Chapitre 5 - Partie 2

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Être étudiant en art ça n'avait décidément rien à voir avec des études classiques. Là où je restais le cul vissé sur une chaise devant un écran à faire des calculs, Glen se tenait droit sur un tabouret, pinceau à la main. Heureusement pour moi, ce n'était pas de la peinture à l'huile aujourd'hui.

La salle de classe avait une disposition particulière. En quatrième année, le nombre d'étudiants étaient moindre, peu importait le département. Il y avait toujours des abandons, des personnes qui changeaient de voie, d'université, qui prenaient une année sabbatique. À chaque rentrée, nous étions moins nombreux. Le département d'art n'y échappait pas.

Les chevalets étaient répartis en arc de cercle avec chacun leur tabouret. Des placards couraient en bas des murs et surtout, il y avait de la lumière. De partout. Beaucoup d'ouvertures naturelles, mais aussi des lampes ici et là.

Il était proche de dix-neuf heures et Glen ne cessait de retoucher son tableau. Je la trouvai très bien, moi, cette peinture. Un... ciel, gris, déprimant et qui foutait carrément le cafard. Non mais c'était très bien fait, j'avais envie de me mettre en boule dans un coin en me demandant si la vie méritait qu'on la vive.

Très réussi, donc.

— Pourquoi tu m'as demandé de venir si tu n'as pas fini ? demandai-je en quittant des yeux mon ordinateur portable.

— Justement parce que je n'ai pas fini.

Il était imperturbable. Lorsqu'il peignait, même un ouragan ne le déconcentrait pas.

Je m'efforçai à revenir à mes corrections. J'avais envoyé un mail à Isaac, comme demandé plus tôt, mais il ne m'avait toujours pas répondu. J'avais donc sauté le passage problématique pour avancer. Du moins, c'était le plan.

Mes yeux se perdirent à nouveau au-dessus de mon écran. De profil, Glen ressemblait à ces statues de pierre que les étudiants spécialisés essayaient de reproduire ; un nez droit, sans imperfection, une bouche proportionnée, l'os de la mâchoire marquée, une pomme d'Adam visible. La différence résidait dans les couleurs. Il n'était pas blanc, gris ou brun, mais fait de nuances, d'un camaïeu d'ambre : le foncé de ses cheveux au doré de ses yeux, en passant par sa peau de miel. Plus beau encore que l'œuvre devant lui.

— Un problème ?

Je l'avais fixé trop longtemps. Je baissai les yeux, feintant de l'intérêt pour mon écran. Je l'entendis rire et souffler en même temps.

Lorsque j'osai relever la tête, rien n'avait changé. Il pouvait rester des heures sans bouger, à l'exception de sa main peignant encore et encore. Inlassablement. Jusqu'à être satisfait, ou suffisamment pour décréter une pause. Mais pas ce soir.

— Leelee, qu'est-ce qu'il y a ?

— Rien.

— Tu n'arrêtes pas de me fixer.

— C'est faux.

Il baissa sa main de la toile. Son rire était à mi-chemin entre l'amusement et l'impatience. Il regarda le plafond avant de reculer son tabouret et poser son pinceau sur son socle.

— Crache le morceau.

Je me pinçai les lèvres, incapable de soutenir son regard.

— C'est à cause de vendredi soir ? hasarda-t-il doucement.

L'air me manqua et avant que je ne trouve le courage de répondre, Glen posa cette question qui me déchira le cœur :

Nos Amours aux Parfums de GlaceOù les histoires vivent. Découvrez maintenant