Shine together

𝐁𝐫𝐢𝐬𝐞́𝐞

Aujourd'hui c'est enfin le grand jour, Keylan revient après plusieurs semaines d'absence. Mon cœur bat la chamade d'excitation, mais ma petite voix intérieure me dit de ne pas me faire de faux espoirs, de me préparer à ce qu'il puisse se passer quelque chose. Je choisis d'ignorer cette voix pour l'instant, préférant me concentrer sur l'attente de l'arrivée de Keylan. Je me retrouve dans le salon principal avec mes amis, tous impatients de le revoir. On discute, on rit, mais mon esprit est ailleurs. Mon regard se perd souvent par la fenêtre, guettant le moindre signe de son arrivée.

Finalement, on entend des bruits de moteurs qui se rapprochent, le cœur battant, je sais que c'est lui. Les secondes paraissent des heures, mais enfin, les portes s'ouvrent et Keylan apparaît. Mon cœur fait un bond dans ma poitrine à sa vue, mais je ne veux pas lui sauter dessus devant tout le monde, alors je reste assise, essayant de garder mon calme.

Lorsqu'il entre dans le salon, le sourire sur mon visage s'efface instantanément. J'observe les autres se précipiter pour le prendre dans leurs bras, mais je reste assise, incapable de bouger. Est-ce que je suis la seule à le remarquer ? À remarquer qu'il ne va pas bien ? Qu'il n'a pas l'air heureux d'être revenu ? Son regard croise le mien, et j'y lis une lueur de tristesse, de préoccupation. Je sens mon cœur se serrer, mais je me retiens de réagir devant tout le monde. Finalement, je me lève à mon tour, feignant l'enthousiasme, et je le serre aussi fort que possible dans mes bras.

Mais je sens qu'il ne fait pas d'effort pour me serrer en retour, et cela me fend le cœur. J'essaie de ne pas le montrer, de me convaincre qu'il est simplement fatigué de son voyage. D'ailleurs, c'est ce qu'il dit quelques minutes plus tard, avant de se rendre à l'étage.

Pendant toute la soirée, j'essaie de ne pas penser à ce que j'ai vu dans son regard. Je me dis que je me fais des idées, que tout va bien se passer. Mais cette petite voix intérieure, elle ne se tait pas. Elle continue de me murmurer que quelque chose ne va pas. Alors, après que tout le monde est parti se coucher, je me décide à aller le voir. Je monte les escaliers doucement, priant pour que cette impression soit fausse. Je frappe à la porte de sa chambre, et j'entends un léger « entre ». Je pousse doucement la porte et le trouve assis sur son lit, les yeux perdus dans le vide. Mon cœur se serre à nouveau, mais je m'approche et m'assois à ses côtés.

— Ça va ? lui demandé-je doucement.

Il me regarde un instant avant de soupirer.

— Oui, je suis juste un peu fatigué. Le voyage a été éprouvant.

Je souris légèrement, voulant lui montrer que je suis là pour lui.

— Tu sais que tu peux compter sur moi, n'est-ce pas ? Quoi qu'il se passe, je suis là.

Il acquiesce doucement, mais je sens qu'il ne me dit pas tout. Il a toujours été comme ça, gardant ses préoccupations pour lui. Mais j'espère qu'avec le temps, il finira par me faire confiance et se confier à moi. On discute encore un peu, et je réussis à lui arracher quelques sourires. Mais je sens qu'il garde une part de lui-même fermée, protégée. Je décide de ne pas insister pour l'instant, de lui laisser le temps de se réadapter à la vie ici, après son long voyage.

Je m'allonge aux côtés de Keylan, contente, mais ce sentiment disparaît rapidement alors que je sens un profond malaise m'envahir. Il ne me prend pas dans ses bras, comme il le faisait avant. Au lieu de cela, il me tourne le dos, comme si quelque chose le préoccupait au plus haut point. Mon cœur se serre douloureusement, et des larmes silencieuses glissent sur mon visage.

Je suis perdue dans mes pensées, me demandant pourquoi Keylan est si distant avec moi. Ai-je fait quelque chose de mal ? Ai-je dit quelque chose qui l'a blessé ? Ou peut-être qu'il regrette d'être revenu, et qu'il veut s'éloigner de moi ? Toutes ces questions tourbillonnent dans ma tête, et je n'ai pas les réponses. J'aimerais tellement qu'il me dise ce qui ne va pas, qu'il me laisse entrer dans son cœur, comme je l'ai fait pour lui. Mais il garde tout pour lui, comme toujours.