43 - Camaraderie

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Nanaka était assise en tailleur sur son lit.

Non... Se dit-elle, ça ne marchera pas. Pas contre Sano. Je dois trouver quelque chose de plus efficace.

Elle se redressa et se gratta vigoureusement le crâne des deux mains.

– Aaah ! ça m'énerve, je ne trouve pas !

Elle avait beau retourner le problème dans tous les sens, elle n'arrivait pas à imaginer le moyen d'éliminer Sano Manjirō à coup sûr.

Ce type à des réflexes de malade et, même drogué, il arrive encore à se défendre. Il me faudrait au moins une arme pour espérer le descendre, mais personne ne me laissera en avoir une ici, sans compter tous ses sbires qui traînent constamment autour de lui !

Elle se laissa retomber contre son oreiller et contempla pensivement le plafond.

Peut-être que je devrais mourir ? Se dit-elle. À défaut de pouvoir le tuer lui, je pourrais me tuer moi. Ça serait sûrement plus simple, surtout depuis que leur surveillance s'est relâchée. Je devrais arriver à m'ouvrir les veines, peut-être avec un morceau de verre, ou bien alors je pourrais voler de la javel à la femme de ménage, si je la bois je mourrai à coup sûr... Ensuite, je n'aurais qu'à recommencer. Il ne pourrait pas m'échapper cette fois, pas avec tout ce que je sais... Si je me suicidais maintenant, je pourrais en finir avec toute cette histoire...

Mais Nanaka n'arrivait pas à s'y résigner. À chaque fois que cette idée lui traversait l'esprit, elle revoyait le regard paniqué que Haru lui avait lancé, en haut du building, et sa gorge se serrait. Cette détresse, elle la connaissait.

Finalement, elle repoussa cette alternative dans un coin de sa tête et se redressa en entendant vibrer son vieux portable qu'elle avait récupéré avec ses affaires.

Une pub, vit-elle en le balançant sur sa table de chevet.

Un coup à la porte lui fit lever les yeux. Avant qu'elle ait ouvert la bouche, Sanzu était entré. Il laissa échapper un soupir las et il vint se vautrer sur son lit, sa tête ramenée sur le ventre de Nanaka.

– Dure journée ? Lui dit-elle en lui passant la main dans les cheveux.

Il roula sur le dos et ramena son bras en travers de ses yeux.

– Dure ? Une journée merdique oui ! Répondit-il. Koko me casse les couilles ! Tu sais pas ce qu'il m'a inventé cette fois ?

Depuis qu'il lui avait sauvé la vie ce soir-là, au sommet du Shinjuku Mitsui Building, Haru était devenu spécial à ses yeux.

Ou bien il l'a toujours été, je ne sais plus...

Nanaka fronça les sourcils pour essayer de se rappeler sans y parvenir.

Toujours est-il que, désormais, il passait deux ou trois fois par semaine, comme là, juste pour se blottir près d'elle et lui raconter ses journées. Nanaka se contentait de l'écouter le plus souvent, mais elle devait avouer que sa présence lui plaisait. Comme s'il lui avait manqué lui aussi.

– Cet abruti, lui dit Sanzu, veut que je lui fournisse les factures d'entretien de TOUTES les voitures ! Il pense qu'on s'est fait escroquer une poignée de yens par le garagiste !

Nanaka étouffa un rire et Haru souleva son bras.

– Ça te fait rigoler... Remarqua-t-il.

Elle pinça les lèvres pour s'empêcher de rire et secoua la tête. Sanzu la regarda en silence durant une seconde, puis il se retourna et se mit à la chatouiller, lui arrachant un cri de surprise. Nanaka rampa sur le lit pour lui échapper en riant à gorge déployée.

– Arrête ! S'écria-t-elle en s'étouffant entre deux éclats de rire. Arrête Haru ! C'est bon ! Je ne le ferai plus !

– Je vais t'en donner des raisons de te marrer moi ! Dit-il.

Lorsqu'ils se redressèrent, à bout de souffle, Nanaka avait les joues rouges et le cœur qui tambourinait dans la poitrine. Elle se rassit contre son oreiller et Sanzu reposa la tête sur son ventre.

– Ce connard me fait vraiment chier parfois, reprit-il. il croit que j'ai que ça à faire sérieux ?

Nanaka recommença à passer machinalement la main dans ses cheveux.

– C'est Koko, lui dit-elle, si les rues étaient pavées de bites en or, il marcherait sur le cul.

Le temps parut suspendre son cours dans la chambre, puis tous les deux furent pris d'un fou rire si violent qu'il les secoua sans leur laisser la possibilité de respirer.

– Mais putain...! Dit Haru. Oh merde, la réplique ! J'en peux plus ! Je vais mourir !

À côté de lui, Nanaka riait aussi sans réussir à reprendre son souffle. Chaque fois qu'elle pensait réussir à reprendre sa respiration, son regard croisait celui de Haru et leur fou rire reprenait de plus belle.

Une voix à la porte restée entrouverte leur fit lever les yeux.

– On peut savoir ce qui se passe ? Demanda Kakucho appuyé contre le montant. On vous entend rigoler depuis le couloir.

Sanzu s'assit sur le bord du lit en essuyant des larmes de rire tandis que Nanaka se tenait toujours les côtes derrière lui. Kakucho se redressa en souriant, contaminé par leur bonne humeur.

– Allez, dépêchez-vous, dit-il, on va être en retard.

Il regagna le couloir sans attendre de réponse. Il préférait les voir comme ça, même si le revirement à tous deux avait été plutôt soudain. Tout valait mieux que de les voir chercher à s'entretuer.

Nanaka et Sanzu le rattrapèrent à mi-chemin du hall et Nanaka enfila sa veste.

– Vous deux, dit-elle, je comprends pourquoi vous devez y aller. Mais pourquoi moi ?

Sanzu lui passa le bras autour du cou.

– Parce que Mikey l'a demandé, lui dit-il. Il a l'air de penser qu'on pourrait avoir besoin de tes talents.

Nanaka baissa les yeux et réfléchit.

– Et pas question d'essayer de le buter, reprit Sanzu, comme s'il lisait dans ses pensées. T'es ma pote, mais je t'ai à l'œil !

Au bout du couloir, deux hommes de Sanzu l'attendaient devant l'ascenseur et l'un d'eux lui tendit son manteau. Mikey parut une seconde plus tard en haut des escaliers et Nanaka fronça aussitôt les sourcils.

Cette mission ne lui plaisait pas. Assurer la sécurité du boss, ça n'était pas son boulot. Mais la soirée lui offrirait peut-être l'occasion qu'elle cherchait. Son regard croisa celui de Mikey et elle sut qu'il savait exactement à quoi elle pensait. Il esquissa un sourire en lui laissant voir le révolver qu'il portait à la poitrine, avant de se diriger vers l'ascenseur.

– Allons-y, dit-il.

– Allons-y, dit-il

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Bonten's Crimes [Mikey x OC]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant