10 - Résolution

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Une semaine après l'entrevue avec Hanemiya, Nanaka démissionna. Son poste dans la police ne lui serait plus d'aucune utilité, elle savait tout ce qu'elle avait à savoir.

En sortant du bâtiment, elle croisa Naoto Tachibana qui rentrait. Il vint vers elle en courant.

– Tadano ! S'écria-t-il. C'est vrai cette histoire ? Tu démissionnes ? Pourquoi tu ne m'as rien dit ?

– Je n'ai pas eu le temps de te prévenir, lui dit-elle. La santé de mon grand-père s'est dégradée et je veux m'occuper de lui.

Nanaka avait opté pour ce demi-mensonge afin de ne pas attirer l'attention, elle ne savait toujours pas dans quelle mesure le Bonten avait la mainmise sur la police et elle ne voulait courir aucun risque maintenant qu'elle était plus proche de son but qu'elle ne l'avait jamais été. Sans compter que si quelqu'un faisait des recherches, il s'apercevrait que c'était simplement la vérité. La maison de retraite l'avait appelée quelques semaines plus tôt pour la prévenir que le vieil homme déclinait. Nanaka était passée le voir et elle avait signé des papiers pour modifier son traitement. Le médecin qu'elle avait vu n'avait cependant pas beaucoup d'espoir. La mort de Riko avait été le coup fatal pour lui.

Ils vont payer pour ça aussi... Ils vont payer pour tout !

– Je comprends, répondit Naoto. Dans ce cas n'oublie pas que si tu as besoin de quoi que ce soit tu peux m'appeler, d'accord ?

Nanaka ne l'écoutait plus, tout son esprit était tendu désormais vers un seul objectif. Écraser Sano Manjirō.

Lorsqu'on veut tuer un serpent, on lui coupe la tête et la tête du Bonten, c'est Sano.

– Oui, bien sûr, merci, répondit-elle machinalement.

En quittant le quartier de Kasumigaseki, Nanaka prit un taxi pour le nord de Tokyo et l'arrondissement d'Arakawa.

Ces derniers mois, une chose était devenue claire pour elle. Jamais elle ne pourrait arrêter Sano par des moyens légaux. Quelle que soit la méthode employée, les hommes comme lui trouvaient toujours un moyen d'échapper à la prison.

Non, pour s'en débarrasser il fallait adopter une tactique plus radicale.

L'arrondissement d'Arakawa qui s'étendait le long du fleuve était l'un des plus pauvres de Tokyo. On pouvait y trouver à peu près tout ce qu'on voulait pour peu que l'on sache à qui s'adresser. Nanaka avait profité de ses contacts parmi les informateurs de la police pour se faire recommander un revendeur d'armes.

Le vieux Dazai était un monument parmi les criminels de la capitale. Depuis bientôt soixante ans, il fournissait des armes de tous calibres aux malfaiteurs et pourtant jamais la police n'avait réussi à l'arrêter. Il y avait une raison simple à cela, Dazai Ojiro n'effectuait aucune de ses transactions lui-même. Il s'était bâti au fil des années un réseau de subordonnés qui se chargeaient de conclure ses affaires pour lui tandis que Dazai se contentait de tirer les ficelles, comme une araignée au centre de sa toile.

Le taxi la déposa devant la gare de Minami-Senju et Nanaka termina la route à pied. Le petit restaurant mal famé où elle avait rendez-vous se trouvait dans l'une des nombreuses ruelles du vieux Tokyo. L'endroit était sale et puant et les seules personnes attablées n'avaient de clients que le nom. Ils la dévisagèrent sans retenue tandis que le restaurateur la conduisait dans l'arrière boutique où un homme à l'épaisse bedaine était occupé à s'essuyer les mains dans un chiffon crasseux.

– Vous avez ce que je vous ai demandé ? Lui dit-elle une fois que la porte fut refermée derrière elle.

– Oui, mais ça n'a pas été sans mal.

Bonten's Crimes [Mikey x OC]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant