2. raising hell all over town

4.1K 155 33
                                    

Max Verstappen - 1er janvier 2023

Bonne année!

Ouais...

J'aurais aimé que la mienne débute autrement.

Je suis assis au fond d'une boîte de nuit avec une petite dizaine d'amis. La crème de la crème. Nous sommes jeunes, beaux et riches. Autrement dit, la vie nous sourit. Le DJ est plutôt pas mal, l'alcool coule à flot et une demi-douzaine de groupies se trémoussent devant notre secteur. Je devrais être heureux, rejoindre mes potes sur la piste et leur dire à quel point je les aime en hurlant dans leurs oreilles, mais l'envie me manque. La faute à Kelly. Je ne devrais pas être ici, mais ma petite amie a encore gâché notre soirée.

Ça lui arrive souvent. Je dirais même de plus en plus souvent. Au début, elle était parfaite. Je crois que c'est son sens de l'humour qui m'a charmé. Je lui ai proposé un dîner, en imaginant qu'une fille aussi jolie qu'elle me remballerait. Elle était plus âgée et plus mature. Et surtout, elle avait une fille avec le pilote que je venais de remplacer chez Red Bull. Autant dire qu'elle n'avait aucune raison d'accepter mon invitation. Ce que je ne savais pas, c'est que Kelly n'a pas froid aux yeux. Elle a dit oui sans même hésiter. Peu de temps après, nous avons officialisé notre relation. Tout est allé très vite. C'était presque flippant. Elle passait son temps à m'attendre en lingerie et m'accompagnait aux quatre coins du monde. Je trouvais ça un peu bizarre. Je n'arrêtais pas de lui dire de se trouver un passe-temps. J'aurais mieux fait de me taire. Pour s'occuper pendant que je pilotais, elle s'est investie dans ses réseaux sociaux. Elle partageait son quotidien avec ses followers. Par la force des choses, elle s'est aussi mise à offrir ma vie aux yeux de tous.

Sortir avec une influenceuse, c'est un cauchemar. On passe son temps à attendre que chaque repas soit ingénieusement immortalisé, on subit les mises en scène parfaites que l'autre élabore et on sourit à s'en décrocher la mâchoire. Tout est bon à prendre. Un dîner au bord de l'eau? Photo. Une séance de sport dans la nature? Photo. L'achat de nouvelles chaussures hors de prix? Photo. On se vend au plus offrant. Kelly a été engagée par des dizaines de marques pour promouvoir leurs produits. Honnêtement, j'ai parfois l'impression qu'elle se prostitue. Elle ferait n'importe quoi pour renforcer sa popularité et négocier de nouveaux contrats toujours plus juteux.

Ce soir, elle m'a d'ailleurs proposé de poser avec elle pour souhaiter une merveilleuse année à ses abonnés. Je n'ignore pas que les publications où j'apparais marchent mieux que les autres. Lassé, j'ai refusé. J'ai expliqué à Kelly que cette soirée n'appartenait qu'à nous. Elle n'a pas compris. Elle m'a accusé de ne pas soutenir sa carrière. On s'est mis à crier et à se balancer des horreurs. Je l'ai laissée en plan et j'ai rejoint Charles chez lui pour me changer les idées.

Maintenant que je suis assis dans cette putain de boîte de nuit, je me dis que j'aurais dû poser pour cette foutue photo et m'éviter des ennuis. Charles est tout aussi sombre que moi. Il semble ruminer en enchaînant les verres. Je finis par lui parler:

- Qu'est-ce qui va pas?

- Toi d'abord.

- Kelly.

- Chloé.

On partage un regard entendu en descendant une nouvelle gorgée de nos verres. Charles sait déjà  tout de ma relation avec Kelly. En ce qui concerne Chloé, la revoir ce soir a été un vrai choc. Je l'avais rayé de mon esprit et relégué au rayon des souvenirs de mon adolescence. Dans ma tête, elle était restée une enfant aux cheveux bruns coupés au carré et aux yeux pétillants. Je me souviens de ses cris au bord des circuits. Elle s'abîmait les cordes vocales en hurlant le prénom de son frère. Elle suivait Charles partout. Elle insistait pour être là lors de chaque course. Chloé était une mascotte énergique, drôle et turbulente. Alors forcément, elle me détestait. J'étais le seul à pouvoir battre son frère et elle avait du mal à l'accepter.

Ce soir, quand je l'ai aperçue seule au fond du salon, le regard vide et la moue boudeuse, je l'ai immédiatement reconnue. Et ceci même si elle s'est métamorphosée. Chloé n'a plus rien de la fillette qu'elle était. Fini les sourires, les grimaces et les caprices de l'enfance. Elle s'est assombrie. Elle a laissé pousser ses cheveux sur ses épaules et s'est décolorée. Les racines sont visibles. Ça lui va plutôt bien. Son maquillage est marqué. Un trait d'eye-liner noir orne ses paupières, alors que ses lèvres sont teintées de rouge. Contrairement aux autres filles qui ont été invitées chez Charles, Chloé se démarque. Elle ne ressemble pas à une première de classe ou à la belle-fille idéale. Elle a l'air dangereuse. Obscène. Vous voulez la vérité? Elle pue le sexe. Il n'y a que comme ça que je peux la décrire. Charles me sort de mes rêveries:

- Elle va vraiment mal...

- Pourquoi?

- J'en sais rien.

- Je croyais qu'elle vivait à Paris.

- C'était le cas. Elle a fait une école de stylisme pendant presque quatre ans, mais elle ne donnait jamais de nouvelles. Je suis allée la voir à la fin de la saison, parce que ma mère s'inquiétait. Max, tu n'imagines même pas dans quel état je l'ai trouvée...

- Alors tu l'as ramenée ici?

- Ouais. Pour qu'elle se remette sur pieds.

- Ça marche?

- J'en sais rien... on ne se parle jamais.

- Ça ne te dérange pas qu'elle s'envoie en l'air avec ton coéquipier?

Ok, ok... vu le regard que Charles me lance, je n'aurais peut-être pas dû poser cette question. On dirait qu'il veut me tuer. C'est amusant. Je lui donne un léger coup d'épaule pour essayer de le faire sourire. Ça ne marche pas. Il grommelle:

- Je devrais rentrer.

- Charles... ils sont majeurs et vaccinés.

- Je m'en fous qu'elle couche avec lui. J'ai juste peur qu'elle souffre...

Je me retiens de dire à Charles que Carlos prend bien plus de risques qu'elle. Vu le regard qu'elle m'a jeté quand je suis arrivé ce soir, Chloé n'en est pas à son coup d'essai. Je la soupçonne de se taper un tas de mecs sans s'attacher. À l'heure qu'il est, elle est sûrement en train de se faire baiser sur la table basse du salon de son frère. J'en viens pratiquement à regretter de ne pas être allée la saluer. C'est peut-être moi qu'elle aurait choisi pour se défouler.

bad girls do it well // Max VerstappenOù les histoires vivent. Découvrez maintenant