Chapitre 30 - Partie 1

260 26 4
                                    

Noël était arrivé à vive allure. Les vacances scolaires, à cette période, ne permettaient aucun repos aux étudiants. Entre les rassemblements de famille, les repas lourds et interminables, la course aux cadeaux, les révisions à ne pas oublier, l'euphorie des premières neiges, l'angoisse des examens à venir que l'on repoussait, respirer et ralentir le rythme n'était pas possible. J'avais passé le réveillon et Noël chez ma mère, avec Emy et Luc, tout spécialement rentré pour l'occasion, à la grande joie des deux femmes de ma vie. Les journées, chargées de préparation en cuisine, de sessions décorations et courses de dernières minutes n'empêchaient pas les soirées de s'étirer à des heures tardives mais non moins joyeuses. De jeux de société aux vieux albums photos, les rires, les exclamations, les anecdotes et les sourires bercèrent chacune de nos soirées à la lueur des étoiles glacées dans le ciel. L'hiver s'était installé durablement, nous offrant dessins de givre aux fenêtres et manteau immaculé blanc sur tout Asheville. Le froid mordant ne nous avait pas arrêté avec Emy. Une bataille de boule de neige n'attendait pas. Emmitouflés sous des épaisseurs, seuls nos visages embrassaient la froidure de l'air, ignoré par ce sentiment de joie alors que nous nous acharnions à gagner cette guerre enfantine. Bien sûr, il y avait eu des éternuements, des tasses de tisane au miel fumantes et des douches bien chaudes.

Hors du temps, ces quelques jours nous avaient tous ressourcé. Isaac et Glen étaient respectivement rentrés chez leurs parents pour cette fête. Des photos, des messages et même des appels avaient comblé la distance qui nous séparait, nous promettant de se voir dès que possible. Glen s'était vanté de passer un Noël très doux, au point de pouvoir sortir à l'extérieur en tee-shirt. L'avantage des Etats du Sud. Quand lui avait les pieds dans le sable, Isaac les avait dans la litière forestière et moi dans cette mince couche de neige exceptionnelle pour la région. La fin de l'année approchait à grand pas et pour le nouvel an, nous devions nous retrouver. C'était le plan, le notre, celui qui nous tenait à cœur.

Jusqu'à ce que je reçoive un message de Tim m'invitant à passer le nouvel an avec lui et Fabian.

Le post-scriptum m'insupporta encore plus que l'invitation en elle-même :

« PS : tu peux venir avec Isaac et/ou Glen, ça me ferait plaisir. »

Ce que je me fichais de lui faire plaisir ou non. Il était hors de question de passer le nouvel an avec lui et encore moins avec mon père. Si seulement ma mère et Isaac ne s'en étaient pas mêlés une fois mis au courant.

— C'est une mauvaise idée !

Je grimaçai au grésillement dans le combiné provoqué par son soupir. Cela faisait un quart d'heure déjà que nous débattions au sujet de l'invitation de Tim. Si maman m'avait tiré les vers du nez face à ma mauvaise humeur, Isaac lui, avait carrément reçu un message de la part de mon frère. L'idée qu'il puisse envisager d'y aller ne m'avait pas traversé l'esprit. Bien qu'à y réfléchir, des années en arrière, Tim et lui étaient amis. Je ne savais même plus pourquoi ils s'étaient éloignés mais cette demande soudaine me rendait perplexe.

— Je comprends que passer cette soirée en présence de ton père ne te réjouisse pas mais...

— Si tu comprends alors pourquoi insister ? le coupai-je.

— Lee, ton père a eu un AVC hémorragique. Rien ne peut garantir qu'il restera encore longtemps en bonne santé.

Mes lèvres se pincèrent. Cramponné à mon téléphone tout en enfilant mes chaussures, je m'efforçai au calme, à inspirer puis expirer lentement. Ma mère me gardait à l'œil depuis le salon malgré les babillages d'Emy. Je secouai la tête et me redressai, mon portable coincé entre mon épaule et mon oreille pour attraper ma doudoune.

Nos Amours aux Parfums de GlaceOù les histoires vivent. Découvrez maintenant