Chapitre 24 - Partie 2

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— Au fait, reprit Glen tout sourire.

Il prit mes mains dans les siennes, se fichant pas mal d'être vu. Ce soir, Isaac était mon cavalier. Mais la star restait Glen et s'il souhaitait me voler, Isaac ne l'empêcherait sans doute pas.

— Oui ?

— Ce costume te rend super bandant.

— Glen !

Il éclata de rire, fier de son effet. Je cherchai du soutien du côté d'Isaac mais le traitre riait avec son ennemi. Nous attirâmes l'attention d'un petit groupe qui passa bien vite devant nous, sans même jeter un regard à la peinture. Tant pis, s'ils ne pouvaient même pas apprécier le modèle et le peintre en personne, alors l'énergie du tableau leur échapperait aussi.

— Et moi, tu ne dis rien ?

Il s'éloigna d'un pas, bras ouverts, attendant les compliments. Je feignis une analyse profonde et sceptique, assez convaincante pour faire perdre patience Glen. Ses bras appuyés contre mes épaules, le visage si proche du mien que je sentais son souffle contre ma peau, n'importe qui aurait pu le croire ivre. Il ne l'était pas. Son regard était bel et bien sobre, quoi que, débordant d'un désir non réprimé.

— Tu me trouves comment ?

— Hm pas mal.

— Seulement pas mal ?!

— Je dirais... bandant aussi.

L'éclat d'amusement qui égaya son visage fit bondir mon cœur. Ses lèvres pressèrent les miennes, ses mains harnachées à l'arrière de mon crâne pour m'interdire toute fuite. Isaac nous interrompit d'un raclement de gorge, et après quelques rires supplémentaires, Glen nous fit faire le tour de l'exposition.

Nous discutâmes tout en visitant les lieux, nous arrêtant parfois devant un tableau pour en parler, ou au moins, pour que Glen nous donne ses impressions. L'art était subjectif bien que des règles techniques existent. Ça m'échappait. Pour moi, comme pour beaucoup ignares, un beau tableau représentait quelque chose de réaliste et qui nous touchait. Les méthodes, le message, et même la vision de l'artiste, tout ça ne faisait pas sens dans ma tête. Je n'étais pas objectif mais, à mes yeux, la plus belle réussite restait l'œuvre de Glen. Non pas parce que j'en étais la muse, mais parce que le tableau me parlait plus que tous ceux pour lesquels l'exposition avait été créé. Je ne niais pas le talent de l'artiste, que nous n'avions pas encore vu. Je n'étais personne pour juger son art, le temps qu'il avait fallu pour peindre tout ça. C'était agréable à l'œil pour la plupart. Suffisamment réaliste pour saisir les objets. Mais trop obscure pour comprendre le sens. J'avais l'impression que personne, si ce n'est l'auteur, ne pourrait jamais capter l'entièreté des œuvres tout en s'efforçant à donner l'impression que si.

Nous nous éclipsâmes avec Isaac lorsque Glen fut pris en otage par Tara, impatiente de le présenter à je ne sais qui. Je soufflai dans un coin isolé, ravi de pouvoir courber mon dos et arrêter de sourire par politesse.

— C'est vraiment que pour Glen que je fais ça, me plaignis-je en desserrant ma cravate.

— C'est pourtant assez calme.

— Je n'aime pas... l'atmosphère de ces gens.

J'englobai la salle de larges gestes de la main, les mettant tous dans le même paquet. Ce monde d'hypocrisie et d'argent ne me convenait pas. C'était tout ce que j'avais fui avec mon père ; fausseté et mégalomanie. Il n'y avait qu'à voir cette Tara pour comprendre que Glen était ici uniquement grâce à l'argent de son sponsor. Sans cela, « l'outsider » de l'exposition n'aurait jamais été.

Nos Amours aux Parfums de GlaceOù les histoires vivent. Découvrez maintenant