Chapitre 26 - Partie 2

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Je dormis sans rêve ni cauchemar. Juste assez pour donner un sursit à mon corps courbaturé des quelques heures que je dormais à peine chez moi. Mon esprit c'était mis en pause.

À mon réveil, le son de la télévision était bas et des voix discrètes provenaient de la cuisine. Je me dépliai de ma position fœtale assise et regrettai aussitôt. Ma nuque pulsa de douleur, mon dos craqua à l'instar de mes genoux. Je massai ma nuque, le haut de mes épaules et déglutis plusieurs fois pour faire passer l'arrière-goût infâme de la tisane soi-disant digestive. La tête légère, quoi qu'avec un sous ton de migraine coriace, je balayai le salon des yeux. Maman parut peu après, une nouvelle tasse fumante en main.

— Dis-moi que ce n'est pas du fenouil à l'eau.

— Ce n'en est pas, ria-t-elle doucement.

Elle déposa la tasse sur la table basse et passa sa main sous les quelques mèches trop longues de mes cheveux, s'assurant que je n'ai pas de fièvre.

— Tu as mal quelque part ? s'enquit-elle.

— Pas vraiment. Surtout à la nuque.

— En même temps, vu comment tu dormais, c'était inévitable.

Je relevai les yeux vers Emy, les mains pleines d'une assiette sur laquelle reposai une part de gâteau.

— Je n'ai même pas remarqué que je m'endormais.

Elle haussa une épaule, occupée à manger plutôt qu'à s'inquiéter pour moi. Ma mère la chassa de là en lui demandant si elle n'avait pas des devoirs plutôt que de manger le gâteau fait pour son frère. Evidemment, Emy n'en démordit pas, s'emportant dans une tirade typique des petites-sœurs adolescentes, comme quoi il n'y en avait que pour moi, qu'elle ne lui faisait pas de gâteau aux noix quand elle était malade, et d'autres vérités contrées par celles de maman. L'altercation modérée bifurqua sur tout autre chose qui finit par faire taper des pieds à Emy en montant dans sa chambre. Maman soupira, un sourire désolé. Je rajustai le plaid sur mes épaules et avisai la tasse, content d'y sentir une alléchante odeur de chocolat plutôt que celle des herbes infusées. Une petite assiette la rejoignit et je remerciai maman pour le gâteau.

— Je sais que tu es assez grand pour gérer tes problèmes seul, Lee, mais je me suis permise de décrocher quand Isaac t'a appelé.

— Il l'a fait ?

Elle affirma et je lui demandai ce qu'ils s'étaient dit. Peu de choses, en somme, et très certainement parce que c'était ma mère qu'il avait eu au bout du fil. J'avais des questions à lui poser mais l'énergie me manquait. La bulle d'oxygène que je m'accordais ici me tentait bien plus que d'affronter mes problèmes.

Encore un peu.

Je voulais en profiter encore un peu. Me ressourcer, me recharger avant de braver la tempête à venir.

— Tu devrais le rappeler. Il avait l'air inquiet.

— Je vais le faire. Après avoir mangé ça.

Maman approuva puis retourna à ses occupations. Loin d'elle l'idée de m'accabler pour avoir sécher mes cours ou de venir ici pour me cacher, elle me donnait du temps. Du temps pour réfléchir au calme, loin de l'atmosphère pesant et négatif qui flottait chez moi, chez Isaac ou à l'université. Du temps pour remettre de l'ordre dans ma tête, pour trouver le courage de faire face à ce qui me terrifiait. Mille et une questions me tourmentaient. Elles envahissaient mon esprit, le saturaient, l'envenimaient de mille et une réponses hypothétiques. À défaut de parvenir à les poser, mon cerveau imaginait lui-même les réponses. Et, dans sa grande bonté, elles étaient toutes plus affreuses les unes que les autres. Glen ne m'aidait pas. Son mensonge me blessait, m'inquiétait. Il m'accusait d'être égoïste mais n'écoutait pas plus ce que j'avais à dire. Le dialogue, ainsi fermé, nous heurtait à un mur, tant d'un côté que de l'autre.

Nos Amours aux Parfums de GlaceOù les histoires vivent. Découvrez maintenant