Chapitre 22 - Partie 1

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Rylan soupira pour la millième fois depuis que nous étions là. Elle changea de position, pour la millième fois aussi, décroisant les jambes pour mieux les recroiser de l'autre côté. Il faisait chaud. Du moins, lorsqu'on était habillé. L'humidité combinée à la chaleur rendait l'air plus lourd à respirer. L'odeur du clore remontait dans le nez et le bruit de l'eau brassée par les nageurs rythmait mes pensées.

— Il y va pas presque tous les jours depuis que vous sortez ensemble ?

Sa question sonnait comme une affirmation. Je ne pouvais pas la contredire : Glen se rendait de plus en plus souvent à la piscine de la fac depuis ce fameux soir. Si Tim avait pu voir les traces laissé par Glen, Rylan aussi. Et autant dire qu'elle ne m'avait pas lâché jusqu'à ce que j'avoue et lui fasse un compte rendu de la situation – en gardant les détails pour moi, évidemment. Sa réaction avait été à son image : exubérante et difficile à ignorer. Si la moitié du campus n'était pas au courant, je voulais bien parier n'importe quoi.

— Je suppose que ça a du bon. Enfin pour toi.

Elle me bouscula et haussa les sourcils de façon explicite. Je pouffai et reposai mon regard sur Glen qui s'essayait à je ne sais quelle nage. Je le repérai au bonnet de bain blanc qu'il portait, visible depuis notre place. Isaac lui avait également fait la réflexion un soir où il était venu à l'appartement après une séance de natation. L'odeur du clore mêlée à celle de la peinture à huile qui ne voulait pas lâcher mon appart', avait arraché un grognement à un Isaac déjà fatigué. Sa réponse ? Qu'il devait bien entretenir ce qu'Isaac était incapable de m'offrir – comprendre ici un corps athlétique. Ma bouche en était tombée, comme dans les dessins animés, incapable de répondre ou de prendre la défense d'Isaac. Il n'en avait pas besoin. Isaac ne faisait peut-être pas de natation pour s'entretenir, mais les marches à pied régulières et les quelques exercices qu'il faisait pour ne pas se tuer le dos et la nuque au boulot le gardait ferme et en forme. Celui qui avait le ventre mou, de nous trois, c'était moi.

Rylan maugréa qu'il n'y avait pas assez de filles qui nageaient et les seules présentes ne portaient pas de petits bikinis sexy. Quelle déception. Sauf qu'il s'agissait de la piscine universitaire, pas de la plage.

En contre bas, Glen changea de nage. Sur le dos, il moulina des bras pour avancer, ses lunettes de piscine le rendant méconnaissable.

— Bordel, combien de filles doivent t'en vouloir de sortir avec Glen Pasteur.

— Si déjà tu arrêtais de le crier sur les toits.

— Quoi ? T'as peur ? Tu veux te cacher ? Avoir ta « relation secrète », ton « amour interdit et incompris de tous » ? Arrête, c'est bon pour les histoires ça.

Le problème n'était pas là. Je me méfiais juste de Grayson et surtout de Tekoa. Rylan affirmait que ces deux là se tournaient mutuellement autour et que toutes les fois où ils avaient impliqué Glen ou moi dans leur histoire n'était que par provocation de l'autre. Je préférais rester prudent. Glen refusait de me parler de « l'incident » avec Grayson. Celui pour lequel Tekoa s'était jeté sur lui pour se battre. Je me voyais mal venir demander au deuxième concerné. Isaac disait d'oublier, que ce n'était rien d'important. Si ça ne l'était pas, pourquoi ne pas m'expliquer alors ?

Glen changea encore de nage. Cette fois-ci, il opta pour la brasse. Au moins, celle-ci je la connaissais.

Ça n'avait peut-être bien pas d'importance dans le fond. S'il souhaitait garder cette expérience pour lui, je devais le respecter. Le passé ne comptait pas. Seul le présent nous importait. Peut-être un peu le futur aussi. Si nos visions s'accordaient et que nos liens ne se dénouaient pas.

Nos Amours aux Parfums de GlaceOù les histoires vivent. Découvrez maintenant