— On a rompu.
L'eau du robinet continua de couler, s'échouant sur la vaisselle qu'Isaac nettoyait avec habitude. Le programme télévisé enchaîna sur une page de publicité complètement débile pour une marque de peinture. Glen la regardait tranquillement, comme si elle était tout aussi intéressante que l'émission précédente. Je déglutis, non sans mal, me redressant sur ma chaise. Mon index gratta machinalement ma joue et j'observai la pièce comme à ma première visite.
— A-Ah bon ? Ça fait longtemps ? Je... Je ne savais pas.
— Pas longtemps après qu'elle soit arrivée, répondit-il comme s'il parlait d'une banalité.
Le bruit des couverts ne rompit pas l'étrange atmosphère autour de la table. Le dos d'Isaac était toujours droit, ses épaules coincées dans sa chemise blanche tendue. Je crois qu'il avait fait couper ses cheveux car ils ne touchaient pas le col de sa chemise.
— Et... elle t'a dit pourquoi ? osai-je demander en jouant avec mes mains.
— Elle a dit qu'elle ne m'aimait plus et qu'elle avait trouvé mieux.
— Quoi ?!! Comment elle peut dire ça ?! Vous étiez bien ensemble ! Et tu l'aimais !
Glen haussa les épaules sans quitter des yeux l'écran de télé. Le programme suivant était une exposition d'art à laquelle je ne comprenais rien. Elle avait le don de m'endormir à chaque fois qu'il la mettait.
J'avais beau fixer Glen, il ne paraissait pas triste. Ni regret ni colère ne perçait sur son visage. Je ne comprenais pas. Il s'était fait larguer par sa copine et ça ne semblait pas le toucher. Soit il était très bon comédien, soit il y avait autre chose.
— Ne parle pas des sentiments des autres, Lee. Rien n'est jamais acquis, intervint Isaac derrière le comptoir.
— Qu'est-ce que je dis de faux ? Tu les as vus ? Ils formaient un beau couple et ils s'entendaient bien. Je ne comprends pas pourquoi elle l'a laissé tout d'un coup.
La chaise de Glen grinça lorsqu'il bougea pour me faire face. Je croisai ses yeux noisette, presque ambré, si particuliers quand il avait ce léger sourire aux coins des lèvres et qu'il me fixait intensément. Ses cheveux châtains éclaircis par le soleil et sa peau tannée faisaient ressortir la couleur de ses iris. Plus je le regardai et plus je le trouvai beau. Pourquoi quitter une personne comme Glen, bel homme, intelligent et attentionnée ? Je ne le comprenais décidément pas.
— J'admire ta capacité à écrire des romans à l'eau de rose tout en étant si ignorant sur les relations amoureuses.
— Qu'est-ce que tu veux dire ?
Glen posa un coude sur la table et appuya son menton contre le dos de sa main, réduisant la distance entre nous. Derrière le comptoir, Isaac coupa l'eau, un torchon à la main.
— Tu veux savoir exactement ce que Marissa m'a dit ? demanda Glen en baissant le ton de sa voix.
Bien sûr que je le voulais ! Si ça me permettait de comprendre pourquoi elle l'avait jeté ou comment Glen faisait pour paraître si serein après une rupture amoureuse. D'ailleurs, depuis combien de temps sortaient-ils ensemble ? Presque un an, de souvenir. Si j'avais été à sa place, je crois que j'aurais pleuré toute la nuit. Peut-être même encore après. Aimer quelqu'un ce n'était pas anodin. S'engager avec encore moins. Et puis, on parlait de Glen ! De ce qu'il me racontait, tout allait bien entre eux, alors pourquoi ?!
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Nos Amours aux Parfums de Glace
Romance« 𝘌𝘵 𝘥𝘰𝘯𝘤 ? 𝘘𝘶𝘦 𝘴𝘶𝘪𝘴-𝘫𝘦 𝘦𝘯𝘵𝘳𝘦 𝘭𝘢 𝘷𝘢𝘯𝘪𝘭𝘭𝘦, 𝘭𝘦 𝘤𝘩𝘰𝘤𝘰𝘭𝘢𝘵 𝘦𝘵 𝘭𝘢 𝘱𝘪𝘴𝘵𝘢𝘤𝘩𝘦 ? » Lee écrit, va à l'université, se moque d'Isaac qui parle à ses plantes d'intérieur, et aide Glen à laver ses cheveux tachés d...