Chapitre 20 - Partie 1

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J'allumai la lumière du couloir et cherchai mes clés dans mon sac. Une silhouette, adossée à côté de ma porte d'entrée, attira mon attention. Je pressai le pas, mon écharpe m'étouffant à moitié à chaque foulée.

— Salut.

— Pourquoi tu n'es pas rentré ? Tu as la clé. Il fait super froid.

Glen sourit mais ses yeux restèrent éteints. Je déglutis et fis mine de chercher la bonne clé sur mon trousseau – je n'en avais que deux, une pour la porte, l'autre pour la boite aux lettres.

— Je ne savais pas si je pouvais, précisa-t-il d'une voix enrouée.

J'insérai la clé dans la serrure, déverrouillai la porte et me retournai si furieusement que mon écharpe se détacha.

— Si c'est pour mourir d'une pneumonie devant chez moi, la question ne se pose même pas !

J'ouvris la porte et le poussai à l'intérieur. L'humidité et le vent baissaient le ressentit de température. L'automne était tout aussi instable que ma vie actuelle, à souffler le chaud et le froid, à pleurer jusqu'à en être déshydrater, puis, parfois, un rayon de soleil perçait l'épais manteau gris des nuages. Je ne donnais pas cher de cet hiver.

Mon cerveau fusa à mesure que je me déshabillai. Une semaine. Cela faisait une semaine que je n'avais pas vu Glen. Une semaine où trop de choses s'étaient passées en trop peu de temps ; Halloween, le week-end à Owl Creek, la tempête, ma demande à Isaac, mon père, et puis Glen à nouveau chez moi. Seul. Et tant d'autres choses qui attendaient leur tour.

Mon portable en main, j'envoyai un message à Isaac. Glen resta planter au milieu du salon, les bras balans, le regard incapable de se fixer quelque part.

— Va au moins prendre une douche, lui proposai-je depuis la cuisine. Histoire de te réchauffer.

Il hocha la tête et disparut tel un fantôme. Un fantôme, c'était ce à quoi il ressemblait. Depuis cette soirée où sa colère avait explosé, il ne restait rien. Des miettes d'un Glen que je ne reconnaissais pas. Il errait, le regard absent, les lèvres gercées, les yeux cernés. Tout son être irradiait d'une tristesse pesante. Si lourde qu'il ployait en-dessous, l'échine courbée, les épaules voûtées. L'absence de nouvelles de ses parents n'arrangeait rien. Mais quelque chose était brisée. J'avais l'intime – l'horrible – conviction de retenir en otage un morceau de son être, enchaîné contre mon gré, sans possibilité d'en trouver la clé.

Le bruit de la douche me rassura un instant. J'allumai la machine à café – addiction quand tu nous prends – et un autre poids s'envola à la réception d'un message.

« J'arrive. »

Je respirai.

Mon radeau de sauvetage, mon oxygène, mon phare dans la nuit arrivait. J'inspirais mieux. J'expirais tout simplement.

Je préparai trois tasses : une bleue, une verte et une blanche. Comme si celle de Glen ne s'était jamais brisée. Une de café noir, les deux autres de café latte au lait végétal. L'eau coulait toujours dans la salle de bains. Je toquai à la porte et prévins Glen que des affaires propres et sèches l'attendaient au sol. Le jet d'eau se ralluma et je ne le pressai pas.

L'attente me parut interminable. Autant j'espérais que Glen prolonge sa douche mais je priais qu'Isaac se dépêche. Mes prières portèrent leurs fruits quand, dix minutes plus tard, j'ouvris à Isaac. Un baiser sur le front comme bonsoir, des murmures pour se rassurer, savoir que tout allait bien, ses pas feutrés chez moi comme une évidence. Une évidence d'autant plus parfaite lorsque mon étincelle d'or apparut, la peau encore rougit, les cheveux humides et les yeux brusquement vivants.

Nos Amours aux Parfums de GlaceOù les histoires vivent. Découvrez maintenant