Un cri strident sortit d'entre les lèvres de Sielle lorsque le corps de son frère s'écroula au sol. Des larmes percèrent ses défenses, tandis que sa poigne frémissait autour de son Magnergie. Sielle voulait tirer, mettre à terre celle qui avait osé occire Lascan. Pourtant, elle n'y arriva pas. Ses tremblements prirent de l'ampleur, embrassant la totalité de son corps lorsque Milléïs et Draval, hypnotisés par la dépouille de leur camarade, la retinrent d'avancer.
Comment Laliza avait-elle pu faire une telle chose ?
Même s'ils n'avaient jamais été en bons termes avec lui, le sacrifice de Lascan les touchait profondément. Il était le premier mort qu'ils voyaient de leurs propres yeux ; c'était traumatisant et effrayant, comme un sentiment d'impuissance et de chagrin. Il ne méritait pas ça. Personne ne le méritait, pas même Laliza ou ces Contestataires qui assistaient à la scène, un air satisfait au visage. Maintenue par Milléïs, l'héritière hurla :
— Non ! Pourquoi ?
— Un coup dans la poitrine, ça résout beaucoup de problèmes. Je lui avais pourtant bien dit de mettre un gilet. Vous, en revanche, ce sera dans la tête... Pour être sûre.
Laliza fit une enjambée dans leur direction, son arme fumante à la main. Sielle se pressa contre l'épaule d'une Milléïs dont les yeux brillaient de haine, alors que Draval se dressa devant elles, prêt à tirer ou à être le suivant sur la liste noire de Laliza.
Or, lorsque celle-ci marcha à côté du corps de Lascan, un mouvement frénétique l'agrippa aux chevilles et la fit goûter aux lattes poussiéreuses. Au fond du couloir, Gédéus eut un soubresaut et partit se cacher derrière Barthélise et Jobal. Dans sa chute, Laliza échappa son Magnergie qui glissa jusqu'aux pieds de Milléïs. Draval écarquilla de grands yeux surpris et Sielle, elle, remonta des paupières humides lorsqu'une masse inattendue se releva.
Avec un sourire égaré dans ses pleurs, elle cria avec joie :
— Lascan !
En effet, Lascan était vivant et en pleine santé. Seule une grimace déformait ses traits de granite, due à la douleur du coup qui s'était heurté contre sa cage thoracique. Cela lui faisait l'effet d'un boulet de canon brûlant encastré dans les os. Avec un rictus de consolation, Lascan souleva son haut d'uniforme et montra son abdomen. Il portait un gilet de protection estampillé d'un impact de balle.
Sielle réalisa alors que les conseils lui avaient fait un électrochoc. Sa raison avait pris le contrôle sur son orgueil familial et elle ne pouvait qu'être fière de lui. S'ils n'étaient pas cerclés par la situation, elle lui aurait sauté au cou. Son index virulent pointé vers lui, Milléïs l'engueula sans scrupule.
— Je n'y crois pas, Lockspear ! C'était quoi cette mascarade ? Tu nous as fait peur !
— La mort, c'est pour les pauvres. Mais ne perdons pas de temps en palabres, ramasse son Magnergie, Gazergray ! lui somma-t-il, parfaitement remis.
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𝐌𝐈𝐋𝐋𝐄𝐈𝐒 𝐆𝐀𝐙𝐄𝐑𝐆𝐑𝐀𝐘, T1 : La Voie des Défenseurs
FantasyArchipel d'Enkkorag, 1877. Dans un monde où les engrenages côtoient les énergies solaires et les cités homériques, Milléïs évolue. Dès son plus jeune âge, elle nourrit une ambition : protéger les autres, servir la justice et lutter contre le mal. Dr...