1. Ce qu'il faut savoir de la Propagation

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Une âme n'est qu'une goutte dans l'océan, qu'une flamme parmi le feu, qu'un souffle au chœur du vent. Pour être en harmonie avec tous et dans tout, il te faut renoncer à toi-même, et renoncer à tes âmes. Tu es de passage, sur cette Rive. Tout comme les âmes que tu accompagnes. Tout est éphémère, et rien ne compte moins que toi-même.

Livre premier des Ecrits Fondateurs, sixième poème : « Le renoncement ».




Après six jours de fermeture et de repos général, le Stikos rouvre ses portes.

Pour fêter cette entrée dans les nouveaux cycles, une réception est organisée, en cette veille du retour au lieu de savoir, chez nul autre que Mééphis Oxamouar.

Et pour des raisons qui me dépassent encore, je suis visiblement invitée. A en croire le carton épais aux reliures dorées qu'on a déposé dans la boîte aux lettres de Néhala, au bâtiment des apprenants où elle loge.

Le servant d'Oxamouar est passé par mon amie, ignorant clairement où l'on peut me joindre. Et pour cause, la rive entière ignore encore que j'occupe le manoir Sayag avec mon oncle.

Ce que je trouve ignoble dans cette démarche, c'est que le carton n'est adressé qu'à moi. Néha n'est bien évidemment pas conviée. J'ai droit de m'y rendre soit par hommage aux bals que ma propre mère organisait, soit parce que je suis la major des seconds cycles. Quoi qu'il en soit, mon amie, elle, devra rester dans son dortoir d'apprenante, pendant que je supporterai les grossières démonstrations de civilité chez un nom fondateur.

Elle y gagne, à mon avis.

Je comptais d'ailleurs refuser poliment, mais James a insisté, soulevant l'importance de m'intégrer au mieux à l'élite.

— Et s'il y a Irina Boltz parmi les convives ?

— Très peu de chance. C'est déjà étonnant qu'elle se soit montrée à la Célébration. Mais...Si c'est le cas : tu t'en vas.

Me voici donc, la nuit tombée, devant la demeure de Méephis Oxamouar. Située sur la première colline des quartier Nord, elle est outrancièrement grande, entretenue, voyante. Si la Rive n'était pas encore au courant que la lignée des Oxamouar détenait un patrimoine aussi imposant qu'un continent annexe entier, leur demeure se chargera de lui rappeler.

Deux tours imitant l'architecture du Stikos, bien plus petites évidemment, mais le clin d'œil est à relever. Un vaste jardin aux arbres sans feuilles en cette saisons, mais qui doit être sublime au paroxysme du printemps, un portail d'or, un perron plus loin, qu'il faut aborder avant de pouvoir passer deux portes faites de fer et de verre.

Ce soir, elles sont ouvertes, et un servant, en leur seuil, accueille avec révérence tous les heureux invités, dont je fais malheureusement partie.

Il porte la tenue traditionnel, une tunique rouge et un chapeau plat qui lui affaisse le visage. Un panneau retient mon attention, au bas de la porte de droite : « Avérés, regardez vos obligés ».

Bien. Ce soir, donc, dans sa grande mansuétude, Méephis Oxamouar brise les codes et propose aux Haut-placés de nous regarder dans les yeux. Quelle générosité. C'est bien une démarche digne de la Propagation, ça. Nous faire croire que nous sommes égaux sous son toit.

Je dépose mon carton dans la main du servant, puis pénètre le hall. Je suis le bruit de la réception pour me guider, tournant à un couloir et accédant finalement au grand salon des Oxamouar.

La Troisième Rive [ROMANTAISY]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant