La fin de l'été approchait et malgré l'heure tardive, le café ne désemplissait pas. La quasi-totalité des tables étaient occupées, beaucoup par des groupes d'amis, sensiblement dans ma tranche d'âge. Des étudiants et étudiantes qui cherchaient un peu de fraicheur avec l'air conditionné de la boutique, quelques rares employés de bureau éreintés par leurs horaires, et encore moins courant, des touristes venus faire je ne sais quoi dans cette ville à peine connue. Les éclats de rire se mêlaient au tintement de la vaisselle, le bruit de la caisse, le choc des glaçons dans les boissons fraiches et le mousseur à lait derrière le comptoir. Les bruits de la rue parvenaient à peine à l'intérieur, seulement lorsque la porte s'ouvrait, remuant la clochette accrochée au-dessus. De bonnes odeurs flottaient tout autour des tables. Entre celles du café, chaud ou glacé, les pâtisseries et, pour les plus affamés, les snacks salés servi à l'occasion, mon estomac se réveillait doucement malgré l'attente fatidique qui me le nouait.
J'allongeai mes jambes sous la table, évitant celles d'Isaac parfaitement rangées. Droit, les épaules carrées et l'air sérieux, il était l'exemple parfait de l'absence d'expression humaine. À croire que son visage était gravé dans du marbre. Concentré, rien ne pouvait perturber sa lecture. La tablette qu'il tenait paraissait presque petite entre ses mains. Son café ne fumait plus depuis longtemps, et j'en étais à mon deuxième Ice Americano. Je m'affalai un peu plus dans ma chaise, pinçant entre mes lèvres la paille de ma boisson qui allait me donner envie de pisser plus que de raison. L'écran de mon portable s'alluma alors, divertissement que j'acceptai volontiers. Isaac détestait que je l'interrompe lorsqu'il lisait l'un de mes projets, manuscrits ou corrections. Je n'avais qu'à prendre mon mal en patience puisqu'il préférait me faire ses retours à chaud, et par conséquent, que je sois là dès sa lecture terminée.
Mon humeur s'améliora en constatant qu'il s'agissait d'un message de Glen. Il était rentré de chez ses parents et voulait qu'on se voit ce soir, chez moi. Evidemment qu'il pouvait venir ! Après deux mois sans se voir, j'avais tout un tas de choses à lui raconter.
Alors que je m'activai à lui répondre, Isaac remua en face de moi. Je ne lâchai pourtant pas mon portable des yeux, trop content de savoir Glen revenu de Floride. Je lui proposais d'aller se chercher des pizzas, histoire de chiller tranquillement – et ne pas avoir à faire cette corvée qu'était cuisiner. Isaac se gratta la gorge, la tablette posée devant lui. Il avait sans aucun doute fini sa lecture. Mon message n'était pas terminé, lui.
— Leeroy, m'avertit-il une première fois.
— Attend, je finis ça.
À peine envoyé, Glen répondit à mon message par l'affirmative à condition que j'aille chercher notre dîner. Je ne pus retenir un sourire de naître sur mon visage et prêt à répondre à nouveau lorsqu'Isaac m'interrompit :
— Arrête avec ton portable, on travaille là.
— C'est juste Glen, lui appris-je sans lever le nez de mon écran.
Une grande main passa dans mon champ de vision et mon portable me fut confisqué. Je fronçai les sourcils, fusillant du regard le coupable de ce vol impatient.
— J'avais presque fini.
— Tu lui répondras après. On doit parler de ce torchon d'abord.
J'accusai la pique avec beaucoup de diplomatie et... pas du tout en fait. J'abaissai mes mains sur la table en bois, faisant vaciller ma boisson. Les pieds de ma chaise grincèrent contre le sol lorsque je me redressai, penché en avant. Les glaçons de mon café s'entrechoquèrent bruyamment et la petite cuillère en métal posée contre la porcelaine de la tasse d'Isaac tinta en tombant de son support.
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Nos Amours aux Parfums de Glace
Romansa« 𝘌𝘵 𝘥𝘰𝘯𝘤 ? 𝘘𝘶𝘦 𝘴𝘶𝘪𝘴-𝘫𝘦 𝘦𝘯𝘵𝘳𝘦 𝘭𝘢 𝘷𝘢𝘯𝘪𝘭𝘭𝘦, 𝘭𝘦 𝘤𝘩𝘰𝘤𝘰𝘭𝘢𝘵 𝘦𝘵 𝘭𝘢 𝘱𝘪𝘴𝘵𝘢𝘤𝘩𝘦 ? » Lee écrit, va à l'université, se moque d'Isaac qui parle à ses plantes d'intérieur, et aide Glen à laver ses cheveux tachés d...