Chapitre 17 - Le fil s'enroule

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Au réveil, Lila se précipita pour ouvrir les volets. Toute la semaine, Johan avait surveillé les prévisions météorologiques et l'avait tenu informée de leur évolution. À chaque texto, elle avait cru qu'il voulait annuler leur plan, alors que c'était sa façon à lui de maintenir le contact. Malgré le sourire que lui apportaient ces messages, les réponses de Lila s'étaient toutes montrées distantes et détachées. Hors de question qu'il pense être pardonné pour ses mensonges !

Malheureusement, mars et ses giboulées semblaient s'être ligués contre eux. De gros nuages s'amoncelaient sur les sommets qui entouraient la vallée, tachant de noir le ciel limpide de l'aube. L'annulation de Johan n'allait pas tarder.

Elle claqua les volets et se remit dans le noir, sous la couette. Même si elle ne voyait pas Johan, au moins elle pourrait profiter de ce rare jour de repos pour traîner au lit. Mais le repos fut de courte durée. Sans surprise, elle reçut un appel de Johan.

— Tu dors toujours ? demanda-t-il, bien plus réveillé qu'elle.

— Non, mais vu le temps, je me suis réfugiée au chaud.

— Je t'appelais pour ça. Je crois que c'est officiellement mort...

— Ouais... Pas envie de me retrouver dans un orage...

— Oui, dommage.

— Dommage, tu ne trouveras pas le trésor aujourd'hui.

— Je pensais plutôt dommage, j'avais envie de te voir.

Lila se redressa contre la tête de lit. Il voulait la voir, elle voulait des réponses.

— On peut se voir à la maison si tu veux ? proposa-t-elle. Avec toutes les fois où tu as cuisiné pour moi, je te dois bien un déjeuner.

Johan éclata de rire et fit mine d'hésiter quelques secondes avant de répondre :

— Je serai là vers midi. J'amène le dessert !

Dans les pensées de Lila, ce fut la débandade. Heureusement, pour le repas, elle avait une petite idée derrière la tête, mais pour le reste... Elle avait une heure et demie pour se doucher et ranger la maison. Elle abattit les tâches les unes après les autres avec méthode. Après un coup de propre, elle dressa la table, préchauffa le four, et fila sous la douche. Les minutes défilèrent à une vitesse folle, mais tout était en place lorsque son téléphone émit une nouvelle sonnerie.

De : Johan

J'arrive !

Une montée d'adrénaline lui serra le cœur. Elle consulta une dernière fois le miroir, arrangea ses mèches blondes derrière ses oreilles et y ajouta de petites boucles en argent. Il frappa à la porte quelques instants plus tard. Elle fit un dernier tour pour contrôler que rien ne détonnait et se dirigea vers l'entrée.

En lui ouvrant, elle ne put retenir son sourire. Il lui tendait un emballage renfermant un dessert, et affichait, sous la capuche de son Kway, une moue d'excuse à tomber.

— Entre !

Il essuya ses chaussures sur le paillasson et s'avança vers le séjour, retrouvant le canapé qui l'avait accueilli quelques semaines plus tôt. Lila rangea le dessert au frais et resta les bras croisés devant le plan de travail.

— Tu veux boire quelque chose ? proposa-t-elle. J'ai du vin ou de la bière.

— Oui, je veux bien un verre de vin, merci.

Elle se concentrait pour agir le plus naturellement possible, bien que le fait que Johan soit tranquillement installé dans son salon la rende nerveuse. Elle l'invita à s'assoir, tandis qu'elle sortait deux verres à pied offerts par Aimée lorsqu'elle avait emménagé au village. "Si tu reçois quelqu'un, tu ne peux pas le servir dans un verre de la cantine !"

Tu as pris ton tempsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant