Ça n'allait pas. Quelque chose clochait mais je ne parvenais pas à mettre le doigt dessus.
Je relus une énième fois le paragraphe sur lequel je travaillais, sans trouver ce qui me dérangeait dedans. Je soupirai et m'adossai contre mon fauteuil. Tout était insupportablement calme. Dehors, chez moi, et même mon portable. Comme si tout le monde c'était passé le mot pour se taire pendant que je travaillais.
Je fermai les yeux et les massai du bout des doigts. Seul l'écran de mon ordinateur éclairait ma chambre, faisant aussi office de bureau. Les stores tirés, la porte close, la seule lumière qui filtrait était celle passant par les petites ouvertures comme la serrure ou le bas de la porte. Mes yeux piquaient et ma nuque tirait. Je fis tourner mon fauteuil, mon regard rivé sur le plafond. Pas que les mots allaient tomber du ciel, mais qui sait, une illumination pouvait toujours arriver.
Quelques tours suffirent à me donner un vertige. Je stoppai mon fauteuil pile quand on sonna à la porte. La voilà mon illumination ! Je sautai sur mes pieds, ouvris en grand la porte de ma chambre, histoire de me brûler les rétines et trottinai jusqu'à l'entrée. Derrière, je tombai sur Isaac.
— Tu travaillais ? demanda-t-il en guise de bonjour.
— Euh... oui, mais entre, vas-y.
Isaac envahit ma minuscule entrée. Plus grand et plus large que moi, ce n'était pas juste une image, il semblait toujours à l'étroit lorsqu'il s'y tenait.
— Tiens. J'ai pris ça en passant.
La boite cartonnée termina dans mes mains, une bonne odeur avec.
— Qu'est-ce que c'est ? m'excitai-je à l'idée de voir ce qu'il y avait à l'intérieur.
— Des pâtisseries. Ouvre ça dans la cuisine, Lee. Allez, avance.
Je ne l'écoutai plus, obnubilé par les desserts français sous mes yeux. Isaac me poussa doucement, une main au milieu de mon dos. La boite se retrouva sur la table et avant que je ne puisse dérober l'un de ses incroyables trésors, Isaac la referma sous mon nez.
— Tu as mangé ?
— Non. Donc j'ai très envie de goûter ce que t'as apporté.
La boite resta fermée. Je soufflai, les bras croisés sur mon torse. Comme si cela suffirait à impressionner Isaac – l'espoir faisait vivre.
— J'ai besoin de sucre pour faire fonctionner mon cerveau.
— Tu as surtout besoin d'une hygiène de vie plus propre.
Peut-être.
J'avais juste oublié de jeter les cartons de pizzas vides. Si ce n'était que ça... La table, mais surtout le plan de travail croulaient sous mes déchets : cartons, emballages, sachets, plastiques, et même de la vaisselle sale qui n'avaient pas trouvé le chemin de l'évier. Plus de preuves qu'il n'en fallait pour le sermon d'Isaac.
Il se frotta le front sans pour autant faire de commentaire. La boite disparut de ma vue, et mes pleurnicheries n'y changèrent rien. Isaac referma le frigo, une épaule contre, tel un garde-chiourme.
— Comment peux-tu vivre là-dedans ?
— On va se refaire le même débat à chaque fois que tu ne viens pas ici pendant plus de trois jours ? grommelai-je en daignant ramasser mes ordures.
— S'il le faut, oui.
Le contraire m'aurait étonné. Mon bordel était un des arguments de Glen pour me faire venir aux dortoirs. Certes, j'aurais moins de place, un peu moins d'intimité, mais plus besoin de réfléchir à quoi manger, la cantine était ouverte pour ceux qui résidaient sur le campus. Sauf qu'aller dans les dortoirs signifiait moins voir Isaac. J'avais la responsabilité de cet appartement. Cela ne faisait-il pas de moi quelqu'un de plus adulte ? De moins « dépendant » pour mon âge ? Je ne pouvais pas faire un pas en arrière. Je payais tout ce qu'il y avait à payer dans cet appart, que je sache ou non me nourrir correctement.
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Nos Amours aux Parfums de Glace
Romantizm« 𝘌𝘵 𝘥𝘰𝘯𝘤 ? 𝘘𝘶𝘦 𝘴𝘶𝘪𝘴-𝘫𝘦 𝘦𝘯𝘵𝘳𝘦 𝘭𝘢 𝘷𝘢𝘯𝘪𝘭𝘭𝘦, 𝘭𝘦 𝘤𝘩𝘰𝘤𝘰𝘭𝘢𝘵 𝘦𝘵 𝘭𝘢 𝘱𝘪𝘴𝘵𝘢𝘤𝘩𝘦 ? » Lee écrit, va à l'université, se moque d'Isaac qui parle à ses plantes d'intérieur, et aide Glen à laver ses cheveux tachés d...