Chapitre 8 - Partie 2

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— Salut.

Je clignai des yeux, comme si cela suffirait à effacer ce moment. Mais non. Je restai bêtement devant la porte, incapable de décrocher un mot. Pas même un « salut ».

— Lee ! Qui c'est ? demanda maman depuis le salon.

— Euh... C'est Isaac.

Je ne compris pas ce qu'elle dit ensuite, ni même ce qu'Isaac faisait ici. Maman déboula dans l'entrée, rayonnant de joie.

— Oh ! Isaac, tu as pu venir finalement ?

Finalement ?

— Ça fait si longtemps ! Tu as l'air en pleine forme. Entre donc. Lee, laisse-le entrer, voyons.

Ma mère adorait Isaac. Elle le traitait depuis toujours comme son quatrième enfant, quand bien même elle n'en avait que deux génétiquement à elle.

Dans le salon, la place commençait à manquer. Maman n'arrêtait plus de parler. Comment vas-tu ? Qu'est-ce que tu deviens ? Est-ce que tes parents vont bien ? Manges-tu correctement ? Veux-tu une part de tarte ? J'espère que Lee ne te pose pas trop de soucis ? Et j'en passais. Evidemment, tout ça finit à table alors que nous avions mis un chantier pas possible. Maman s'en excusa et me fit nettoyer nos cochonneries. J'évitai de le regarder. Je n'étais pas en colère contre lui, plutôt mal à l'aise. Je n'avais aucune idée de comment me comporter en sa présence.

Lorsque nous fûmes seuls dans le salon, un silence plana autour de la table. La télévision tournait toujours et je tournai dos à la fenêtre, sans échappatoire. Je n'aimais pas les blancs comme ceux-là mais ne savais pas quoi dire cette fois-ci pour le boucher. Tout ce qui me passait en tête sonnait faux, débile ou forcé. Chose qui ne m'était jamais arrivé avec Isaac. Ma jambe se mit à tressauter. J'attrapai la télécommande et changeai de chaîne. J'en passai plusieurs et jetai mon dévolu sur un reportage animalier parlant de la monogamie indéfectible de certains oiseaux.

— Lee, commença Isaac.

Interrompu par les pas bruyants d'Emy dans les escaliers. Elle s'arrêta net en apercevant Isaac et me fusilla du regard.

— Tu aurais pu prévenir qu'Isaac passait à la maison !

Et elle repartit tout aussi vite à l'étage. Comme si je savais qu'Isaac venait ! Maman revint, un plateau chargé dans les mains.

— Tient mon grand. Elle est sortie du four il n'y a pas longtemps. Tu me diras ce que tu en penses. Oh, et qu'est-ce que tu veux boire ?

— Merci, Charlotte. Je veux bien un café, si tu as.

— Bien sûr. Lee, donne-lui la chantilly. Et une cuillère.

Elle repartit tout aussi vite. J'allai pour me lever quand Isaac me retint.

— Ne t'en fait pas, je vais me servir.

Il était comme chez lui ici. Vu le nombre de fois où il était venu, bien sûr qu'il connaissait la maison. Maman n'avait quasiment rien bougé depuis des années. Et comme Luc était plus souvent absent que présent, bouger les meubles ne l'intéressait pas.

Emy redescendit pour la troisième fois, d'un pas plus léger. Elle s'était changée, passant d'un vieux short délavé et un tee-shirt déformé par le trop grand nombre de lavage pour une robe coquette. Ses cheveux châtain clair, tressés sur le côté, dégageaient son visage. Ses cils étaient maquillés, tout comme ses lèvres brillaient, plus roses que d'ordinaire. Son sourire s'étira à la vue d'Isaac qu'elle salua avec une gentillesse dégoulinante.

Nos Amours aux Parfums de GlaceOù les histoires vivent. Découvrez maintenant