Je restai sur le pas de la porte, déconcerté. Face à moi, Glen n'en menait pas plus large. Les bras chargés de ses affaires de peinture, les cheveux en pagailles, et derrière lui, un sacré bordel, il chercha ses mots, tel un poisson hors de l'eau.
— Tu n'avais pas cours cet après-midi ? se décida-t-il à dire
— Non.
Mensonge. J'avais lâché Rylan après avoir raccroché au nez de mon frère. Cependant, si sécher les cours m'amenait à tomber nez à nez avec Glen, peut-être que la question se reposait.
Troublé, il marmonna des excuses et me céda le passage. Il fourra dans de grands sacs en toile tout son matériel qui, à mesure du temps, c'était accumulé. Je posai dans un coin mon sac de cours et ouvris une fenêtre. Bien que sa toile ne soit plus ici, l'odeur de la peinture à l'huile persistait. J'espérais qu'à force de ventiler, elle disparaitrait rapidement.
— Je passais juste récupérer tout ça. Je ne vais pas traîner.
— OK.
Le silence plana au-dessus de nos têtes, aussi lourd qu'une chape de plomb. Ma rancœur me poussait à feindre l'indifférence la plus totale alors qu'au fond, je bouillais de m'expliquer devant lui. Par automatisme, j'allumai la cafetière et sortis deux tasses. Je me raclai la gorge et rangeai la tasse verte, conscient de l'agitation dans mon dos.
Mon portable sonna depuis la poche de mon jeans. Je raccrochai en voyant le numéro de Rylan. Elle insista et je finis par couper mon téléphone. Je n'avais pas la tête à écouter son sermon. La présence de Glen ici suffisait à ruiner ma tentative d'isolement et de paix.
— T'en as pour longtemps ? ne pus-je m'empêcher de claquer.
Même de dos, je sus qu'il s'immobilisa. La mâchoire serrée, les nerfs en feu et ce foutu mal de tête qui cognait derrière mon front, je maltraitai ma machine à café et manquai de faire tomber ma tasse.
— Non, souffla-t-il. J'ai presque tout rassemblé.
Si son calme face à mon ton était inédit, à l'instar de ma colère. Pour une raison ou une autre, je programmai mal mon café et il déborda. Je jurai, manquai de me brûler en retirant ma tasse sans rien éteindre et m'agaçai encore plus à tout nettoyer.
C'était définitivement une journée pourrie.
Je jetai avec force le papier essuie-tout dans la poubelle et allai refermer la fenêtre, le froid de plus en plus présent dans l'appartement. En tout, Glen avait remplit deux gros sacs et un troisième commençait à gonfler.
Assis sur la marche de l'entrée, à mettre ses chaussures, je remarquai un détail dans sa nuque qui me pétrifia.
— Qu'est-ce que tu as là ?
Il tourna la tête vers moi et je repoussai ses cheveux, incrédule face à la marque bleutée qui tachait sa peau. Je blêmis et retirai mes doigts, brûlé de stupeur.
— C'est un suçon, m'étranglai-je.
— Quoi ? Bien sûr que non !
Sa main recouvrit la marque, la soustrayant à ma vue. Sauf que j'étais certain de ce que j'avais vu : on ne se faisait pas un bleu à la nuque en se cognant tout simplement.
Je reculai d'un pas et Glen se releva.
— C'est pas ce que tu crois.
— À bon ? Et qu'est-ce que je crois alors ? Tu débarques chez moi avec un foutu suçon dans le cou et tu vas me faire croire que ce n'est pas ce que je crois ?!
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Nos Amours aux Parfums de Glace
Romance« 𝘌𝘵 𝘥𝘰𝘯𝘤 ? 𝘘𝘶𝘦 𝘴𝘶𝘪𝘴-𝘫𝘦 𝘦𝘯𝘵𝘳𝘦 𝘭𝘢 𝘷𝘢𝘯𝘪𝘭𝘭𝘦, 𝘭𝘦 𝘤𝘩𝘰𝘤𝘰𝘭𝘢𝘵 𝘦𝘵 𝘭𝘢 𝘱𝘪𝘴𝘵𝘢𝘤𝘩𝘦 ? » Lee écrit, va à l'université, se moque d'Isaac qui parle à ses plantes d'intérieur, et aide Glen à laver ses cheveux tachés d...