Chapitre 15

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— Arrête de bouger, non de dieu.

— Laisse dieu en dehors de ça. Tu n'y crois même pas.

La pointe du crayon me rentra dans la joue.

— Aie ! Tu fais quoi ? T'essaie de me trouer pour offrir mon sang en sacrifice à Satan ?

Je suivis des yeux le mouvement de Rylan qui ne cessait de me tourner autour. Soi-disant qu'elle changeait d'angle de vue pour réajuster le maquillage. De ma place, j'avais plutôt l'impression qu'elle s'amusait à me tourmenter. Son rire maléfique en témoignait.

— Pour ça, il faudrait que tu sois vierge.

J'ouvris la bouche pour répliquer mais seule une nouvelle plainte en sortie.

— Tu me fais mal.

— C'est bon, j'ai fini. Plus que la lentille et ce sera parfait.

Parfait rien du tout. Je n'aimais pas être maquillé, encore moins par Rylan, aussi douce qu'un camionneur. Et certainement pas pour aller à une fête étudiante.

— Met ta tête en arrière. Bouge pas et cligne pas de l'œil.

J'essayai de me laisser faire au maximum malgré l'appréhension. Plus que le maquillage, je détestais les lentilles.

— Voilà ! Admire l'œuvre et félicite l'artiste !

Face au miroir, je me surpris de mon propre reflet. Encore plus que les lentilles, j'avais la frousse des morts-vivants.

— Bordel, Rylan ! Je déteste les zombies.

Elle leva les yeux au ciel et m'obligea à rester devant le miroir, ses mains sur mes épaules.

— Ecoute-moi bien petit zombie à la cervelle digne d'une compote ; c'est toi qui m'as demandé un truc simple, facile à porter et facile à retirer. Un zombie, c'est parfait !

— Tu pouvais pas juste faire un crâne ?

Elle haussa un sourcil, me toisant depuis le reflet du miroir.

— Détend-toi, Lee. Sérieux, tu verrais ta tronche ces derniers jours, j'l'ai pas inventé ce maquillage, tu déambules déjà comme un mort-vivant. Allez, ce soir on s'éclate et on emmerde ces deux connards.

Par connards elle parlait effectivement de Glen et Isaac. La situation ne s'était pas améliorée, au contraire même. Glen dormait toujours ici mais c'est à peine si on se croisait. Alors se parler, autant rêver. Quant à Isaac, il n'était pas revenu sur le sujet. Ses appels, messages ou mails ne concernaient que le travail. S'il me demandait si j'avais mangé, force est d'admettre que oui, parce que Glen le faisait. Si je m'en sortais avec la lessive ? Oui, parce que Glen le faisait. Le ménage ? Aussi parce que nous nous alternions. En outres, tout ce qui poussait Isaac à venir me voir d'ordinaire était fait par Glen. Mes corrections avançaient bien, tout comme le premier jet de ma nouvelle. Rien, si ce n'est notre amitié, ne justifiait sa présence chez moi – même s'il n'en avait jamais eu besoin.

J'acquiesçai et Rylan me lâcha. Maquillée par ses propres soins, elle versait dans le démon, ou quelque chose du genre.

— Je t'ai ramené des fringues aussi.

Elle se pencha sur un sac en plastique qu'elle me tendit juste après.

— C'est vraiment obligé ?

Nos Amours aux Parfums de GlaceOù les histoires vivent. Découvrez maintenant