37. I'm tired of feeling like I'm fucking crazy

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Chloé Leclerc - 16 septembre 2023

Les ongles de mes mains manucurées sèchent sous le soleil de plomb de Singapour. Ce n'est pas la chaleur qui m'assomme, mais l'humidité. Je suis étendue sur un transat, à l'ombre d'un grand parasol. Il doit être quinze ou seize heures. J'ai perdu la notion du temps en dévorant un roman à l'eau de rose, puis en faisant mes ongles. L'eau de la piscine de l'hôtel où les membres de Ferrari sont logés m'appelle. J'y plonge gracieusement, en ignorant les regards des pervers américains qui sont échoués sur leur chaises longues. Max ne me quitte jamais vraiment. C'est à lui que je pense en faisant quelques longueurs. J'aurais aimé qu'il soit là pour voir le minuscule bikini que je porte.

Une fois la baignade terminée, je m'enroule dans une serviette aussi épaisse que douce. Cette vie de détente et d'oisiveté me convient parfaitement. Je m'allonge sur mon transat pour bronzer un peu plus encore. À peine suis-je installée que mon téléphone se met à vibrer. Je le ramène devant mon nez en maugréant.

Des centaines de notifications se succèdent sur l'écran. Instagram, TikTok et Twitter sont en ébullition. Je sais très exactement ce que cette effervescence signifie. Un scandale a éclaté. Mes mains tremblent, alors que le reste de mon corps se fige. Sans même savoir de quoi on m'accuse, j'imagine déjà les commentaires qui s'empilent sous les photos de mon profil et les messages non lus qui s'entassent dans ma boîte. Je ne survivrai pas à un nouvel éclat. Je rassemble mes affaires à la hâte pour regagner ma chambre.

Ce n'est qu'assise sur le canapé de la suite que je partage avec Charles que je trouve le courage de lire ce qu'on dit de moi. Un article a été publié aujourd'hui. Un vrai article. Dans un vrai journal. Le Daily Mail, le numéro un des colporteurs de ragots. J'apparais en une aux côtés de Max. Il me donne la main devant l'entrée d'un restaurant. Nos visages sont flous, mais reconnaissables. Le cliché remonte à la soirée que nous avions passée tous ensemble, avec mes frères et son père, il y a environ un mois. Le titre est accrocheur: « Max Verstappen and Chloe Leclerc, the toxic love affair we did not see coming». Je réussis à me procurer l'article complet en fouillant Twitter. Hors de question que je paie pour lire ce torchon.

Plusieurs pages nous sont consacrées. Toute la chronologie de notre liaison est détaillée: de notre rencontre au début de l'année à notre idylle plus ou moins respectable de ces dernières semaines. L'article regorge de détails: les rencontres dans la chambre 712 de l'Hermitage, les rapides écarts avec Pierre, Carlos et Adrien, la bénédiction de mes frères, la colère de Kelly, ... le journaliste, je ne trouve pas son nom, a été renseigné par une personne de notre entourage. Il n'est pas difficile de comprendre qu'il s'agit de l'ex de Max. Cette garce ne pouvait pas s'en empêcher.

Il y a aussi plusieurs photos qui accompagnent l'article. Les premières sont une série de nos arrivées séparées à l'hôtel de l'Hermitage. On me voit aussi parler à Max dans une boîte de nuit, le soir où je suis rentrée à Paris avec Adrien à mon bras. La plus accablante, c'est celle qui me montre la tête au-dessus de ses hanches pendant qu'il conduit. Je me souviens parfaitement de cette journée. J'avais proposé de lui tailler une pipe pour qu'on ne se fasse pas repérer. Force est de constater que j'aurais dû m'en passer.

Je balance mon téléphone à côté de moi. Je n'ai pas le courage d'aller voir ce qu'on dit de moi. Je sais déjà qu'on me réserve un traitement infâme. Sauf que cette fois je ne suis pas la seule à être visée. Max aussi est dans la tourmente. Il ne cesse de dire qu'il est insensible aux critiques, mais sa carapace sera-t-elle assez solide pour le protéger de ces attaques? J'en doute. Il va être traîné dans la boue avec moi. C'est un enfer. Il faut que je lui parle. J'ai besoin de lui.

J'essaie de l'appeler plusieurs fois, mais Max ne répond pas. Ce n'est pas étonnant. Il se prépare sûrement pour les qualifications et je doute qu'on lui permette de consulter son téléphone. Putain. Je cherche à joindre Charles. Aucune réponse. J'enchaîne avec Lando. Toujours rien. Puis, alors que je m'apprête à abandonner, je me souviens de Mia, la jeune femme qui s'était montrée adorable quand mon corps avait été donné en pâture. Elle est presque toujours aux côtés de mon frère durant les week-ends de Grand Prix. Avec de la chance, elle répondra. Je l'appelle en priant. Sa voix me parvient:

bad girls do it well // Max VerstappenOù les histoires vivent. Découvrez maintenant