3. I've got a war in my mind

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Chloé Leclerc - 2 mars 2023

Paris... la ville de l'amour! Romantique! Magique!

Mon Paris à moi avait tout de l'Enfer.

Sordide et sombre.

J'y ai passé quatre années de ma courte vie. Pour être honnête, j'aurais aussi pu choisir Londres ou Rome. Tout ce qu'il me fallait, c'était un endroit où disparaître. Je voulais me noyer dans la masse et me faire oublier. À Paris, personne n'avait entendu parler de Chloé Leclerc.

J'ai toujours vécu dans l'ombre de mes frères. Le seul problème, c'est que cette ombre n'était pas assez épaisse. Elle ne me recouvrait pas complètement. Charles et Arthur passaient avant moi, certes, mais je faisais tout de même partie de l'un des familles les plus en vue de Monaco. J'étais d'abord fière de porter le même nom qu'eux. Les choses ont changé quand mon père est mort.

Vous connaissez déjà cette histoire... Hervé n'avait que 54 ans quand il est décédé d'un cancer foudroyant. Le drame m'a complètement emportée. Je ne me souviens de rien. Pas même de son enterrement. J'avais l'impression de me noyer. Pendant que je luttais pour garder la tête hors de l'eau, mes frères et ma mère s'en remettaient dignement. Ils ont fait preuve d'une force incroyable qui me faisait défaut. Charles n'a jamais cessé de piloter, Arthur n'a manqué aucun cours et Enzo n'a pas versé une larme. Les trois frères ont fait front. Même ma mère a tenu bon. Moi... moi je passais tout mon temps dans mon lit. Les jours et les semaines se sont écoulées, mais ma peine ne s'est pas estompée. Elle s'est logée profondément dans mon coeur.

Le chagrin, c'est ce qui m'a poussée à quitter Monaco. Je me suis mise à l'écart toute seule. Je suis allée vivre à Paris pour oublier que ma famille ne serait plus jamais la même. J'y ai passé quatre ans. Quatre ans de fête et de débauche. Je me suis éloignée des miens. Je les ai ignoré. Et puis un matin, Charles s'est pointé. Il n'a pas du tout aimé ce qu'il a découvert. Il a tout de suite détesté la jeune femme que j'étais devenue.

Mon frère s'est mis en tête de me sauver. Il m'a obligée à rentrer avec lui. Il s'imagine que je vais changer parce que je vis depuis trois mois dans son énorme appartement où l'on dort tôt et où l'on mange des légumes. Il a aussi trouvé une psychiatre qui me rend visite tous les mardis. Ce n'est pas à elle que j'ai envie de parler. Ce que je voudrais, c'est que Charles prenne lui-même les choses en main. Je rêve de pouvoir enfin lui confier ma peine. Une discussion franche et ouverte nous ferait le plus grand bien. Seulement voilà... je ne sais pas par où commencer. Je garde le silence par peur de dire quelque chose que je pourrais regretter.

Charles ne peut me surveiller constamment. Alors il a décidé que je l'accompagnerai aux quatre coins du monde pendant le championnat. La première course de l'année a lieu à Bahreïn. Je suis justement assise à l'arrière d'un mini-van qui nous conduit au circuit de Sakhir. Charles lève à peine les yeux de son téléphone pour me demander:

- Comment tu vas?

C'est rare qu'il s'adresse aussi directement à moi. J'ai besoin de quelques secondes pour trouver mes mots. Le court silence refroidit Charles qui se sent obligé de rectifier:

- Te fatigue pas...

- J'allais répondre... c'est juste que je ne savais pas quoi dire!

- La plupart des gens normaux se contentent de répondre "ça va bien et toi?", mais j'imagine que tu ne peux rien faire comme les gens normaux...

Voilà... encore un exemple de la distance qui s'est installée entre nous. Nous ne sommes plus en mesure de discuter. Tout peut conduire à une dispute. Une simple question innoncente et nous voilà plongés dans un silence gênant. J'ignore Charles jusqu'à ce que le chauffeur nous dépose au circuit. Nous sommes accueillis par une assistante. Elle nous emmène dans le paddock. Je ne sais pas ce que je fous là. Je suis mon frère en évitant les regards des gens que nous croisons. On ne me reconnaît pas. J'imagine même que certains pensent que je suis la nouvelle conquête du pilote. Hilarant. J'aurais peut-être dû rester à l'hôtel et profiter du spa. Ceci d'autant plus qu'il n'y a rien à faire aujourd'hui. C'est la journée des conférences de presse. Je vais donc attendre Charles pendant des heures.

bad girls do it well // Max VerstappenOù les histoires vivent. Découvrez maintenant