Je refermai le lave-vaisselle et appuyai ma hanche contre. Les bras croisés, j'observai mon ami – mon amant – dont les mots refusaient de sortir, perdus entre le cœur et la raison. J'entendais d'ici les rouages de son cerveau, les échos de la bataille qu'il menait, les cris de sa peur coincée derrière sa psyché. Qu'il était rude ce combat. Chaque choc résonna avec d'autant plus de violence qu'il n'y avait pas de bonne réponse. Le cœur ne primait pas sur la raison et la raison ne possédait pas plus de valeur que le cœur. Je décroisai les bras, prêt à signer l'armistice à sa place. Au moins pour ce soir.
— Isaac.
Son regard, perdu dans les méandres de son âme, revint au présent. Les profondeurs de son monde s'illuminèrent aussi doucement que j'embrassai ses lèvres. Je lui souris, une main sur sa joue, chevalier de son cœur, défenseur de ses craintes, archer de ses déraisons.
— Je suis là. Devant toi. Avec toi. D'accord ?
Il hocha la tête, la reposant contre ma main. Mon sourire s'élargit lorsque le sien apparut. Mes pieds décolèrent du sol juste après. Je couinai et ris les bras balans dans le dos d'Isaac. À croire que j'étais un sac à patates.
Je ne me calmai pas une fois sur le lit, attaqué de toute part, en traitre.
— Arrête ! Isaac tu me chatouilles ! Isaac !
Il cessa ses machinations en un rire léger qui gonfla mon cœur. Ce rire, je pouvais l'écouter des heures durant. Rare et précieux, il me plongeait dans un état de sérénité semblable au réconfort d'un foyer. Parce que j'y étais, dans mon foyer. Ce n'était pas un lieu à proprement parlé. Ce n'était pas non plus la présence d'un père et d'une mère. Non, un foyer n'était autre que la compagnie des gens qu'on aimait. Je glissai mes bras autour de son cou, quémandant un baiser. Il s'y plia de bonne grâce et plus encore.
La fatigue altéra sans nul doute nos mémoires. Ou bien, nous espérions qu'elle fût la raison de nos ébats. Lents. Amoureux. D'une délicatesse presque cruelle. Isaac m'arracha cette nuit de longues plaintes lascives, des mots si inestimables qu'il y alla plus fort pour me les faire répéter. Dans l'écrin de cette nuit d'automne, où la chaleur de nos corps suffit à nous faire fondre, où la distance nous parut insupportable, prête à nous briser, à nous dépouiller de nos larmes, où nos souffles se perdirent sans qu'on ne sache qui nous les avait volées, nous nous oubliâmes. Cette main parcourant cette peau n'appartenait ni à l'un ni à l'autre. Ces caresses tantôt chastes tantôt impertinentes faisaient frémir nos âmes. Le temps distendu ne captura ni la forme de nos mots ni l'esquisse de notre amour.
Les témoins de nos étreintes mourraient avec la lune embrassée par les premiers rayons du soleil. Ils roussirent les courbes de nos corps, pêle-mêle comme un seul et même être. Dans l'atmosphère feutrée de l'aube, je bénis la chance que l'homme dont je ne souhaitais jamais lâcher la main, serre la mienne dans son sommeil, paisible, le cœur et la raison enfin en paix. J'admirai chaque nuance de lumière caresser son visage, passant du violet au rose et doucement au bleu du ciel qui, ce matin, oublia son manteau de grisaille. Le plus beau du spectacle survint lorsque ses paupières s'agitèrent.
La joue enfoncée dans ma main, je ne manquai pas une miette de son réveil. Il émergea des limbes en douceur, replongeant parfois pour mieux en ressortir. Mon regard attira indubitablement le sien.
— Bonjour.
Il me sourit et j'embrassai sa tempe comme il savait si bien me le faire. Mes doigts repoussèrent une mèche de cheveux, s'attardèrent autour de son oreille pour redescendre le long de sa mâchoire.
— Tu piques, murmurai-je.
De peur de briser notre bulle de tendresse.
— Tu veux que je me rase ?
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Nos Amours aux Parfums de Glace
Romance« 𝘌𝘵 𝘥𝘰𝘯𝘤 ? 𝘘𝘶𝘦 𝘴𝘶𝘪𝘴-𝘫𝘦 𝘦𝘯𝘵𝘳𝘦 𝘭𝘢 𝘷𝘢𝘯𝘪𝘭𝘭𝘦, 𝘭𝘦 𝘤𝘩𝘰𝘤𝘰𝘭𝘢𝘵 𝘦𝘵 𝘭𝘢 𝘱𝘪𝘴𝘵𝘢𝘤𝘩𝘦 ? » Lee écrit, va à l'université, se moque d'Isaac qui parle à ses plantes d'intérieur, et aide Glen à laver ses cheveux tachés d...