Chapitre 21 - Partie 2

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Nous ne marchâmes pas bien longtemps et prîmes place dans un café à moitié remplit.

— Qu'est-ce que tu veux ?

— Un latte macchiato.

Tim commanda pour nous deux et nous nous installâmes dans un coin tranquille. Le bruit ambiant était modéré. Juste assez pour recouvrir notre conversation sans que nous ayons à se pencher pour s'écouter.

J'occupai mes mains avec mon café, le regard perdu partout ailleurs sauf en face de moi. Aucune pensée ne parvint à s'accrocher à mon esprit alors que mon genou tressauta. Le poids de mon téléphone dans ma poche pesa. Je resserrai mes mains autour de mon verre pour m'empêcher de le sortir et m'occuper avec.

— Tu es encore à la fac ?

Mes yeux se posèrent machinalement sur Tim. Devant lui, un double expresso crème fumait. Le nuage de lait au-dessus donnait l'impression d'être du coton saupoudré de café en poudre ou de chocolat. Le café, en-dessous, se parait d'une élégante robe cannelle claire, adoucissant encore l'aspect de la boisson. Tim en but une gorgée, se lécha le dessus de la lèvre lorsque de la crème s'y déposa en une moustache amusante.

— En dernière année, répondis-je enfin.

Il reposa sa tasse sans un bruit, son dossier noir au bord de la table, délaissé, à deux doigts d'être oublié.

— Tu vis toujours dans ton propre appartement ?

— Je paie tout, tout seul.

— Avec tes romans pour filles ?

Oui. Avec mes romans pour filles, brûlai-je de rétorquer, sans pour autant oser l'affront.

Je trouvai refuge dans ma propre boisson dont les trois niveaux étaient particulièrement bien délimités. Dommage que cet endroit soit proche de l'hôpital, il servait des cafés très bien exécutés.

— J'ai vu que tes ventes n'étaient pas mauvaises.

Je me figeai.

— Tu as été voir mes relevés ? Tu as contacté ma maison d'édition ? demandai-je d'un trait.

Comme s'il n'y avait aucun problème – et sans doute qu'il n'y en avait jamais quand on s'appelait Timothy Sullivan – Tim se laissa aller contre le dossier de sa chaise, déliant un peu cette image trop propre, trop parfait qu'il entretenait constamment.

— Ton éditeur est aussi mon ami d'enfance. Et quand tes ventes explosent et sont mises en avant partout où il est possible d'amasser encore plus d'argent, bien sûr que je le sais.

Bien sûr, oui. Après tout, les Sullivan étaient connus pour leur nez fin dans la finance. L'argent, c'était leur truc, ça coulait dans leurs veines. Et si un autre des Sullivan en pondait suffisamment pour finir en tête de gondole des plus grosses librairies ou en favori des sites revendeurs, bien sûr qu'ils le savaient. Tous. Et ça me faisait chier.

Je gardai les dents serrées sans parvenir à contenir les mouvements de mes pieds tapant frénétiquement contre le sol.

— Si tu permettais à la société de...

— C'est hors de question, tranchai-je.

Mes pieds cessèrent de bouger. À plat, bien ancré au sol. Comme mes mains le furent sur la table. Comme mon regard le fut dans l'acier des yeux de Tim.

Nos Amours aux Parfums de GlaceOù les histoires vivent. Découvrez maintenant