Prologue;

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Novembre 2020.

High School Leesburg, Virginie.

    Je rêvasse comme à mon habitude, le coude en appui sur la table, ma main soutenant ma tête devenue bien trop lourde. La journée est interminable et actuellement, j'aimerais pouvoir retrouver mon lit. Je pense à tout et à rien, je pourrais écouter le cours mais je n'en ai aucune envie ou alors aucune motivation. Mes paupières se ferment toutes seules à mesure que la fatigue m'emporte. Lorsque soudain la main de Monsieur Fitz s'abat sur la table, me provoquant un sursaut.

    — Je ne vous dérange pas, Mademoiselle Robbins ?

    Gênée et honteuse... Ce n'est pas vraiment mon genre de m'endormir en cours. En général, il me faut un bon moment avant que Morphée ne m'accueille dans ses bras et ça, même quand je suis sur un bon matelas. La fête d'hier s'est terminée à une heure pas possible. Je n'ai même pas eu le temps de retrouver mon lit, qu'il a fallu que je prenne une douche bien chaude afin de vite filer en direction du lycée.

    Les soirées chez Campbell sont les meilleures et les plus monstrueuses de toute la ville, tout le monde en parle et tout le lycée y est convié. Ses parents ne sont jamais là et sa maison est assez grande pour contenir tous les élèves. En général, la police vient écourter la fête, mais pas hier. J'imagine pas la tête de Maria actuellement. En fait, si. Elle a sûrement mis ses lunettes Dior sur son nez, évitant à tous de remarquer sa gueule de bois. Pour ma part, j'ai opté pour un sweat-shirt XXL et sa capuche qui me permet de dissimuler mon visage fatigué en enveloppant l'intégralité de mon crâne.

    — Pardon, Monsieur, j'articule d'une voix presque inaudible.

    Avec Maria, nous sommes en dernière année et nous avons toujours été dans la même classe, toutefois cette année a été l'exception. Cela ne veut pas dire pour autant que l'on ne se côtoie plus. Bien au contraire, elle m'attend devant ma salle de classe à chaque pause et nous passons le temps dont nous disposons ensemble. Dans quelques mois, nous partons pour Liberty. L'université est devenue notre sujet de conversation principal. Le campus, les chambres résidentielles, les footballeurs qui nous feront sûrement craquer...

    Nous rêvons de ça depuis toutes petites.

    La sonnerie résonne dans mes tympans, je prends le temps de ranger mes affaires, j'ai l'impression de fonctionner au ralenti. Je sors de classe, Maria m'attend devant la porte, appuyée contre le mur, ses lunettes de soleil sur le nez et sa main sur ses tempes, les massant frénétiquement. Je la rejoins, sans un mot, un léger sourire en coin.

    Bon... D'habitude, on se saute dessus, prêtes à nous raconter les potins de la matinée, car dans ce lycée, ce n'est pas ce qu'il manque. C'est un nid à ragots et pour des commères comme nous, ce lieu ressemble à notre paradis. Cependant, la fête d'hier nous a mises à plat et nous ne prenons pas la peine de nous dire bonjour.

    Nous marchons dans les couloirs bien trop bruyants et à chaque cri ou claquement de casier, nos visages se crispent. Notre ouïe est comme surdéveloppée et tout ce que nous entendons est démultiplié.

    J'inspire profondément, heureusement que nous allons éviter la cafétéria, cet endroit ressemble à un véritable capharnaüm pour nos oreilles actuellement, et puis... nous avons notre endroit favori pour notre pause du midi.

    Les gradins du terrain de football.

    Nous y passons toutes nos pauses déjeuner. Au début, la cause était mon petit crush pour un garçon de l'équipe. Je n'osais pas l'aborder, alors Maria a eu cette merveilleuse idée. À présent, ils sont tous devenus nos amis et nous les regardons s'entrainer, même si pour être honnêtes, nous ne comprenons absolument rien aux règles et discutons des nouvelles du jour.

Décembre 2020.

    — Une glace au melon. Tu ne peux pas être comme tout le monde et aimer la glace à la vanille ?

    Bizarre. Maria n'est absolument pas du genre à rentrer dans des cases. Je fronce les sourcils.

    — Essayer d'être comme tout le monde, ce n'est pas mon truc, ni l'tien d'ailleurs, je lui rappelle.

    Elle me sourit d'un air approbateur puis se met à applaudir fièrement. Je roule des yeux quand je comprends qu'elle me testait. Maria a toujours été l'extravertie et moi, l'introvertie de notre duo. Elle m'a aidé à changer les choses, à vaincre ma timidité, ne plus être obnubilée par l'approbation des gens.

    — Bien contente que tu ne sois plus en couple avec Tyler. Ce mec est un naze, il cachait bien son jeu. Si on ne l'avait pas pris en flagrant délit dans cette voiture avec son ex... T'imagines ? Tu serais encore avec lui, déclare Maria.

    Je rigole, tout en mangeant ma glace au melon et nous continuons à discuter pendant des heures, posées sur notre banquette habituelle de « La fée des glaces ».

    La fête de fin d'année approche rapidement, au grand bonheur de Maria. Le réveillon du Nouvel An est sa fête préférée depuis toute petite. Nous l'avons toujours célébré en famille à Los Angeles, mais l'an dernier, nous l'avons fêté avec nos amis. En Virginie.

    Depuis le premier décembre, Maria ne cesse de me parler de cette soirée, de comment elle va s'habiller, même si je sais qu'à la dernière minute, elle changera d'avis. C'est notre sujet de conversation principal, toutefois je n'ose pas lui avouer que je n'ai pas envie d'y aller cette année. Voir Tyler avec son ex, enfin... sa copine... Non merci. Très peu pour moi. Je préfère rester devant ma série avec mon Blédichef et ma glace au melon.

    Mais je sais que ça lui ferait de la peine, nous avons toujours fêté le Nouvel An ensemble...

1er janvier 2021

    — Maria ? je l'appelle, tandis que j'ouvre la porte de sa chambre.

    — Non ! Non ! Maria, putain ! Maria !

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