Chapitre 18

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— J'ai un double appel, attend une minute.

C'était maman. Je décrochai, laissant Rylan patienter même s'il y avait une chance sur deux qu'elle coupe la communication entre temps.

— Maman. Ça va ?

— Lee ! Comme je suis soulagée que tu répondes enfin.

— Désolé, la tempête a arraché des poteaux électriques alors je ne pouvais pas.

— Oui bien sûr. Et est-ce que ça va ? Tu n'as rien ?

Ma conversation avec ma mère empli l'habitacle de la voiture. Nous avions quitté Owl Creek aux alentours de midi, non sans un stock de pommes. Le matin, nous avions aidé Joël à déblayer autour du chalet. Rien de grave, principalement des branches d'arbres, des débris envolés et une tonne de feuilles mortes. Les parents d'Isaac avaient eu de la chance ; la tempête avait été plus violente sur la côte que dans les terres. Aucune victime dans la région, plus de peur que de mal. D'après Isaac, la fac avait dû fermer ses portes le temps que cela passe. Pas question de mettre en danger leurs étudiants et risquer le drame et le scandale. Et je n'étais sans doute pas le seul à avoir été piégé ailleurs qu'à la périphérie de l'UNCA.

Maman me raconta la frayeur qu'elle avait eue dans la nuit de dimanche à lundi, au plus fort de la tempête, lorsqu'un arbre mort s'était plié en deux au bout de la rue. À part ça, rien à déplorer. Je lui expliquai ensuite mon week-end, lui donnant par la même occasion des nouvelles de Joël et Béatrice.

— Tu as appelé Glen pour savoir comment vont ses parents ? Ils habitent en Floride maintenant, il me semble. Les dégâts n'ont rien à voir là-bas.

Je n'y avais même pas pensé. Je raccrochai peu après et constatai que la patience de Rylan était toujours aussi courte. Tant pis, je la verrai à l'université demain, si le campus ouvrait bel et bien ses portes.

— Alors ? demanda Isaac sans quitter la route des yeux.

— Ça va. C'était plus impressionnant qu'autre chose.

Mon portable encore en main, je jouai avec. Il tourna entre mes doigts, l'écran noir. Parfois, je l'arrêtais, hésitais, puis reprenais mon manège. Suffisamment de fois pour qu'Isaac le remarque.

— Qu'est-ce qu'il y a ?

— Hm rien.

Ses sourcils se froncèrent. Pourtant, il ne chercha pas à me tirer les vers du nez. Non, il resta silencieux. Et cela fonctionna tout aussi bien.

— Les parents de Glen habitent en Floride. Apparemment les dégâts là bas sont conséquents.

— Donc tu hésites à l'appeler et demander des nouvelles.

Dis ainsi, ça semblait ridicule. Sauf que je ne pouvais pas juste l'appeler comme ça, comme si de rien n'était alors que les choses avaient changé. Que nous avions changé.

Je fixai mon portable, pesant le pour et le contre. Je m'inquiétai, évidemment. J'appréciais ses parents et j'espérais que tout aille bien. Mais espérer n'était pas suffisant pour calmer l'angoisse qui commença à s'insinuer dans mon crâne. L'auto persuasion avait ses limites et sans la vérité, j'étais une véritable machine à scénarios catastrophes.

Une main posée sur mon genou me tira de mes pensées.

— Appelle-le. Vos disputes n'ont rien à voir avec ses parents. Il doit être tout aussi inquiet.

Nos Amours aux Parfums de GlaceOù les histoires vivent. Découvrez maintenant