L'automne s'était bel et bien installé depuis un moment. Si l'été s'était entêté sur plusieurs semaines, le froid l'avait finalement emporté, obligeant les Nord-Caroliniens à se couvrir en extérieur. Le vent de la fin octobre était gelé. La nuit, les températures tombaient en-dessous des 50°F* et il pleuvait régulièrement. Je resserrai ma veste contre moi, et suivis Isaac en silence. Nous marchâmes ainsi un moment, longeant les rues tantôt sous le crachin des lampadaires, tantôt dans l'obscurité de la nuit. Asheville avait ses quartiers populaires, ceux qui ne dormaient pas et d'autres bien plus tranquilles. Les voitures passaient sans s'arrêter, quelques noctambules trainèrent ici et là, solitaire ou accompagné, avec ou sans alcool dans le sang. Nous n'étions pas loin de l'université. En pleine semaine, peu d'étudiants arpentaient les rues de la ville.
Isaac marchait en direction de mon appartement. C'était une mauvaise idée. Glen y était, sans doute pas encore endormi. Il m'attendait toujours, comme s'il craignait que je ne rentre pas alors qu'il était le plus susceptible de nous deux à disparaître par pure colère.
Isaac l'était. En colère.
Son mutisme, la raideur dans ses épaules et ses sourcils froncés, autant d'indices qui me permettaient de l'affirmer. Rien ne bon ne nous attendait. Je ne l'arrêtai pourtant pas. Je ne lui fis pas part de mes inquiétudes, ne cherchai pas à le dissuader, à le convaincre que j'allais arranger moi-même les choses avec Glen. Ça n'aurait servi à rien.
Lorsque j'ouvris la porte d'entrée, le son de la télévision me parvint. La lumière de la cuisine éclairait en partie l'appartement. Je m'annonçai et Glen ne répondit pas. Il était plus de minuit et la fatigue me rendait sensible au froid, moins patient et plus irritable. La nuit allait être mouvementée.
J'appelai de nouveau Glen et le vis endormi sur le sofa en entrant dans la pièce à vivre. Isaac sur mes talons, il éteignit la télé, ce qui réveilla Glen. Il papillonna des paupières un instant et sourit en croisant mon regard. Les bras tendus, il noua les mains derrière ma nuque et se redressa pour m'embrasser.
— Bonsoir toi.
— Glen...
Son sourire s'effaça à l'instant où Isaac pénétra son champ de vision. Autoritaire, celui-ci saisit mon menton et plaqua sa bouche contre la mienne. Mon cœur frisa l'arrêt et le chaos tomba.
Glen bondit et Isaac me tira vers l'arrière, un bras en travers de mon torse.
— Putain mais tu veux qu'on se foute sur la gueule en fait.
— Tu deviens grossier.
— Ah ! Mes excuses très cher si mon langage de sied guère à votre délicate oreille. Il est vrai que l'heure est fort adaptée à pareil débat linguistique.
La cage thoracique d'Isaac se gonfla dans mon dos et je l'interrompis avant que tout ne s'envenime.
— Stop ! Stop ! Et stop !
Bras tendus de part et d'autre, je m'étonnai moi-même du silence que je parvins à imposer. Glen était à deux doigts de sauter par-dessus le sofa pour en découdre avec Isaac et Isaac n'en menait pas plus large. Coincé entre deux fronts, je ne pouvais plus reculer. Eviter les balles et continuer de me promener comme si je ne marchais pas sur un champ de mines nous amenaient précisément à cet instant. Une confrontation, une mise au point que je devais mener, pour que l'armistice soit signé. Du moins, je ne pouvais que l'espérer.
— Est-ce qu'on peut avoir une discussion sans insulte, sarcasme ou porte qui claque ?
— Si c'est pour me bassiner avec ton histoire de relation à trois, ne compte pas sur moi, Leelee. Je t'adore mais pas au point de le supporter lui.
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Nos Amours aux Parfums de Glace
Romance« 𝘌𝘵 𝘥𝘰𝘯𝘤 ? 𝘘𝘶𝘦 𝘴𝘶𝘪𝘴-𝘫𝘦 𝘦𝘯𝘵𝘳𝘦 𝘭𝘢 𝘷𝘢𝘯𝘪𝘭𝘭𝘦, 𝘭𝘦 𝘤𝘩𝘰𝘤𝘰𝘭𝘢𝘵 𝘦𝘵 𝘭𝘢 𝘱𝘪𝘴𝘵𝘢𝘤𝘩𝘦 ? » Lee écrit, va à l'université, se moque d'Isaac qui parle à ses plantes d'intérieur, et aide Glen à laver ses cheveux tachés d...