Chapitre 31 - Partie 1

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Ça ne me plaisait pas. Mais alors, vraiment pas. Les quelques jours écoulés depuis Noël avaient été intense tant en révision qu'en débat quant à savoir où nous fêterions le nouvel an. Après des heures entières à aller d'arguments en contre-arguments, voilà que nous nous tenions devant la porte d'entrée de l'appartement de mon frère, à Charlotte. Et quand je disais « nous », je parlais d'Isaac, Glen et moi. Dire que je n'aimais pas ça était un euphémisme. Pour moi, Thanksgiving et Noël se fêtaient en famille quand le nouvel an était plus propice à se faire entre amis. Si en plus la famille en question se composait de mon frère et de mon père, je ne donnais pas cher de l'année à venir.

— Ça va aller, m'assura Glen, une main un peu trop voyageuse pour faire passer ça pour de l'amitié.

— Tu n'as jamais rencontré mon père, marmonnai-je les dents serrées.

Il haussa les épaules, l'air de rien. Il ne l'avait peut-être jamais rencontré en personne mais entendu bien assez de choses à son sujet. Au moins pour ne pas lui donner envie d'être ici dans l'immédiat.

Après avoir appuyé sur la sonnette, Tim arriva assez vite. Bien habillé, quoi que sans faire de zèle non plus, il nous accueillit aussi chaleureusement que le pouvait un Sullivan. Pas de grandes embrassades ni d'exclamations bruyantes. Tout se fit dans un calme gênant, aussi froid que l'air extérieur.

Je venais pour la première fois chez mon frère. L'appartement, dans des tons blancs et gris, apparaissait impersonnel. Bien que moderne et rangé au carré, difficile de dire s'il était ou non habité. Tim nous conduisit jusqu'au salon où un apéritif attendait sur la table basse encerclé de fauteuils et d'un canapé noir.

— Installez-vous où vous voulez. Je vais chercher de quoi boire.

L'absence de Tim ne me dérida pas. L'ancien manteau d'une cheminée avait été repeint et servait de décoration autour d'un poêle à granulés où les flammes craquaient et noircissaient la vitre de ses langues ardentes. Un épais tapis sous la table basse rendant le coin aussi cosy que le permettait cette absence de couleur. Aucune photo n'habillait les murs ou les dessus de meubles, mais des tableaux, souvent dans les mêmes teintes tristes du reste de l'appartement, remplissaient les espaces vides. Je m'y attardai un instant, reconnaissant parfois un paysage froid, borne ou des objets inanimés sans grand intérêt. L'attention de Glen était aussi porté sur les peintures, visiblement plus sensible que moi quant aux goûts de Tim.

— Oh, j'aime beaucoup ce peintre. Il a dû dépenser pas mal d'argent pour se l'offrir.

Sans doute. Ce n'était pas comme si mon frère n'avait pas d'argent, loin de là.

Isaac se montra plus discret que Glen, qui fit le tour de la pièce, plus agréable aussi que moi, dont les sourcils froncés me trahissaient. Qu'importait, je n'allais pas faire semblant d'être ravi, bien que ne pas voir l'ombre de mon père décrispait déjà mes épaules.

La lumière de la cuisine jetait une masse blanche contre le sol gris béton, régulièrement coupée par l'ombre de Tim. Le bruit de la vaisselle, des bouteilles et des placards résonna dans l'appartement trop silencieux pour une soirée festive. Lorsqu'il revint dans le salon, un plateau en main, il le posa sur un coin de la table basse tout en nous demandant ce que nous voulions. Il indiqua, dans la foulée, le rangement sous la table où il stockait ses alcools.

Isaac l'aida avec le service quand Tim tenta tant bien que mal – quoi que, plus mal que bien – de réchauffer l'atmosphère en lançant des sujets de discussion. Sauf que Tim, comme Fabian, n'était pas doué en matière de sociabilité. Heureusement pour lui, Isaac ne laissa pas de blanc s'installer jusqu'à ce que Glen ait fini son tour pour de suite embrayer sur les différents tableaux.

Nos Amours aux Parfums de GlaceOù les histoires vivent. Découvrez maintenant