— Comment tu vas, ma Lilou ?
Sur le pas de la porte, Aimée serra sa meilleure amie dans ses bras.
— Oh, tu sais, comme un samedi sans madeleine.
— Je vois... Mais j'ai pris des chips et du guacamole !
Un sourire se dessina sur le visage de Lila.
— Alors t'as le droit de rentrer.
Elles s'installèrent sur le canapé moelleux du salon, en calant leur dos à l'aide des coussins colorés. Sans attendre, Aimée révéla ce qu'elle avait entendu le soir du réveillon.
— Je suis désolée de ne pas t'en avoir parlé, j'avais pas envie que tu te fasses des films pour rien. En plus, tu passais une super soirée, se justifia-t-elle.
— Je me serai fait des films, effectivement. Mais à juste titre !
— Pas forcément. Il avait l'air catégorique quand il disait que c'était fini entre eux.
— Il a peut-être changé d'avis entre temps ? C'est Inès que Madame Bertin a vue à l'épicerie, c'est certain. Ou alors, le mec a plusieurs vies et se tapent des dizaines de filles, tout en flirtant avec moi à ses heures perdues ! se lamenta Lila.
— Mais non, arrête d'être drama ! Et pour que moi, je te dise ça, c'est que t'es over drama !
— Ou alors, c'est une nouvelle venue dans sa vie, genre son grand amour rencontré il y a trois jours, soupira Lila comme si elle n'avait rien entendue.
Elle n'arrivait même pas à en vouloir à Aimée de lui avoir caché la conversation téléphonique de Johan. Connaître quelqu'un sur le bout des doigts, c'est aussi savoir comment la préserver. Si elle avait été au courant tout de suite, elle aurait passé la soirée à fuir Johan et aucun rapprochement n'aurait eu lieu. Mais était-ce bien la peine de se rapprocher si c'était pour se prendre la vérité en pleine face quelques jours plus tard ?
— J'ai une autre théorie, décréta Aimée. Inès est une harceleuse notoire et elle est venue emmerder Johan jusqu'ici. Il faut juste comprendre s'il éprouve quelque chose pour elle, et sur ce point, il n'y a que lui qui puisse te répondre.
— Si Mamie Potins l'a prise pour sa copine, il ne devait pas avoir l'air très en colère ! railla Lila.
— Je sais pas pourquoi, mais, moi, je crois en lui. Laisse-lui au moins l'occasion de s'expliquer et tu verras bien.
— Il va encore baratiner que les relations ne sont pas pour lui, que ce n'est pas ce que je crois et me répéter ce qu'il m'a dit par texto. Les menteurs, j'ai assez donné, tu crois pas ?
Aimée haussa les épaules. Ce n'était pas son genre de plaider la cause masculine, et encore moins de chercher à comprendre quand quelqu'un était en faute. Raphaël n'avait pas eu droit à tant d'égards. Alors si elle insistait autant pour clarifier la situation, ce n'était sûrement pas pour rien. Lila chassa ses pensées d'un mouvement de tête et poursuivit :
— C'est pas grave. Je vais digérer l'info et je vais me comporter comme si rien n'avait changé. À la différence que je ne le laisserai plus approcher sa bouche de la mienne à moins d'un mètre ! J'avais bien dit que trouver quelqu'un au village était une mauvaise idée.
— Si j'étais toi, je percerais l'abcès sans attendre. De toute façon, tu vas bien finir par le croiser. Va faire quelques courses, tu verras bien s'il cherche à avoir une conversation sérieuse ou pas.
Lila se contenta d'opiner, le regard dans le vide. Depuis une semaine, elle évitait de passer devant l'Épicerie Gourmande autant que possible, tâche loin d'être aisée. Plusieurs fois, son cœur avait bondi à la vue de la voiture de Johan. Mais le pire, c'était que sa présence lui manquait. Elle s'en était rendu compte en regardant un reportage sur l'Écosse. Un jour, Johan lui avait confié qu'il rêvait de faire un road trip pour explorer les Lochs et les châteaux. Instinctivement, Lila avait voulu lui envoyer un message, mais elle s'était abstenue.
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Tu as pris ton temps
RomanceEn faisant sa tournée habituelle à travers les rues étroites du village, Lila, infirmière à domicile, rend visite à Arlette Guichard, veuve d'un patient décédé. En plein tri dans sa grande maison, Arlette se fait une joie de partager ses souvenirs d...