Chapitre 3 - Partie 2

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S'éclater ? C'était les mots de Glen. J'espérais qu'il s'amuse au moins autant que Rylan que j'avais cherché partout après avoir perdu mon meilleur ami lorsque la musique avait doublé de volume. Le soleil couché, le ciel violacé avait cédé sa place au voile obscure d'une nuit d'été à la lune croissante. Le jardin étincelait de luminaires en forme de boule, posés ça et là dans l'herbe, miroirs des étoiles absentes du ciel d'Asheville. La piscine n'avait jamais été aussi peuplée, les corps autant dénudés. Il faisait une chaleur étouffante à l'intérieur. Pas assez pour mon amie que j'avais retrouvée suspendu aux lèvres d'une jolie blonde à la jupe courte. Une autre raison pour lesquelles je ne raffolais pas des soirées étudiantes : elles finissaient toujours soit par l'arrivée de la police pour tapage nocturne, soit en orgie.

L'alcool désinhibait, facilitait les rencontres, les contacts, les lâchés prises. La drogue aussi. Je m'efforçai d'ignorer les quelques pilules que j'avais vu passer. Une fille m'en avait même proposé une, avant de se moquer de la tête que je tirais. D'après elle, ce n'était qu'une aide pour se détendre, pas une arme à feu braquée sur ma tempe. J'avais refusé et m'étais littéralement enfui à la recherche de Rylan ou Glen pour me sauver. J'étais tombé en premier sur Rylan et depuis, j'attendais qu'elle finisse ses affaires avec cette fille qui tenait à peine sur ses jambes.

Quand enfin elle la laissa filer, je me dépêchai vers elle, de peur de la perdre à nouveau. Elle sursauta à mon contact puis sourit de toutes ses dents.

— Lee ! T'étais où ? J't'ai pas vu depuis des heures.

— Tu semblais occupée.

Son sourire joyeux se transforma en sourire concupiscent. Je me raclai la gorge et observai les alentours, vérifiant que la belle blonde ne soit plus là. Rylan me donna un coup d'épaule avant de pouffer. Elle semblait avoir un peu bu et pas qu'aux lèvres de cette inconnue. Elle me parlant, sans que je n'entende un mot. Impatiente, elle me traina derrière elle.

Nous montâmes le large escalier de l'entrée, pénétrant au premier étage, moins peuplé que le rez-de-chaussée. La musique diminua d'intensité, soulageant mes tympans. Je suivis Rylan qui ouvrit plusieurs portes aux hasards. Elle jeta son dévolu sur une salle de bains qu'elle referma derrière nous. C'était la première fois depuis le début de la soirée que je me retrouvais seul avec Rylan ou Glen. La pièce était immense, comme tout dans cette baraque. Une baignoire d'angle envahissait le coin gauche, une grande fenêtre donnant sur le jardin à sa droite, une douche à l'italienne dans l'autre coin, un lavabo à double vasque et de la tuyauterie en cuivre. Tout était élégant, rangé, comme si personne ne prenait de douche ici. Rylan ouvrit la fenêtre et s'adossa contre le bord. Elle tira un briquet de sa poche, ainsi qu'une feuille roulée. Entre ses lèvres, elle alluma son joint. Je l'observai dans ce décor insolite où elle faisait tache avec sa salopette en jean, les bretelles pendantes à ses hanches, son tee-shirt d'un groupe de métal qu'elle adorait et ses grosses Doc Martens. Il n'y avait ni élégance ni raffinerie dans son look. Mais il lui ressemblait et c'était le principal.

Elle tira sur son joint, inspira profondément avant de recracher une fumée blanche. Elle me le tendit et je déclinai d'un geste de la main.

— Tu t'amuses au moins ?

Tout dépendait de ce qu'on appelait « s'amuser ». Mais très sincèrement, non. Je ne trouvais pas d'intérêt à être là. Je n'aimais pas danser, ne demandais pas d'interaction sociale exacerbée, et ne trouvais aucun amusement à me bourrer la gueule. Fumer, me défoncer ou aller draguer non plus.

Pour toute réponse, je haussai les épaules. Rylan tira une seconde taffe sans me quitter des yeux.

— T'as pas trouvé une nana qui te plaisait ?

Nos Amours aux Parfums de GlaceOù les histoires vivent. Découvrez maintenant