Depuis ce samedi, Isaac se montrait encore plus prévenant. Des marques d'affections que je remarquais tellement que je ne savais pas les gérer. Je me sentais perdu, comblé et chanceux d'une telle attention. Et surtout, quand je m'imaginais en couple, avec Isaac, tout semblait naturel. Ce qui ne répondait pas à la question de comment Rylan avait eu en photo la peinture de Glen. Ni même pourquoi Glen avait changé son tableau au dernier moment.
Assis sur un siège, j'observai le plafond, comme si les bons mots tomberaient du ciel. Ce serait si simple. Pratique. Mais rien ne vint et Rylan attendait des réponses. Je n'étais même pas certain de les avoir.
En réalité, j'étais paumé.
Encore plus qu'elle. Lâche aussi. Mais ça, Rylan n'avait pas arrêté de me le répéter.
— Bon alors ? s'impatienta-t-elle.
Ses jambes se balançaient dans le vide, maintenant assise sur l'estrade. Elle ressemblait à une poupée mal coiffée, au look unisexe et à l'air revêche. Derrière ses airs grognons, elle ne cherchait pas à se disputer. Sa communication était aussi mauvaise que la mienne, voilà tout.
— Je n'ai choisi personne, avouai-je doucement.
— Mais Glen. Il a pas ruiné sa toile parce qu'il a fait moche ce week-end.
Ça m'étonnerait aussi. Il y avait tant de colère dans les coups de pinceau, tant d'acharnement à recouvrir ce qui avait été fait, à laisser la marque de chaque poil, visible chaque bavure, au point où c'en était saisissant.
Plus que l'orage, c'était l'exécution de l'œuvre qui faisait vibrer ; de colère, de rancœur, de tristesse aussi. J'étais peut-être mauvais pour voir les sentiments des autres, mais je restais un artiste ; peintre ou écrivain, la seule chose qui nous émouvait, nous guidait dans l'infinie possibilité de tout, était notre palette d'émotions. Et celle-ci, sur toile comme sur papier, je savais la décrypter.
Je me levai et récupérai mon sac posé à mes pieds.
— Où tu vas ?
— Au bâtiment Owen, répondis-je en m'éloignant.
— Et tu vas rien m'expliquer ?
Je lui fis un signe de la main avant de pousser les portes de la salle de théâtre. Pas besoin de lui expliquer quoi que ce soit quand le bâtiment Owen était celui du département d'art et d'histoire de l'art. À moins qu'elle ait compliqué les choses.
Je le vis en premier. Mon regard pesa suffisamment sur lui pour qu'il s'arrête. Il me quitta des yeux une seconde, le temps d'échanger quelques mots avec la fille à côté de lui. Elle fit demi-tour et Glen s'approcha, les mains dans les poches, un masque souriant sur le visage. Aussi faux que ceux portés par les étudiants de théâtre.
De quoi me faire frémir.
Mais de quoi ? D'appréhension ? De crainte ? Ou d'un sentiment si intense qu'aucun mot ne me vint pour le désigner ?
J'ouvris la bouche pour l'interpeler mais déjà, mon dos heurta un casier. Sa bouche s'écrasa sur la mienne, étouffant son prénom. D'une main, il tâtonna la porte juste à côté, l'ouvrit aussi furieusement qu'il la referma. Ses lèvres retrouvèrent les miennes avec empressement. C'était féroce, avide et débordant d'un trop plein. Désir. Envie. Passion. Jalousie. Blessure. Ses mains explorèrent mon corps, remontèrent le long de mes bras et se nichèrent dans mes cheveux. Les miennes agrippèrent ses poignets pour ne pas me noyer. J'avais l'impression d'être dévoré. Je ne savais pas où nous étions. Une salle de classe, sans doute. Nous bloquions la porte, même si savoir que nous pouvions être découverts n'importe quand, ne me rendait pas serein.
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Nos Amours aux Parfums de Glace
Romans« 𝘌𝘵 𝘥𝘰𝘯𝘤 ? 𝘘𝘶𝘦 𝘴𝘶𝘪𝘴-𝘫𝘦 𝘦𝘯𝘵𝘳𝘦 𝘭𝘢 𝘷𝘢𝘯𝘪𝘭𝘭𝘦, 𝘭𝘦 𝘤𝘩𝘰𝘤𝘰𝘭𝘢𝘵 𝘦𝘵 𝘭𝘢 𝘱𝘪𝘴𝘵𝘢𝘤𝘩𝘦 ? » Lee écrit, va à l'université, se moque d'Isaac qui parle à ses plantes d'intérieur, et aide Glen à laver ses cheveux tachés d...