5. nobody's son, nobody's daughter

4.1K 149 39
                                    

Chloé Leclerc - 6 mars 2023

Mes yeux me brulent affreusement. J'aurais dû me démaquiller avant de m'effondrer dans mon lit. J'étais tellement fatiguée quand je suis rentrée hier soir. Fatiguée de cette vie que je mène depuis trop longtemps. J'ai exprimé tout mon désarroi à Max Verstappen. Je ne sais même pas pourquoi. Couchée dans mon lit, je suis assaillie par la gêne et les regrets. Oui, j'aurais dû me démaquiller et me contenter d'un verre de limonade hier soir. Je grimace en repensant au poignant monologue que j'ai récité à un type que je connais à peine. Il a dû me prendre pour une folle. Et pourtant, j'ai beau regretté, je me sens un peu mieux ce matin. C'est comme si un poids avait quitté mes épaules. J'ai mis des mots sur ma souffrance pour la première fois. Même la psychiatre n'avait pas eu autant de succès avec moi. Je suis forcée d'admettre que je me sens quelque peu libérée.

Encouragée par tant de positivisme, je file sous la douche. Trente minutes plus tard, je me pointe au rendez-vous fixé avec Charles. Nous avons prévu de prendre le petit-déjeuner ensemble avant de partir pour l'aéroport. Mon frère est déjà attablé quand j'arrive. Il me sourit tendrement. Je crois qu'il est soulagé d'être rentré avec moi. Hier soir, je me suis plus ou moins bien comportée et ça le rassure. Je m'assieds face à lui. Il ne tarde pas à m'annoncer:

- J'ai commandé des pancakes.

- Je croyais que ton nutritionniste te l'interdisait.

- Tu vois un nutritionniste ici, toi?

Je souris. Charles n'enfreint que trop rarement les règles. Ces pancakes s'apparente à un rameau d'olivier. Il y a quelque chose de nouveau dans l'air. Mon frère est de bonne humeur. Autant en profiter.

- Tu as bien dormi?

- Oui, mais pas assez.

Nous nous contentons de banalités jusqu'à ce que le serveur dépose devant nous une belle assiette de pancakes recouverts de baies des bois et de sirop d'érable.

- J'ai tellement faim!

Charles se jette sur la nourriture. Je le regarde en ricanant. On dirait qu'il n'a pas mangé depuis des jours. Je me sers d'une crêpe, mais commence par picorer les petits fruits. C'est vraiment délicieux. Un soupir de soulagement m'échappe:

- C'est tellement bon...

- C'est l'avantage de loger la moitié de l'année à l'hôtel. Les petits-déj' sont incomparables!

Je hoche la tête en enfournant un morceau de pancake dans ma bouche. Charles m'imite. Contre toute attente, mon frère décide d'aboder un sujet plutôt sensible. Son ton est à nouveau sérieux quand il m'interpelle:

- Est-ce que Max t'a embêtée hier soir?

Je lève mon regard inquiet sur Charles. C'est ça qu'il croit. Il s'imagine que Max m'a importunée et que j'ai voulu rentrer à cause de lui. C'est vrai que j'étais énervée quand mon frère nous a trouvé seuls sur le balcon de la boîte de nuit. Mais ce n'est pas au champion du monde que j'en veux. Je dissipe le malentendu:

- Pas du tout. C'est plutôt moi qui l'ai saoulé.

- Comment ça?

- Je lui ai raconté ma vie... je ne sais même pas pourquoi. J'avais un coup dans le nez et besoin de parler à quelqu'un.

- Tu sais que tu peux venir vers moi dans ces moments-là...

bad girls do it well // Max VerstappenOù les histoires vivent. Découvrez maintenant