1. no one's gonna take my soul away

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Chloé Leclerc - 31 décembre 2022

Des souffles courts, des soupirs rauques.

Une bibliothèque plongée dans le noir.

Deux corps dénudés s'entrechoquent.

Pierre me baise depuis une dizaine de minutes. Il s'affaire dans mon dos, ses doigts plantés dans la chair de mes hanches. Il y met du sien. Ses coups de rein saccadés sont puissants. Il s'enfonce dans mon entrejambe humide en grognant. Est-ce que ce connard a déjà entendu parler du clitoris? J'en doute. Je n'ai pas la force de tout lui apprendre. À vrai dire, je me contente de simuler. Il étouffe mes cris en posant sa main lourde sur ma bouche. Il a visiblement peur qu'on nous surprenne. Alors j'en rajoute. Je crie plus fort. Il m'ordonne de me taire. Ses mots sifflent au travers de sa mâchoire serrée. Je rigole. Pierre est en couple depuis des mois. D'ailleurs, sa petite amie est en train de se servir une coupe de champagne dans la pièce d'à côté.

Pierre est un connard. Le genre que je fréquente depuis que j'ai l'âge de le faire. C'est avec lui que j'ai perdu ma virginité. J'avais dix-huit ans et lui vingt-deux. C'est arrivé un peu par hasard, à la fin des vacances d'été que nous avions passées sur un yacht dans la Méditerranée. Il était venu me voir dans ma chambre après une soirée légèrement arrosée. Pendant que les autres dansaient sur les tables et se saoulaient, nous baisions comme des animaux. Personne ne le sait. Pas même Arthur à qui je raconte à peu près tout.

Depuis ces vacances enflammées, Pierre a perdu de son charme et de sa superbe. J'ai grandi et je ne l'idéalise plus. Ses yeux bleus en amande n'ont plus le même effet. J'ai bien vu qu'il rabattait ses cheveux sur son front pour cacher une calvitie naissante. Je le laisse se finir entre mes cuisses en masquant mon dégoût derrière un faible sourire. À peine s'est-il retiré que je remonte mon string en coton et replace ma mini-jupe plissée. Il s'est appuyé contre le bureau en chêne massif de la bibliothèque pour reprendre son souffle. Sa bite vidée de toute vigueur pend. Cette fois-ci, je ne fais aucun effort pour cacher mon dégoût. Une grimace étire mes lèvres. Je me détourne. Pierre chuchote:

- Tu n'as pas changé...

- Toi non plus.

Je sais... c'est mal de mentir, mais je n'ai jamais prétendu être quelqu'un de bien. Je prends tout, je ne donne rien. Je ne pense qu'à moi. Pierre ne me plaît plus vraiment. Je me suis servie de lui pour tromper l'ennui. Autant coucher avec lui plutôt que de raconter des banalités aux invités de mon frère.

- Je peux compter sur toi?

- Pourquoi?

- Pour que ça reste notre secret.

- T'en fais pas. Francisca n'en saura rien.

- Tu es vraiment parfaite.

Pierre, sourire béat sur ses lèvres, s'approche et embrasse tendrement mon front. Il caresse aussi ma joue. Je me retiens de lever les yeux au ciel. Je déteste la douceur. Encore plus quand elle vient d'un séducteur sans scrupules. L'autorité de ma voix est naturelle:

- Je te laisse rejoindre les autres. Je sortirai de ma cachette dans une dizaine de minutes. Le temps de retoucher mon maquillage.

Quand je regagne enfin l'immense salon de l'appartement de Charles où des dizaines de gens se sont amassés pour bavarder et trinquer, mes yeux se posent premièrement sur mon frère. Il a l'air heureux. Et pourtant, je le sais, il a le cœur brisé depuis qu'il s'est séparé de Charlotte. Nous n'en parlons pas. À vrai dire, nous ne parlons pratiquement plus. J'ai passé quatre ans à Paris, loin de Monaco et de ma famille. J'avais besoin de prendre mes distances. Aujourd'hui, le fossé est si profond que nous ne savons plus comment le traverser. Charles me reproche de l'avoir creusé toute seule et moi, je lui en veux de m'avoir ramenée de force dans cette foutue Principauté.

bad girls do it well // Max VerstappenOù les histoires vivent. Découvrez maintenant