57. the end

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Chloé Leclerc - 23 novembre 2023

L'année a défilé à une vitesse folle. Je ne compte plus les jours, les semaines et les mois. Non. Je compte les Grands Prix, les victoires, les podiums et les points. J'ai tout recensé: le bon début de saison de Max, sa légère avance au classement des pilotes, puis les problèmes mécaniques et la malchance, suivis de la remontée spectaculaire de Charles. J'ai partagé les succès, la joie, la colère, la frustration, l'ennui, la fatigue, ... j'étais là tout le temps, dévouée et passionnée, pour soutenir les deux hommes de ma vie.

Sans oublier Arthur. Mon jumeau a décidé qu'il mettra un terme à sa carrière de pilote à la fin de l'année. Les résultats ne suivent pas. Son envie n'est plus la même. Il veut découvrir qui il est vraiment, loin des paddocks et de l'influence de son aîné. Il m'en a beaucoup parlé. Il m'appelle souvent quand il n'arrive pas à dormir la nuit. Alors je lui ai promis de le soutenir quoi qu'il advienne.

Mais aujourd'hui, ce n'est pas Arthur la priorité. Charles est dans la lumière. C'est lui qui a pris la deuxième place du Grand Prix de Las Vegas pour s'assurer le titre de champion du monde. Il vient de passer le drapeau à damier. Aujourd'hui, rien qu'aujourd'hui, j'ai regardé le Grand Prix depuis l'arrière du garage Ferrari. Je porte un casque qui me permet d'entendre la joie tonitruante de mon frère. Il hurle et hurle encore. Je suis agenouillée sur le sol en béton, mon visage larmoyant caché dans mes mains. C'est le plus beau jour de sa vie, peut-être même l'un de plus beaux jours de ma vie. Arthur est dans mon dos, sa tête posée sur mon épaule. Lui aussi pleure.

Quelqu'un - je ne saurais dire qui - nous relève. Je remarque que l'ensemble des mécaniciens et des techniciens sont déjà partis à la course, là où les trois premières monoplaces se rangent à la fin d'un Grand Prix. Arthur me saisit par le bras pour m'emmener derrière lui. Il me traîne à travers la foule alors que j'essaie d'essuyer les larmes qui continuent de couler sur mes joues. Il y a tant de bruit, d'acclamations, de cris, ... je suis comme assommée par la ferveur. Je suis Arthur au milieu des membres de la Scuderia. On nous propulse vers l'avant, contre les barrières, et c'est là que je le vois enfin sortir de sa voiture rouge vive.

Charles. Mon frère, ma fierté. Il porte encore son casque aux couleurs de Monaco, mais j'aperçois son regard baigné de larmes derrière la visière. Il se hisse sur l'avant de sa monoplace, poing serré et torse bombé, pour rugir. Puis il pointe le doigt vers le ciel. C'est pour papa. C'est pour Jules. C'est pour Anthoine. Les pleurs s'intensifient. Arthur me serre. Charles retire son casque, nous repère et fond dans nos bras ouverts. Il répète une dizaine de fois qu'il nous aime et s'écarte pour reprendre son souffle.

Je suis la cérémonie du podium calée contre le corps d'Arthur. Charles est entouré de George et de Lewis. Max n'est pas là. Il a dû abandonner peu avant la fin. Comme si les astres avaient décidé que la domination du Néerlandais ne pouvait plus durer.

Je suis heureuse pour mon frère, mais je ne peux m'empêcher d'avoir une pensée pour Max. Il a tout donné cette année. Vraiment tout. Il n'a pas baissé les bras, même si sa voiture a tout de suite posé des problèmes. Il s'est battu comme un lion. Il s'est arraché. Je crois que c'est au mois d'août qu'il a compris qu'il ne pourrait pas résister à la remontée de Charles. Il a encore gagné ici et là, mais Ferrari était tout simplement trop fort et trop bien préparé. Sa défaite, il l'a acceptée il y a quelques temps. Il l'a déjà encaissée. C'est pour ça que je ne suis pas complètement étonnée de le trouver au milieu de la foule, sourire léger aux lèvres, applaudir le sacre de Charles.

Je l'observe quelques minutes, le temps d'admirer son profil familier et ciselé, sa mâchoire large, son regard perçant, ... il y a de quoi devenir folle. Je le trouve magnifique. Max ne m'a pas remarquée. Il fixe encore Charles. Je m'approche doucement jusqu'à poser ma main sur le bas de son dos.

- Je suis désolée que ça ne soit pas toi là-haut.

Alerté par ma voix, Max se retourne aussitôt. Il me contemple un instant, sourit et me prend dans ses bras forts. Je m'y fonds en lâchant un soupir de contentement. Enfin.

- Ne sois pas désolée. Tu n'y peux rien.

- Je suis contente pour Charles, mais je suis triste pour toi, Max...

Il resserre son étreinte avant d'embrasser mon front. Sa voix se fait plus profonde:

- Tu as assez souffert, il a assez souffert. Savourez cette victoire. Cette soirée, c'est la vôtre.

Max a raison. J'ai assez souffert. Les premiers mois de l'année ont été éprouvants. Il y a eu les messages assassins, les menaces, le harcèlement en ligne, les journalistes planqués en bas de notre immeuble, les critiques, les remarques acerbes, les regards froids, ... j'ai tout affronté aux côtés de Max et des mes frères. J'ai réussi à garder la tête haute. Et puis un jour, sans que je sache vraiment pourquoi, les choses se sont calmées. Le monde a compris que cette fois je n'abandonnerai pas et il s'est lassé. Aujourd'hui, je peux dire sans hésiter que je suis heureuse et que toute cette souffrance valait le coup.

- Si ce n'est pas moi qui gagne, alors je suis plutôt content que ça soit ton frère qui le fasse.

- C'est pour papa.

- Et pour Jules.

Je hoche de la tête. Max prend mon visage dans ses mains pour appuyer son front contre le mien. Je ferme mes paupières un instant, histoire de savourer le moment. Il en profite pour embrasser mes lèvres une première fois. Je sens son sourire contre mes lèvres. Il recommence en y mettant un peu plus d'intensité. Max se recule légèrement pour chuchoter:

- Vivement les vacances.

- Encore deux courses.

- Et ensuite, les Seychelles.

Ce que je ne sais pas encore à ce moment-là, c'est que les vacances aux Seychelles seront parfaites. Une vraie escapade d'amoureux sur une plage de sable blanc, des cocktails chargés, des couchés de soleil époustouflants et des nuits enflammées.

J'ignore aussi ce que Max cache dans sa chambre depuis des semaines. Une bague sertie d'un rubis rouge sang que je porterai à la main gauche avec fierté jusqu'au jour de notre mariage. Arthur et Charles seront nos témoins, Anna et Sasha les demoiselles d'honneur. Pascale et Enzo ne seront pas invités. Tant pis pour eux. Ma famille, je l'ai construite seule et elle me plaît.

Je ne sais pas non plus que Max et moi, nous deviendrons parents de deux garçons adorables et que nous finirons notre vie ensemble. Qui aurait pu le savoir? Qui aurait pu le croire? Personne. Sauf peut-être les étoiles.

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Et voilà! C'est terminé!

J'ai beaucoup aimé cette histoire... elle me tient à cœur, alors j'espère qu'elle vous a plu tout autant qu'à moi.

Merci mille fois pour tous les votes et les mots! C'est ce que je préfère, échanger avec vous ❤️

Je vous retrouve bientôt (dans quelques semaines) pour une nouvelle aventure. J'ai des idées, mais je ne suis pas encore sûre de la direction à prendre. Tout ce que je peux vous dire, c'est que Max sera le méchant 😏 Vous avez des idées? des envies? Inspirez-moi 😂

Belle journée à vous! À tout bientôt!

bad girls do it well // Max VerstappenOù les histoires vivent. Découvrez maintenant