après-midi que Nakatoshi doit quitter le tribunal, dit-il. Tu es prête ?

Nanaka le regarda comme si la réponse à sa question tombait sous le sens. Elle lui tendit les mains pour qu'il lui retire les menottes et rentra dans la chambre sans ajouter un mot.